Si le mari enfantait

Je ne sais pas si vous êtes d’accord quand je me dis que le mari est la première personne qui a vraiment peur quand sa femme enfante ou bien pendant le temps de l’accouchement. Mon expérience est peut-être très particulière. Oui, je me rappelle bien de mon papa qui attendait la naissance de mon frère cadet, il y a de nombreuses années. Je crois qu’il y a tant d’hommes à travers le monde qui vivent cette vocation et bien entendu sont en train d’atteindre la naissance de leurs enfants dans les dispensaires, les hôpitaux, etc.
Je voudrais mettre l’accent sur cette expérience banale que l’on ne compte pas comme quelque chose de particulier, en considérant que le rôle d’une mère pour faire naître est tout à fait irremplaçable et qu’on ne peut pas le mettre sur le même plan que celui d’un père. Je voudrais y mettre l’accent car bien que son rôle ne soit pas semblable à celui de la mère, il n’en est pas pour autant sans aucune valeur. La personnalité fait partie de notre existence.
Les mots « faire naître » s’appliquent aux femmes qui accouchent. En accouchant, la femme devient ou affirme son rôle maternel. Où se trouve-t-il, le rôle du père dans le sens de ces mots ? Il est important de demander à notre père ce qu’il a fait, vécu pendant le temps de l’accouchement, l’inquiétude ou la peur du risque pour sa femme avant l’accouchement. Tout cela uni à son envie ou désir de voir la vie nouvelle – et je crois que cela arrive à de nombreux pères. Ce bonheur a fait que mon père reste éveillé chaque nuit quand ma mère entrait dans le neuvième mois de sa grossesse, quand elle commençait à souffrir et finalement enfantait avec succès. Son éveil manifestait qu’il souhaitait notre vie, notre existence. C’est un accueil. Donc j’ai compris qu’il ne suffit pas de naître de notre mère, mais aussi de notre père, de son amour et son souhait envers notre existence. L’amour entre notre père et notre mère, c’est cela qui nous fait exister. Le récit de la tempête apaisée dans l’évangile de St. Marc m’a renvoyé à cette expérience. (Mc 4 :35-41)
Quand les disciples traversaient le lac de Tibériade, tout à coup la tempête arriva et leur barque fut ballottée au gré des flots tandis que Jésus restait endormi. Ils le réveillèrent en disant : Maître, est-ce que tu veux que nous mourions ? Il se réveilla et apaisa la tempête.
Le souvenir de mon père m’a aidé à comprendre le message du récit, c’est que Dieu reste toujours éveillé bien qu’il semble dormir et ne rien faire. Comme notre père qui reste éveillé en attendant la naissance de son enfant ou comme notre mère qui reste éveillée les premiers jours après notre naissance, ainsi Dieu nous rappelle dans son cœur ; nous protège, nous préserve du mal. Jésus a raison en disant qu’aucun de nos cheveux ne tombe sans que son père aux cieux ne le sache. Cela est resté clair dans mon souvenir aussi, il y a deux ans, quand j’ai veillé mon confrère au moment de sa mort. J’ai eu peur qu’il ne meure pendant que j’étais là, à ses côtés. Cela m’a fait comprendre que le Seigneur ne cesse de veiller sur nous depuis notre naissance jusqu’à notre mort. Il est toujours là à nos côtés pour que nous passions bien cette belle vie. Je crois qu’il est plus fidèle que moi, qu’il veille plus que moi de sorte que mon confrère ait été déjà guéri.
Dieu endormi est un Dieu oublieux…, mais ce que je veux dire c’est qu’il ne nous oublie jamais. La seule chose qu’il oublie c’est que nous oublions toujours de compter sur lui.


ronald tardelly,sx

Yaoundé-Cameroun

Forest Gump,
Si Dieu était stupide


Pendant les plus de trois heures de voyage à parcourir la longue route qui traverse les forêts du Cameroun, l’histoire de Forest Gump m’est revenue. Il est probable que les forêts vertes à perte de vue ont fait venir à ma mémoire le film de Robert Zemeckin, qui se manifeste comme ma propre histoire.
Dans la Corola à 120 km/heure, le cri de Jenny Couran à Forest, un garçon paralysé, s’est reflété : « run forest, run…, cours forest, cours… » C’est ainsi que la petite Jenny cria dès qu’elle vit deux méchants garçons qui essayaient d’agresser Forest en le poursuivant à vélo.
Quel miracle ! Sa guérison commençait. Les outils collés à ses jambes paralysées se détachèrent quand il essayait de courir le plus vite possible pour échapper à ses agresseurs. Un cri plein de souci et en plus plein d’amour qui l’a guéri. Forest Gump nous renvoie à notre vie. La maladie, l’échec ou le résultat optimal, la calamité, le malheur, la perte des personnes aimées, nous placent dans une situation limite, une situation où nous nous sentons comme si nous étions les plus stupides et les plus nuls au monde. Aller à la discothèque, consommer de la drogue, ce sont nos refuges, les lieux où nous pouvons nous éloigner de toutes nos limitations étouffantes. C’est vrai que la limite nous dérange d’autant plus qu’elle pourrait nous consoler. Pourtant, à son extrémité, au bout, le miracle nous attend. Forest a eu raison de dire que « n'est stupide que la stupidité » ; la stupidité est comme celui qui la fait : stupid is as stupid does. C’est ainsi que nous sommes si nous affrontons nos limitations de manière stupide.
« Cours Forest… ! », ce cri là semble résumer notre aventure. Pensez à vos professeurs qui vous ont rendus capables de lire et de compter, à vos mères qui pour la première fois vous ont aidés à vous mettre debout et marcher. La limite deviendrait un miracle parce qu’il y a ceux qui nous aiment, nous poussent à ne pas nous arrêter ou pleurer sur nos limitations.
A partir de son expérience de limitation, St. Paul nous convainc : dans nos faiblesses, la grâce de Dieu descend sur nous en abondance. Chaque fois que je suis faible, c’est alors que je suis fort. Ça serait possible, le miracle à partir de la limitation, si l’on permettait humblement à Dieu d’accomplir ce que l’on ne peut pas achever, si on lui confiait ce qu’on n’a pas encore terminé. De cette manière, la limitation deviendra un nouveau terrain d’exploitation pour produire des fruits en abondance. De même dans l’expérience de péché, plus nous avons péché, d’autant plus il nous pardonne, si nous croyons et lui confions notre vie. St Jean Marie Vianney a écrit cette belle phrase que j’aime beaucoup : Dieu nous aime tellement qu’il oublie que nous pourrions pécher de nouveau. C’est cela la stupidité du Seigneur qui nous est devenue la grâce et le miracle.


Trouverait-on la raison à croire en Dieu ?

Hercules, un avion de l’armée Indonésienne transportant plus de 84 voyageurs s’est écrasé au milieu d’une rizière à Java-Ouest. A l’autre bout du monde, peu de temps après, Air France 455 a disparu et on a pleuré pour cela. Tout cela marque une partie sombre qui fait partie de notre vie quotidienne. Malgré toutes les inventions scientifiques et technologiques – et qui ont fait de l’avion le moyen de transport le plus sûr, sur le plan de la vitesse, de la sécurité- le vague reste là, inattendu et imprévu. Et puis, on est triste, on pleure saisi par la peur jusqu’à ce qu’on se pose cette question : Pourquoi Dieu veut-il nos souffrances et pourquoi cela se passe à travers les événements tristes et blessants comme celui d’Air France ? Faudrait-il que nous mourions de la même manière ?
S’Il veut la souffrance et la mort des innocents, être un homme bon ne sert à rien ? Est-il encore raisonnable de croire en lui qui ne peut rien faire pour nous préserver de la souffrance ? Tobie, le personnage de cette semaine, nous accompagne dans la compréhension de la complexité de ce problème. Il fut un homme fidèle et obéissant, et donc Dieu le bénit.
Un jour, de la fiente d’hirondelle tomba sur ses yeux et il devint aveugle. Tandis qu’ailleurs une femme, appelée Sara, était frappée par la mort de ses 7 maris. Chacun à tour de rôle mourait avant de lui faire l’amour. Chaque jour alors devint pour elle un jour de Deuil. « Aucune bébé ne naitra jamais de ton ventre, toi qui a tué tes maris », ainsi sa servante s’adressait-elle à elle.
La vie de Tobie, enfin ne justifie jamais la conviction que Dieu souhaite notre souffrance et notre mort, ni jamais qu’il intervient dans les faits de la nature dans le sens qu’il dérange son autonomie –qui agit selon sa propre loi – pour nous faire du mal. Il ne peut pas non plus être responsable de nos fautes et de nos erreurs qui causent la mort ou bien l’accident de nos prochains. Ce qui est sûr, c’est qu’il continue à explorer et à faire sortir le bien de tous ces tristes événements, comme un mineur fait sortir de l’or, une pierre précieuse, de la terre sale.
Lui, Tobie, est un modèle idéal pour nous apprendre à être plus réalistes et sages « par ma souffrance qui pourrait être à cause de mes fautes, fais que je sois parfait ». Cette reconnaissance nous rappelle que notre faute et notre indécence pourraient déranger l’équilibre de l’écosystème humain.
Sara fit la même chose. Elle prolongea sa prière pour confier à Dieu sa souffrance et l’obscurité de sa vie qu’elle n’arrivait pas à comprendre.
La prière finalement comme un ‘réseau’ ou serveur qui nous lie à Dieu et aux autres. La réponse à la prière de Tobie, est la réponse à la prière de Sara. En revanche, la prière de sa part, donne la réponse pour celle de Tobie. Elle se maria avec le fils de Tobie et lui-même, Tobie, guérit. La vraie prière, donc, redresse l’écosystème de vie détruit par nos fautes. Où la prière se trouve-t-elle dans notre vie ?
Le récit de Tobie devient une bonne introduction pour nous imprégner du sens de la fête de la Sainte Trinité. Laissez tomber, alors, le discours compliqué de la théologie et de la philosophie et marchons vers la simplicité de notre foi en lui. Il ne s’agit pas seulement de sa personnalité et de son mystère. Néanmoins, il se rapporte à sa relation avec nous. Ce type de relation a été bien formulé par Jésus dans le dernier verset de l’évangile de Saint Mathieu, « Je suis avec vous jusqu’à la fin du temps (Mat. 28 :20). Dieu trinitaire est Dieu qui s’associe, s’allie et se présente pour nous accompagner. Le mot Abba, l’invention de Jésus la plus originale et la plus facile à prononcer, le manifeste. Pourtant, selon la tradition Juive, Dieu est tellement sacré que personne n’est digne de prononcer son nom. La croix, d’après moi, est la preuve qu’il est toujours à nos côtés, qu’il souffre avec nous. Son esprit saint n’est rien d’autre que l’amour entre lui et son père qui nous guérit et nous rend matures. Il ne nous a jamais abandonnés. Il est toujours là. Sentons sa présence par notre propre cœur. Restons fidèles à prier et accompagner ceux qui souffrent et portent le deuil. Enfin, la trinité, c’est à nous, il s’agit de vous et moi.
tardelly,sx
Yaoundé-Cameroun

Touchez-moi


Touchez-moi
J’avais l’habitude de me couvrir le corps dès que j’entendais des bruits bizarres autour de ma maison : le chien qui aboyait si longtemps, le cri du corbeau au loin. On ne sait pas ce qui arriverait dans la vie s’il n’y avait pas ce genre de contes, les fantômes, Nyi Blorong (une sorte de déesse javanaise), Gendruwo (créature voulue)habitant les frondaisons et importunant les humains) ou les sorcières. Ne sont-ils que des mythes légués par nos parents pour pouvoir éduquer les enfants ou sont-ils vraiment des témoignages sur l’existence de ces êtres supranaturels ? Des villages comme le mien aux grandes villes comme Rome, Paris encore plus, aux pays très lointains comme ici en Afrique, les contes sont de plus en plus variés. Les Diables et le Parisien, ainsi un écrivain français explique-t-il la naissance de cette ville séculaire, qui serait née des coups des diables. Je ne voudrais pas disputer sur l’existence ou l’absence des fantômes, mais laissez-moi donner l’hypothèse suivante : en croyant à leur existence, au moins on croit qu’il y a une vie après la mort.
Mon père est mort quand j’avais 11 ans. J’ai participé à son enterrement, j’ai vu comment son corps était enseveli et il est ensuite devenu un autre que je n’avais jamais connu. Il vit encore surtout dans mon souvenir de fils. A partir de cela, je peux comprendre pourquoi les disciples eurent peur de Jésus en pensant qu’il était un fantôme quand il leur apparut (Luc.24 :35-38). Ils eurent peur parce qu’ils avaient cru qu’il était vraiment mort et en plus certain parmi eux avaient vu comment il avait été enseveli. J’aurais eu la même expérience, si j’avais revu mon père à l’enterrement duquel j’avais assisté, j’aurais eu peur.
Si l’on fait attention à tous les récits de la résurrection, on trouvera cette constante, que Jésus n’avait pas été reconnu par ses disciples et ce ne fut qu’en répétant les paroles familières et connues qu’il se fit reconnaître d’eux. De la part des disciples, ce n’était qu’en ouvrant leur cœur et leur foi qu’ils pouvaient le reconnaître. Le récit sur les deux disciples d’Emaus nous le rappelle. C’est normal que Jésus n’ait pas été reconnu, parce qu’il était déjà devenu un nouvel être et une entité si différente de celui que les disciples connaissaient. L’accès à cette reconnaissance aurait été impossible s’il n’avait pas pris l’initiative de les rejoindre et s’ils n’avaient pas eu foi en lui. Bien sûr on constate que cette expérience appartient exclusivement aux disciples.
Saint Luc l’évangéliste ne rapportait pas un récit produit par l’imagination ou bien par l’hallucination des disciples, mais un récit réel sur Jésus Christ. « Voyez mes mains et mes pieds, c’est moi, touchez-moi ». Le fantôme n’a pas de chair. Plus tard dans sa prédication, Pierre dira souvent, « et nous sommes les témoins de tout cela. Il est impossible que nous ne proclamions pas ce que nous avons vu, touché et vécu ». Voila l’expérience personnelle des disciples qui devient le point de départ de la naissance de l’Eglise.
L’Eglise proclame le Christ ressuscité, premièrement à travers l’eucharistie et son œuvre d’amour. Lui le vivant est reconnu à travers la simple et fragile hostie si nous l’expérimentons dans la foi. De même qu’un chirurgien n’arrive pas à trouver l’âme de son patient bien qu’il puisse comprendre tout le système et la structure corporelle, c’est ainsi que dans l’eucharistie nous rencontrons Jésus le vivant sans le voir. Il est vivant en nous qui l’accueillons dans la foi et il nous faudra annoncer qu’il est vivant.
Les paroles de Jésus, touchez-moi, sont une invitation à transmettre la bonne nouvelle qu’il est vivant. Nos mains et nos pieds qui deviennent la prolongation des siens. Mère Thérèse de Calcutta, Anne Franck, sœur Emmanuelle, et tant d’autres témoins de la foi au long de l’histoire, ont consacré leur vie parce que Jésus est réel à jamais. Allons raconter au monde à travers nos vies que le Seigneur est aussi réel que celui d’autrefois surtout en glorifiant les faibles, les opprimés et les pauvres.


ronald,sx

Yaoundé



L’élégie de l’adieu
Francis James, un poète français, a écrit en Septembre 1898 ces dernières phrases de son poème sur l’adieu (Le Deuil des Primevères) :
Si tu le sais, amie, arrive et dis-le moi, dis moi, pourquoi,
Lorsque je suis souffrant, il semble que les arbres comme moi, soient malades
Est-ce qu’ils mourront aussi en même temps que moi ?
Est-ce que le ciel mourra ? Est-ce que tu mourras ?
Nous ne pouvons parler de l’adieu que dans un contexte d’amour. En dehors de cela, c’est mieux de parler d’une rupture amoureuse ou d’expulsion. D’après moi, dans le cas de l’adieu, ni nous ni ceux que nous aimons, ne le voulons et en même temps, personne ne peut l’empêcher. C’est là que l’on trouve la vertu de l’amour ; c’est d’avoir et se détacher, embrasser et relâcher. Celui qui va partir, dans tout son désir de rester avec ceux qu’il aime, doit y consentir. Il doit même consacrer son désir de leur demander de partir avec lui. Il en est de même pour ses amis. Dans tout leur désir de ne pas le voir partir, ils doivent le laisser. Et dans leur désir de partir avec lui, ils doivent décider de rester.
L’adieu est différent de partir un instant, parce qu’il n’y a plus de possibilité de revenir. Souvent même l’adieu a été une partie de la mort. Donc, on peut comprendre pourquoi les Français disent « adieu » et les Espagnols, « adios ».
Je peux imaginer les visages des disciples et celui de Jésus quand ils se rassemblèrent à l’ombre de la lampe. Leurs sentiment, imaginez-les aussi ! On peut trouver également la beauté de leur relation dans deux dialogues entre Jésus et Pierre. Le premier, quand celui-ci promettait de partir et mourir avec Jésus.
L’évangile de St. Jean chapitre 13, nous rappelle ce bel événement. Si vous lisez complètement ce chapitre, vous trouverez que ce récit est introduit par une action unique de Jésus, laver les pieds de ses disciples. Le récit se termine par la prédiction que Pierre le trahira trois fois. Ce récit me semble-il, anticipe ce que Pilate dira au moment où Jésus sera torturé et couronné d’épines : « voici l’homme ». Dans ce chapitre, on trouve l’humanité dans sa condition la plus faible représentée par les trahisons de Pierre et de Judas. On trouve aussi l’humanité la plus pure et la plus parfaite dans l’acte de Jésus qui lavait les pieds de ses disciples.
L’adieu se fait élégie lorsqu’on trouve que quelqu’un que l’on aime, en effet, souhaite notre départ ou même notre mort. Alors c’est pourquoi Francis James a écrit ces phrases pleines d’incertitude : « Est-ce qu’ils mourront aussi en même temps qui moi ? Est-ce que le ciel mourra ? » Toutes ces questions nous rappellent le dialogue entre Jésus et Pierre. Et maintenant elles nous sont adressées quand nous regardons l’autel vide à la fin de la messe du Jeudi Saint, et que nous prions en face du pain Eucharistique.
Parce qu’il savait que nous serions tentés de le laisser et de trahir, Il nous a donné l’eucharistie comme héritage afin que nous soyons fidèles, et puissions mourir avec lui : « faites cela en mémoire de moi », dit Jésus. L’héritage qu’il a donné n’est pas à garder, mais à mettre en pratique.
A travers la célébration du Jeudi Saint, l’église annonce son choix, son option d’être servante de la paix, du pardon et de la vie. Ce sont les grâces que nous demanderons quand nous nous serons à genoux devant le Saint Sacrement. Veillez pour mourir avec Lui.
tardelly,sx
yaoundé-cameroun



Le serpent et la miséricorde,

Au marché de Mokolo, j’ai vu un marchand de médicaments traditionnels qui mettait au milieu de ses bouteilles une partie du corps d’un serpent. La mauvaise odeur s’est très vite répandue. Malgré tout quelques clients continuaient à l’approcher et voulaient savoir la qualité de ce médicament. Le serpent est un des animaux mortels. Beaucoup parmi nous ou bien s’en éloignent ou bien le tuent. Cet animal a été tardivement mis au même niveau que le mal, le tentateur, le traitre, l’infidèle, le péché, dans la tradition monothéiste.

La lecture d’évangile qui nous accompagne pendant la quatrième semaine du carême, même si elle ne parle pas du serpent, rend présente une réalité différente du serpent. Même alors Jésus l’utilise comme une importante métaphore pour expliquer le mystère de la miséricorde de Dieu « de même que le serpent de bronze fut élevé par Moise dans le désert ainsi faut-il que le fils de l’homme soit élevé ». Si vous avez lu le récit de l’exode, vous vous rappelez que beaucoup d’Israélites sont morts piqués par les serpents après avoir perdu la foi en Dieu parce qu’ils ne pouvaient plus supporter le long exode dans le désert. Dieu les leur envoya parce qu’ils n’étaient pas fidèles. Il leur était devenu maudit. Cependant, dans ce récit, on trouve la fidélité du Seigneur qui entendit la demande de pardon des Israélites et demanda à Moise de ramasser un serpent pour qu’il soit pendu sur le bois. En voyant le serpent pendu en croix, ceux qui avaient été piqués guérissaient. Dieu manifesta sa miséricorde et redonna sa grâce au maudit.

Il est raisonnable qu’il soit élevé comme le serpent fut élevé dans le désert afin que tout homme qui croirait en lui obtienne par lui la vie éternelle. En disant cela, Jésus prévoyait sa mort. Il savait que ses actes lui faisaient courir le risque d’être persécuté, mis à mort comme l’homme le plus maudit. A l’époque des Romains, la croix était une punition pour les bandits et les criminels. Et pour les Israélites ceux qui mouraient pendus sur la croix étaient maudits.

En général, la damnation est une punition impardonnable. Rendre honneur à nos parents va nous éviter la damnation. Ceux qui se révoltent contre leurs parents ou les tuent, seront maudits. La damnation manifeste par elle-même l’assurance qu’il est impossible que tel grave péché soit pardonnée. Autrement dit, il ne tolère pas de pardon, il devrait être limité. C’est la règle de nos relations.

L’évangile de cette semaine met devant nous le beau mystère de la croix, c’est la miséricorde de Dieu. Dieu voudrait montrer que ce Jésus pendu sur la croix, celui qui est considéré comme maudit, est devenu une grâce abondante pour les hommes. Cette grâce-là ne pourra être ni annulée ni supprimée. Voici la miséricorde de Dieu, il est riche en miséricorde à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ (Ep 2:4-5). Grâce à sa mort sur la croix, Dieu a transformé ce que les Israélites considéraient comme une damnation en une grâce abondante pour ceux qui croyaient en Jésus.
Ce mystère de la miséricorde que nous devrions méditer pendant ce temps liturgique. Le même mystère qui devrait devenir le moteur pour célébrer le sacrement de la pénitence, en imitant la conscience de l’enfant prodigue (Luc 15), qui est rentré chez son père parce qu’il avait cru en sa miséricorde. Il n’y a aucune damnation sur la croix, mais la vie. Cela est la victoire du Christianisme, que nous allons célébrer pendant la veillée pascale. De même que Dieu nous a aimés jusqu’au bout, il faudra que nous puissions, par sa miséricorde, transformer l’hostilité et la guerre en paix.


R.F.Tardelly,SX


Cameroun


Une Chose Favorable à Toucher
« Le ciel est sous les pieds de la mère », c’est un message murmuré par les professeurs des écoles maternelles de notre pays, l’Indonésie. Ça ne signifie point que le ciel s’y trouve précisément et qu’il se déplace chaque fois qu’elle fait un pas, mais c’est plutôt une invitation à vénérer la femme qui nous a fait naitre. Cette sagesse veut aussi dire que le ciel est une réalité très proche de nous, invisible, mais que l’on sent à travers la relation avec sa mère.
« Le royaume de Dieu est proche, le temps est accompli. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle » (Marc 2 :15), disait Jésus pendant la première semaine du carême. La réalité du royaume est proche (en anglais, close at hand), c’est-à dire qu’on peut le sentir, le toucher car il est aussi proche que les pieds de la mère. Le main dans cette expression, close at hand, signifie une relation. Le ciel n’est pas seulement un bijou mais aussi un état dont la présence est permise par la relation. Une relation qui se donnerait si on choisissait d’y entrer. Se repentir et croire à la bonne nouvelle, c’est un choix. Bien qu’il soit proche, si on ne le choisissait pas, il nous semblerait très loin de nous.
Dans les années 90, une rumeur s’est répandue parmi les fideles catholiques du pays : l’apparition dans le ciel, au milieu d’un nuage, du visage du Christ et de celui de Satan. Je me rappelle qu’à l’époque, beaucoup de fideles ont eu peur et ont pensé que c’était peut-être un signe de la fin du monde, comme l’ont dit quelques pamphlets peu de temps après.
Le royaume se présent aussi proche de la réalité de la vérité que du mal. L’accès à ces deux réalités dépend de nos choix, de nos libertés. Bien sûr, le mal ne provient jamais de Dieu. La sagesse du récit de la Genèse, que l’on a relu pendant la dernière semaine du temps ordinaire, nous rappelle que Dieu vit que tout était bon et que l’homme fut créé comme la créature la plus singulière de toutes, justement grâce à sa liberté.
L’Eglise enseigne que Dieu a créé l’homme, lui a donné la liberté avant qu’il choisisse le bien. Il a aussi pris le risque qu’avec cette liberté, l’homme puisse se révolter contre lui. Donc, la possibilité du mal avait été conçue dans la liberté de l’homme. Adam et Ève ne sont pas des figures historiques qui ont vécu et sont devenues la cause de tous les maux des hommes comme on le dit souvent dans l’interprétation du péché originel, mais ils sont plutôt une figure métaphorique qui veut décrire que chacun et chacune de nous a conçu l’état et la possibilité de faire le mal à cause de la présence de notre liberté qui ensuite a permis aux autres de faire la même chose. En croyant à Jésus et grâce à notre baptême, nous sommes libérés du péché originel.
Vous pourriez vous demander pourquoi vous avez encore des péchés de telle sorte que vous devez les reconnaitre dans le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Grâce à la foi en Jésus Christ, le péché originel a été effacé. Pourtant, cela ne ferme pas la possibilité de pécher. Ce qui s’efface, c’es l’état d’incroyance. Cependant, l’effet de cet état précédent continue à exister. Autrement dit, ce qui reste, c’est plutôt une tendance irrégulière qui pourra nous faire pécher de nouveau. On appelle cette tendance, concupitentia. Donc, même si l’on a cru, le risque de pécher de nouveau demeure. La rémission du péché que nous avons reçue n’évacue pas cette possibilité, mais nous purifie pour nous rendre de plus en plus parfait.
Le repentir, donc, est très important parce que nous sommes invités à nous purifier. Le carême est un chemin de purification vers la Pâque, sa destination finale. Notre modèle et notre ami, c’est Jésus et sa croix. La proposition de renoncer à soi-même et de jeûner devrait être inscrite dans ce cadre. Jésus est notre modèle et exemple.
L’abstinence et le jeûne aident à se préparer pour affronter l’habitude qui nous permet de pécher. Par exemple, en diminuant l’habitude de consommer un paquet de cigarettes par jour, ça pourrait être important de pouvoir nous rendre compte de notre besoin et à la fois que nous ne devons pas céder à ce besoin, et voir quelle valeur est la plus importante et doit recevoir la priorité. Cela nous en rend indépendant. On se met à dominer son besoin, au contraire de ce qui se manifeste dans les intérêts du marché économique mondial à travers la publicité. L’abstinence et le jeûne nous aident à donner plus de temps au Seigneur et à notre prochain qu’à nos besoins. Le temps et l’argent que nous utilisons souvent pour assouvir nos besoins, nous pouvons maintenant les utiliser pour augmenter la qualité de notre relation surtout pour ceux qui sont dans le besoin.
Vous pouvez choisir l’abstinence et le jeune qui vous conviennent. Même s’ils sont simples, l’important c’est qu’on peut être entraîné à choisir les besoins dont les valeurs nous apparaissent bonnes mais sont en fait mauvaises. Et comme le cancer, peu à peu ils nous détruisent. La prière est un moyen important pour s’orienter vers les valeurs absolues. Il est nécessaire de demander son aide parce que notre aventure et notre voyage pendant ce temps liturgique sont longs et difficiles. Enfin, le carême me semble être comme le mouvement d’un oiseau qui se relève et se rehausse, un mouvement d’imperfection et de purification.


Les lucioles et le bijou du pardon

Il est facile de trouver dans notre cour au Cameroun des lucioles brillantes, davantage encore quand le courant est parti. J’ai attrapé deux ou trois lucioles et les ai laissé briller sur ma main.
Les lucioles, l’un des animaux les plus petits et faibles et pourtant leur rôle est important. Pour les paysans à la campagne où il n’y a pas encore d’électricité, la lumière des lucioles facilite la marche le soir.
J’ai pensé à ces simples animaux quand j’ai réfléchi au récit de la guérison d’un homme paralytique (Marc 2 :1-12). Couché sur un grabat, il fut soulevé par quatre hommes et transporté vers la maison où Jésus annonçait la parole. Je voudrais vous renvoyer à la réflexion précédente sur Atillo dans laquelle j’avais souligné que la foi de nos prochains rend la guérison possible. Maintenant, néanmoins la clé du récit se trouve dans cet important débat : « qu’est-ce qui est le plus facile, de dire au paralytique tes péchés sont remis, ou de dire : lève- toi, prends ton grabat et marche ? (Marc 2 :9). C’est le plaidoyer de Jésus devant les scribes qui le jugèrent et l’accusèrent de blasphémer quand il dit au paralytique : mon enfant, tes péchés sont remis (v.5), après avoir vu sa foi et celle de ses quatre amis.
Il leur était difficile de répondre à cette question que Jésus posait. S’ils disaient que le premier était plus facile, justement ils feraient ce dont ils accusaient Jésus. La forme passive de sa parole, tes péchés sont remis, correspond à Dieu, celui seul qui a le droit et le pouvoir de le faire. S’ils disaient que le second était plus facile, cela supposait qu’ils devaient le prouver. Du point de vue de la démonstration le second est plus difficile. Il est plus facile de dire le premier, les mots qui consolent et tranquillisent pour un moment, que les mots qui guérissent. A travers cette dispute, nous allons regarder comme est beau le chemin du pardon.
Il est normal qu’après avoir eu un conflit sérieux, nous souhaitions que notre rival vienne nous rencontrer afin de se réconcilier. C’est l’éthique sociale de la relation humaine que nous pouvons trouver partout presque dans toutes les cultures. Nous ne pourrons que lui pardonner s’il vient chez nous, mais ça n’est pas facile à réaliser, encore moins quand on pense être dans le vrai. Bien sûr alors la réconciliation n’arrive jamais.
Par contre, le conflit se développe, devient une guerre froide : on ne se parle pas pendant un jour, deux jours, trois jours, et ainsi de suite. Très souvent nous confions au Seigneur ce cas de pardon, nous lui demandons de pardonner à notre ennemi, tandis que nous continuons de nous taire. Il n’y a pas qu’à Gaza que se déroule la guerre, mais aussi chez nous, dans nos maisons, nos lieux de travail.
Vraiment, il est plus facile de demander cela que d’avouer honnêtement que nous aussi avons fait des erreurs et sommes responsables de ce conflit, et puis de chercher notre ennemi pour nous réconcilier. Tes péchés sont remis, nous indique que le Seigneur, qui est le plus juste, pardonne. Il est la source du pardon. Jésus a prononcé cette phrase tabou parce qu’il avait vu la foi du paralytique et de ses amis.
Jésus a transgressé et dépassé ce tabou non seulement en le disant, mais aussi en montrant qu’il pouvait pardonner par le pouvoir reçu du Père. En guérissant le paralytique il l’a prouvé. Jésus donc a détruit le tabou religieux des Juifs, qui est aussi le nôtre, de laisser Dieu pardonner, autrement dit, l’action de pardonner n’appartient qu’à lui. En disant tes péchés sont remis, Jésus veut constater le contraire et dire que l’action de pardonner n’est pas une chose vide de sens, intouchable ou qui ne reste que dans nos têtes, nos convictions intellectuelles. En effet, il est réel car lui-même l’a transmis et affirmé face au paralytique. Il est le médiateur entre nous et Dieu.
Donc, par ses actions nous savons que le pardon est un don de Dieu qu’il faut recevoir et transmettre aux autres. Comment demandons-nous au Seigneur de pardonner à notre prochain si nous ne sommes pas le premier à pardonner et à prendre l’initiative de la réconciliation ? Le pardon est très concret comme Jésus l’a fait pour le paralytique, aussi concret que ce que les scribes voyaient : le paralytique qui se mettait debout, et marchait. Dans ce sens-là, on trouve une belle relation entre les paroles de pardon et la guérison du paralytique.
Parce que cette guérison est vraiment concrète, notre cœur n’est véritablement pas aussi paisible qu’avant si nous n’avons pas encore pardonné ; nos yeux ne voient pas aussi loin et clairement qu’avant parce que nous nous taisons et ne saluons pas nos amis. Le pardon est la grâce la plus belle. Grâce à elle nos vies ressemblent à un bijou étincelant, magnifique après avoir été purifié. Le pardon purifie nos vies. Que cette beauté devienne une lumière dans un monde obscur dans lequel le pardon est trop difficile à vivre. Soyez des lucioles et des bijoux pour les autres.

Tardelly,sx


L’amour d’un homme sourd muet
Anggun C Sasmi, dans un entretien sur Radio France Internationale, partageait son aventure. Elle répondait bien à toutes les questions, dans un français parfait, le français des Parisiens. L’une de ses réponses m’a impressionné, c’était sa réponse à cette question : comment exprime-t-on : « je t’aime » en Indonésie. Bien sûr elle a dit ; aku cinta padamu. Mais pour elle, le français était trop parfait et profond pour exprimer l’état d’amour tandis que Aku cinta padamu, était presque nul pour l’exprimer. Ça m’a surpris. Anggun, elle a soit raison, soit tort.
Pour moi, aku cinta padamu, reste irremplaçable, qu’importe si on dit que le français est la langue la plus romantique au monde. Je ne sais pas si Anggun l’a cru. Même si les idées, les buts sont similaires, la nuance et la signification restent quand même tout à fait différents car, comme partie de la langue, ils représentent l’expérience subjective de chacun de ceux qui y sont nés et y ont grandi. La langue nous semble nous donner tout notre sang, toute notre nature, les émotions, la passion. Elle n’apporte donc pas seulement l’idée, mais presque tout d e notre subjectivité. Presque tout et pas tout parce qu’elle ne reste pas identique à nous. Bush a été oublié par tous les Américains. Ils ont su qu’il leur avait menti. Aku cinta padamu dans l’expérience, n’est pas seulement une assertion, une expression, la langue, mais aussi une action qui m’a fait être, qui m’a permis de mûrir et de grandir.
En cette fête de Saint Valentin, je me rappelle mon oncle né sourd-muet. Il s’est marié avec une femme impressionnante, tante. Ils ont 5 enfants. Je voudrais parler de cette famille simple mais heureuse ; de ma belle-sœur qui est tombée amoureuse de mon oncle, un homme sourd-muet. Chaque fois que je passais des vacances dans la famille de mon papa, je préférais m’installer chez eux. Je ne me suis jamais fatigué d’admirer comment l’amour est vraiment réel et vivant. J’ai toujours été surpris de voir leur fils cadet, âgé de 3 ans, communiquer et parler à son père en lui faisant des signes avec la main et des gestes de la tête. C’est la mère bien sûr qui l’avait appris à ses enfants. Elle ne se rappelait plus pourquoi elle avait pu tomber amoureuse de mon oncle. Ce qu’elle savait, c’était que sa vie était pleine de bonheur. Il est impossible de demander à mon oncle comment il pouvait exprimer je t’aime, aku cinta padamu à sa femme. Tous voient la réponse dans son mariage, sa famille, et comment il a vécu ce mariage avec responsabilité et tendresse. Il en est de même avec ma tante, elle a montré tout le langage de l’amour et les signes de tendresse dans son don de soi avec fidélité et patience.
Par eux, en cette fête de Saint Valentin, je suis très reconnaissant pour la vie du mariage. Le lien du mariage, comme ce que mon oncle et sa femme ont vécu, prolonge et assurer la continuité de l’amour. Sans ce lien, je t’aime, aku cinta padamu, c’est-à-dire l’amour, peut être sauvage, absurde et menteur. En plus, il va risquer d’être temporaire. Donc, le lien de mariage en tout cas, n’est pas identique au statut in relation, en relation, c’est-à-dire que quelqu'un est en train de s’engager dans un lien. Le lien, c’est très simple à expliquer. Il ressemble à une corde qui lie ma main et la tienne. La corde est une réalité qui nous réunit mais en même temps, elle est en-dehors de nous comme une réalité différente. L’amour d’un mari et sa femme dans le mariage est lié par un amour différent du leur, c’est-à-dire un amour plus grand qui se trouve en-dehors eux mais les unit. L’amour ne provient jamais de nous- mêmes, mais d’en dehors de nous, c'est-à-dire, de Dieu lui-même dont l’amour est infini. Sans ce lien plus grand, je sui sûr que ma tante aurait quitté mon oncle. On peut se demander, quel avantage si on est mariée avec un homme sourd-muet, un homme pauvre ; une femme grande, ainsi de suite avec beaucoup des catégories limitées auxquelles on a pensé.
Aujourd’hui on partage la salutation, on fête cette mémoire des amants en envoyant divers signes ou cartes dans différentes langues et expressions. L’amour, dont j’ai parlé, est vraiment complexe et subjectif, ainsi que le langage que l’on utilise pour l’exprimer. Pourtant, l’histoire d’amour de mon oncle m’a rappelé une réalité objective d’amour plus irréfutable, l’amour infini qui lie nos amours. Grâce à cet amour-là, St Valentin a donné sa vie et on continue à se souvenir de lui.

Ronald,sx
Yaoundé-Cameroun

La guerre et l’absurdité
J’ai choisi de jouer de la guitare et de chanter Imagine de John Lennon après avoir reçu un email provoquant en même temps à la guerre entre les Israélien et le Hamas. Il y avait des images des victimes palestiniens qui selon l’expéditeur de l’email, n’avaient pas été publiées par certains des principaux medias. L’email terminait en invitant les lecteurs à demander au Seigneur de détruire les Israéliens.
Cette guerre, que tout le monde regrette, a été vue noir sur blanc, comme ce que l’expéditeur du message a fait, le provocateur, pour ainsi dire. Il est trop naïf de voir ce conflit comme une guerre entre les musulmans et les israéliens à propos de ce qui est vrai ou faux. Bien sur, il n’est ni juste ni sage de prendre parti ni d’être hostile aux autres. D’ailleurs, il est très naïf de maudire ou de proposer au Seigneur la solution de ce conflit. C’est peut-être pour cela que John Lennon avait écrit ce couplet.
Imagine there's no heaven (Imagine qu’il n’y pas de cieux)It's easy if you try ( C’est facile d’essayer )No hell below us (apas enfer au-dessous de nous)Above us only sky (au-dessus de nous rien que le ciel)Imagine all the people (imagine tous les peuples)Living for today...(ne vivant que pour aujourd’hui )

Vous savez que l’armée israélienne ou même le gouvernement officiel n’ont jamais représenté toute la population israélienne. Le provocateur me semble oublier cette réalité.
Celui que l’on a appelé athée me semble opposer la même image de Dieu que celle de l’expéditeur du message : ou bien on peut dire que John Lennon a opposé les catégories suivantes, le paradis contre l’enfer, blanc et noir, que nous utilisons souvent pour comprendre la réalité. Le Seigneur dont le provocateur a voulu parler, et pour moi, c’est un mot trop élégant, trop beau pour cacher l’intérêt, le désir et la volonté d’avoir le pouvoir de dominer
Imagine there's no countries (Imagine qu’il n’y a pas de pays)
It isn't hard to do (Ce n’est pas difficile à faire)
Nothing to kill or die for (Rien à tuer ou pour quoi mourir)
And no religion too (Et aucune religion)Imagine all the people (Imagine tous les peuples)
Living life in pace (vivant dans la paix)

John avait imaginé une société sans système d’état, même sans religion. Le nationalisme et le puritanisme fanatique de la religion deviennent le masque cachant notre désir et intérêt. Si, donc, nous sommes toujours comme cela, nous ne ferons jamais disparaître cet ancien proverbe romain, si vis pacem para bellum, c'est-à-dire, si vous voulez faire la paix, faites la guerre d’abord. Donc ceux qui provoquent les autres ne sont pas meilleurs que les Israélien et le Hamas qui sont en train de lutter les uns contre les autres. Il vaut mieux qu’avec John Lennon, nous chantions cette chanson, que nous priions et partagions la paix que de nous laisser provoquer.
Imagine nous semble un gémissement de l’impossibilité de faire la paix, cela peut être une attitude absurde, une attitude de se soumettre à la situation (de guerre). En fait, à mon avis, cette chanson nous invite à retrousser nos manches, à nous soutenir les uns les autres pour construire la paix, n’importe où, que ce soit à l’école ou sur nos lieux de travail, et n’importe comment, le moins que nous puissions faire c’est d’envoyer des messages sur la paix.
John Lennon était athée, je ne sais pas dans quel contexte nous l’avons jugé ainsi. Je crois qu’il ne croyait pas au dieu des autorités, des soldats, du Hamas ou même celui du provocateur. Après avoir quitté the Beatles, son groupe musical, il vivait comme un activiste social au moment de la sortie de son album imagine. Il a vécu ce qu’il a chanté. Il a été tué par un admirateur en 1980. Donc, il est clair que sa vie n’est pas absurde, mais qu’elle est pleine de sens. Cette chanson là est devenue ensuite une chanson sur le thème de la paix. A vrai dire, celui dont la vie est absurde, c’est celui qui essaie de provoquer son prochain à se venger. On peut l’appeler un vrai athée. Sa vie est absurde parce qu’il n’affronte plus la situation de manière rationnelle, mais il aggrave la situation.
Mes amis de différentes nationalités et moi, nous avons chanté cette chanson dans une petite prière communautaire en apportant des roses pour toutes les victimes, particulièrement les Palestiniens qui sont en train de souffrir. J’espère que nous ne serons pas seuls à le faire même vous nous traitez de rêveurs.
You may say I'm a dreamer (Tu peux me traiter de rêveur)

But I'm not the only one (mais, je ne suis pas le seul)


I hope someday you'll join us ( j’espère qu’un jour tu seras avec nous)


And the world will be as one (et que le monde sera uni)


ronald,sx (yaoundé, cameroun 09)


LA SIMPLICITE DE DIEU
Ce qui m'a fait plaisir, l’année dernière, c’était de visiter le musée du Vatican. J’ai trouvé plusieurs images et portraits historiques, quelques chefs-d'œuvre du Christianisme. Ils m’ont beaucoup attiré, en particulier ceux qui se trouvent dans la Chapelle Sixtine. On peut y contempler le paysage biblique de Michel-Ange dans toutes les peintures sur le plafond et les murs intérieurs. J’ai réussi à filmer une image de Michel-Ange qui décrit comment les doigts de Dieu et Adam se touchent. Mais j'ai dû en payer le prix en m'attirant la colère des gardiens du musée !
Ce n’est pas seulement dans la Chapelle Sixtine, mais partout, que l'on peut trouver plusieurs images de Jésus, des saints et les événements bibliques. D’une façon générale, dans la tradition sémitique, il n’y a aucune image comme les nôtres. Le monothéisme total l’a refusé. Dieu est illimité, donc il est impossible de le décrire en image. C’est pourquoi, naturellement, ce sera difficile de trouver des images ou des portraits de Dieu dans une synagogue ou une mosquée. Je me rappelle quand j’étais en Indonésie, il y a 2 ans, les musulmans ont marché pour manifester leur colère à cause de la publication d'une caricature de leur prophète Mohammed, représenté comme un terroriste. C’est un événement très célèbre, qui a attiré l’attention internationale.
Le christianisme ne nie pas tout à fait cette vérité et ne veut pas dire que les images ou les portraits de Dieu sont comme une manifestation totale ou parfaite de la réalité de Dieu, bien qu’il y ait eu autrefois un certain culte autour d'eux. Nous avons de fortes et riches traditions de représentation du visage du Seigneur, des Saint et des évènements bibliques. Ils sont une expression de la foi, une manière d’interpréter et de méditer la bible. Ils nous ont aidés à vivre notre foi.
A ce sujet, saint Thomas d’Aquin nous a rappelé depuis longtemps que le Seigneur, en tout cas, est simple (dans Keith Ward, God :Guide for the Perplexed). Cela ne signifie pas que Dieu peut être compris facilement mas qu'il est indivisible, et notre langage limité ne peut pas le comprendre, puisque lui est illimité.
Ce que Thomas d'Aquin écrit, a mon avis, peut nous aider à comprendre le message de la fête du Baptême du Seigneur qui va clôturer le temps de Noël et en même temps commencer le temps ordinaire. Je pense que, la signification de la simplicité se trouve dans et par cet évènement.
Jésus vint de Nazareth de Galilée, et fit la queue avec les pécheurs pour être baptisé (Mat.1 :9-11). Saint Marc a mis ce passage comme une clé pour lire son Evangile, c’est-à-dire, pour savoir qui est Jésus. Et il descend dans l’eau. Ces deux scènes, Jésus faisant la queue et sa descente dans l’eau, expriment l’identité de Dieu, nous montrent qui est Dieu. Il nous a tellement aimés qu’il a fait la queue avec nous. C'est cela la simplicité, la solidarité de Dieu. Il descend et se laisse tremper par nos péchés, salir par nos fautes pour que nous soyons sauvés. Sa sortie de l’eau est la manifestation de la vie nouvelle que nous avons reçue par sa souffrance. Nous avons reçu aussi la même bénédiction que la sienne lors de notre baptême. « Tu es mon fis bien-aimé, tu as toute ma faveur », nous sommes pris en pitié ; nous ne sommes pas punis, lapidés et cætera.
La solidarité du Dieu qui s’est manifesté par ce passage n'est célébrée qu'après la fête d’Epiphanie, l’apparition du Seigneur. C’est tout à fait vrai justement parce que le baptême du Seigneur comme l’Epiphanie est une théophanie, l’apparition du visage de Seigneur parmi les hommes qui rêvent du salut. A mon avis, la simplicité de Dieu doit être comprise dans ce sens. Ce visage de Dieu qui se manifeste dans cet événement important. Il faut proclamer et promouvoir ce visage devant le monde et les hommes qui au nom de Dieu se tuent les uns les autres. Cette fête convient parfaitement comme moment de se battre pour la paix.

Ronald,sx

Hexos et une voix qui crie

Un étranger joue de malchance à sa sortie de l’avion. Son sac lui est soudain arraché par un voleur. Son visage devient pâle et il ne peut plus respirer. Pourtant, quel étonnement, il peut soudain crier : jaaaaaambreeeeeeeetttt (jambret, un mot indonésien, c'est-à-dire un voleur). C'est la description d’une publicité d’hexos, une sorte de bonbon qu’il avait mangé peu après la fuite du voleur. Grâce à hexos, il a pu crier tellement fort que la police a réussi à capturer le voleur.
Presque tous les matins quand je vais à l’école un garçon muet essaie pourtant de me saluer en criant pour si possible dire bonjour….
Le cri, c’est l’une des premières manifestations de notre existence depuis la naissance qui se manifeste dans la première larme du bébé. Cette larme n’a pas lieu à cause de la peur, la tristesse ou bien la maladie ; ce sont des sensations qu’on a apprises et expérimentées après la naissance. Comme une première expérience de l’existence, le cri exprime plus ou moins deux choses : la première, une rencontre avec la nouvelle réalité, le nouveau monde. La deuxième, il exprime qu’on existe, on vit.
En général, dans la vie quotidienne, nous avons appris que le cri est comme un acte à poser si nous pensons que le message que nous voulons transmettre ne sera pas entendu clairement, ou bien si nous voulons obliger à l'entendre. Alors, il ne montre pas seulement qu’on existe, mais aussi il veut montrer à tout le monde que nous sommes et que tous nos messages existent et qu'il faut les considérer et pas seulement les supporter.
L’évangile nous a présenté Jean-Baptiste comme un personnage important pendant les quatre semaines de l’Avent. Il est décrit comme une voix qui crie dans le désert pour que nous frayions le chemin de Yahvé. Il est aussi décrit comme un homme bizarre qui portait une peau de chameau et mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Une voix crie dans le désert …, est ce seulement bizarre, étrange ? Comment est-il possible que quelqu’un crie alors qu'il n'y a personne ? Je pense que, s’il y avait eu hexos à l’époque de Jean, ce n'est pas ce qui lui aurait permis de crier aussi fort qu'il l'a fait dans le désert. Je pense que la voix qui crie est une satire ou bien une question : est-ce que nous avons encore des oreilles pour écouter ; des cœurs disponibles pour la venue du Seigneur ?
Si vous vous souvenez du récit classique d’Adam et Eve, quand ils couraient pour se cacher après avoir entendu le pas du Seigneur et sa voix qui les avait appelés plusieurs fois. Le péché originel signifie que l’homme perd confiance en Dieu et que sa miséricorde est toujours disposée à nous pardonner. Cette confiance leur a manqué. Ils ont été chassés du jardin d’Eden justement à cause de cette perte ou cet égarement.
L’Avent est comme une invitation au repentir, c’est un appel à laisser le Seigneur nous aimer : le laisser sans le moindre doute remplir nos cœurs de son amour. La foi de l’Avent n’est pas une attente vide comme si le Seigneur n’était jamais venu, ou alors était venu et né plusieurs fois. Jésus, celui qui n'est né qu'une fois dans l’histoire de l’humanité il y a plus de 2000 ans, attend notre nouvelle naissance.
Enfin, l’Avent parle toujours de nous, un moment pour préparer notre nouvelle naissance. C’est pourquoi la pénitence nous a été proposée avant Noël. Je pense que cela soulagera bien plus que hexos.
En sanglotant, une femme Camerounaise racontait comment son fils avait été tué et comment elle avait beaucoup de difficultés à pardonner à l’auteur de cet assassinat. Dans mon expérience, de plus je suis pardonné, plus je sais que je me trompe et le concept de vrai ou faux ne suffit pas ici. Le pardon, donc, ne veut jamais obscurcir la limite entre le vrai et le faux, la justice et l’injustice, mais les éclaircir de plus en plus, les affirmer grâce à l’amour de Dieu qui nous a pardonnés avant que nous le fassions. Le Seigneur attend le cri de notre naissance. S’il y avait le cri des enfants tués par Hérode, alors les cris de votre naissance peuvent remplacer l’un de ces enfants et multiplier le nombre de ceux qui ont la bonne volonté de construire un monde de justice et de paix.

Par Ronald,sx


Je suis un homme simple
Une réflexion sur la fin du temps

Je
n'aurais jamais pensé que cette chanson, I am simple man (Je suis un homme simple), m’accompagnerait pour terminer 2008 ; il s'agit en effet de la musique d'un mélodrame sorti en 2007, Reign Over Me. On y rencontre Chalie Fineman, un homme solitaire qui se terre dans un immeuble en jouant à des jeux électroniques et en écoutant de la musique, et qui arpente les rues du quartier sur sa petite moto, les écouteurs toujours sur les oreilles. Ce comportement étrange lui est venu après qu'il a perdu sa famille, sa femme et ses trois enfants, morts dans les attentats terroristes du 9 septembre aux Etats Unis. Adam Sandler a joué ce rôle avec succès. Charlie essaie de se cacher de son passé et même de tout ce qui pourrait lui rappeler cette tragédie et le passé où il cherchait à construire le bonheur. Mais Charlie n’y arrive pas, et à vrai dire, ce film parle de nous.
Par chance, Alan Jhonson, (joué par l'acteur noir, Don Cheadle) - un dentiste ami de Charlie quand ils étaient au collège, le rencontre. Lui-même, bien qu'ayant vécu dans la suffisance, sent qu’il n’a pas encore connu le bonheur. Cette rencontre imprévue le rapproche de son ami, et il s'aperçoit que sauver Charlie de la destruction est un pas vers le bonheur qu'il veut connaître. De plus, il a voulu risquer sa profession en faveur de Charlie, pour qu’il puisse accepter son histoire et se réconcilier avec le passé.
Le message de la chanson du soundtrack suivant, m’a beaucoup frappé : I just want to hold you, I don’t want to hold you down, I can’t make it alone…Il semble nous annoncer les pleurs de Charlie qui a essayé d’affronter son passé, et aussi je pense que cette phrase exprime aussi la demande de beaucoup de gens d'être compris et accompagnés. La phrase nous explique encore : …je ne peux pas la subir moi-même…ça m’a intéressé parce qu'elle exprime que l’amitié et le cercle de relations sont très importants pour retrouver la conviction que nous sommes précieux, que nous sommes aimés et compris.
I can’t make it alone ; je ne peux pas le faire tout seul. Sans l’autre, sans quelqu’un qui affirme que nous sommes précieux, dignes d’être aimés, ce sera impossible de surmonter tout seuls nos problèmes. Nous ressentons la vie comme incomplète sans quelqu’un qui nous dit et nous montre que nous ne sommes pas seuls. Ce film, basé sur une histoire vraie, peut nous inspirer de réfléchir sur le temps et comment le vivre.
Accepter, comprendre, et remercier le passé, c’est un bon choix même s'il nous semble être tragique. Un divorce, une mort ou une autre sorte de disparition, peuvent devenir une tragédie pour nous. On doit les accepter parce qu’ils font partie de nos vies, ils vont compléter notre existence humaine. Un miroir qui se brise produit mille éclats par rapport à un miroir en bon état. On doit le comprendre car ainsi on va grandir, mûrir, être plus fort pour affronter des défis plus grands. On doit remercier le Seigneur parce qu’il ne nous a pas laissés seuls. Il y a un ancien proverbe qui peut nous inspirer : sol omnibus lucet, c'est-à-dire que le soleil brille pour tout le monde. Dieu, par nos amis, nos familles et toutes les personnes de bonne volonté comme la lumière qui nous illumine, nous aide à regarder nos vies qui continuent à briller, à être précieuses comme les morceaux de miroir brisés.
Si vous avez le temps de voir ce film, je vous propose de réfléchir au personnage d’Alan Jhonson. C'est un ami qui se sent concerné par son ami, qui essaie de chercher Charli et de le secourir, lui qui ‘disparu’. Enfin, ensemble, autour d'une Guiness, d'une Gordon Spark, d'un Coca-cola ou d'un Fanta, rendons grâce a Dieu pour le remercier de nous avoir donné de belles histoires, même si ce sont des tragédies. Et comme une bouteille de boisson que l'on secoue, que l'on ouvre et dont jaillit alors l’écume fraîche, j’espère que votre vie est prête à accueillir l’année nouvelle et à être versée pour les autres.
Ronald,sx


Une folle femme et la gratitude

Le monde semble qu’il ne s’est jamais arrête de nous rencontrer l’incroyable choses. Une femme folle chez nous nous, une quartier au Cameroun, criait en allègres et chantait une chanson se écoutant bizarre, a cote de l’église cependant quelques fidèles y marchaient de célébrer le changement d’année. Elle sourira et rira quand je l’ai salué en levant ma droite main. Elle a continué de chanter jusqu’à l’église rempliait par les paroissiens. Ce qu’elle a faite est tellement contrarie para port du bruit au centre du quartier où beaucoup des hommes étaient en train de passer le changement d’année dans la fête et l’ivresse.
Si une folle femme n’a pas oublié de louer le Seigneur, alors pourquoi nous, ceux qui sont normales, l’avons oubliés ? Alors qu’est-ce qui est fou actuellement ? Est-ce que celle-ci qui sais de remercier ou ceux qui connaissent pas ? D’elle j’ai appris que la gratitude qui nous signe la profonde existence.
ronald,sx
Cameroun, 31 Decembre 08

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