Les lucioles et le bijou du pardon

Il est facile de trouver dans notre cour au Cameroun des lucioles brillantes, davantage encore quand le courant est parti. J’ai attrapé deux ou trois lucioles et les ai laissé briller sur ma main.
Les lucioles, l’un des animaux les plus petits et faibles et pourtant leur rôle est important. Pour les paysans à la campagne où il n’y a pas encore d’électricité, la lumière des lucioles facilite la marche le soir.
J’ai pensé à ces simples animaux quand j’ai réfléchi au récit de la guérison d’un homme paralytique (Marc 2 :1-12). Couché sur un grabat, il fut soulevé par quatre hommes et transporté vers la maison où Jésus annonçait la parole. Je voudrais vous renvoyer à la réflexion précédente sur Atillo dans laquelle j’avais souligné que la foi de nos prochains rend la guérison possible. Maintenant, néanmoins la clé du récit se trouve dans cet important débat : « qu’est-ce qui est le plus facile, de dire au paralytique tes péchés sont remis, ou de dire : lève- toi, prends ton grabat et marche ? (Marc 2 :9). C’est le plaidoyer de Jésus devant les scribes qui le jugèrent et l’accusèrent de blasphémer quand il dit au paralytique : mon enfant, tes péchés sont remis (v.5), après avoir vu sa foi et celle de ses quatre amis.
Il leur était difficile de répondre à cette question que Jésus posait. S’ils disaient que le premier était plus facile, justement ils feraient ce dont ils accusaient Jésus. La forme passive de sa parole, tes péchés sont remis, correspond à Dieu, celui seul qui a le droit et le pouvoir de le faire. S’ils disaient que le second était plus facile, cela supposait qu’ils devaient le prouver. Du point de vue de la démonstration le second est plus difficile. Il est plus facile de dire le premier, les mots qui consolent et tranquillisent pour un moment, que les mots qui guérissent. A travers cette dispute, nous allons regarder comme est beau le chemin du pardon.
Il est normal qu’après avoir eu un conflit sérieux, nous souhaitions que notre rival vienne nous rencontrer afin de se réconcilier. C’est l’éthique sociale de la relation humaine que nous pouvons trouver partout presque dans toutes les cultures. Nous ne pourrons que lui pardonner s’il vient chez nous, mais ça n’est pas facile à réaliser, encore moins quand on pense être dans le vrai. Bien sûr alors la réconciliation n’arrive jamais.
Par contre, le conflit se développe, devient une guerre froide : on ne se parle pas pendant un jour, deux jours, trois jours, et ainsi de suite. Très souvent nous confions au Seigneur ce cas de pardon, nous lui demandons de pardonner à notre ennemi, tandis que nous continuons de nous taire. Il n’y a pas qu’à Gaza que se déroule la guerre, mais aussi chez nous, dans nos maisons, nos lieux de travail.
Vraiment, il est plus facile de demander cela que d’avouer honnêtement que nous aussi avons fait des erreurs et sommes responsables de ce conflit, et puis de chercher notre ennemi pour nous réconcilier. Tes péchés sont remis, nous indique que le Seigneur, qui est le plus juste, pardonne. Il est la source du pardon. Jésus a prononcé cette phrase tabou parce qu’il avait vu la foi du paralytique et de ses amis.
Jésus a transgressé et dépassé ce tabou non seulement en le disant, mais aussi en montrant qu’il pouvait pardonner par le pouvoir reçu du Père. En guérissant le paralytique il l’a prouvé. Jésus donc a détruit le tabou religieux des Juifs, qui est aussi le nôtre, de laisser Dieu pardonner, autrement dit, l’action de pardonner n’appartient qu’à lui. En disant tes péchés sont remis, Jésus veut constater le contraire et dire que l’action de pardonner n’est pas une chose vide de sens, intouchable ou qui ne reste que dans nos têtes, nos convictions intellectuelles. En effet, il est réel car lui-même l’a transmis et affirmé face au paralytique. Il est le médiateur entre nous et Dieu.
Donc, par ses actions nous savons que le pardon est un don de Dieu qu’il faut recevoir et transmettre aux autres. Comment demandons-nous au Seigneur de pardonner à notre prochain si nous ne sommes pas le premier à pardonner et à prendre l’initiative de la réconciliation ? Le pardon est très concret comme Jésus l’a fait pour le paralytique, aussi concret que ce que les scribes voyaient : le paralytique qui se mettait debout, et marchait. Dans ce sens-là, on trouve une belle relation entre les paroles de pardon et la guérison du paralytique.
Parce que cette guérison est vraiment concrète, notre cœur n’est véritablement pas aussi paisible qu’avant si nous n’avons pas encore pardonné ; nos yeux ne voient pas aussi loin et clairement qu’avant parce que nous nous taisons et ne saluons pas nos amis. Le pardon est la grâce la plus belle. Grâce à elle nos vies ressemblent à un bijou étincelant, magnifique après avoir été purifié. Le pardon purifie nos vies. Que cette beauté devienne une lumière dans un monde obscur dans lequel le pardon est trop difficile à vivre. Soyez des lucioles et des bijoux pour les autres.

Tardelly,sx

Blogger Template by Blogcrowds