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Aujourd’hui nous assistons à la croissance et à la multiplication de villes. La ville nous est désormais important parce qu’elle est le lieu où les activités se concentrent (administratives, économiques, culturelles, associatives) et où les diversités se croissent. La ville de Yaoundé n’est plus celle que je connaissais il y a 5 ans quand je venais d’arriver au pays. Malgré la croissance massive de la ville, le village garde toujours son importance.  Pour nous, les africains, le village ou la zone rurale reste en lieu de référence. Du village proviennent  l’identité familiale et l’appartenance culturelle. Pour nous, rentrer au village au temps de congé est une occasion de se ressourcer, de mettre au jour notre lien affectif avec les nôtres. Ici, comme vous le savez, il est presque de coutume d’enterrer le mort au village. En ville, on sent comme si on était un peu étranger, mais au village, on est chez nous.
Jésus ne s’est pas coupé de son milieu d’origine, de son village.  Après s’être retiré au désert pendant 40 jours, Jésus a fait un petit séjour en ville de Galilée. Il y trouvait le boulot. Il enseignait dans plusieurs synagogues. Il semblait qu’il faisait bien son travail parce que tout le monde l’appréciait. En fait en vue de ce travail qu’il est allé au désert. On peut imaginer qu’il faisait connaissance de réalités de cette ville. Galilée fut de tout temps une ville privilégiée, non seulement grâce à sa richesse naturelle mais aussi à sa position géographiquement stratégique mise en évidence par la présence de la célébrée route commerciale, via Maris, qui reliât l’Egypte et la Syrie. L’évangile nous dit que Jésus venait à Nazareth, il rentrait chez lui sans nous expliquer pour quelle raison. Mais il nous suffit de comprendre qu’après 40 jours au désert et un petit séjour en Galilée, il est normal de rentrer chez lui. D’ailleurs c’est à Nazareth qu’il travaillait comme charpentier. Donc beaucoup de gens le connaissaient. Il est aussi normal pour quelqu’un qui vient de rentrer d’un long voyage de partager aux siens ce qu’il a découvert pendant son séjour hors du village. On lui demandait de faire la lecture du livre du prophète Isaïe dans la synagogue. Le livre à l’époque était sous forme de rouleau. C’est pour cela avant de lire, Jésus déroulait le livre. Il a trouvé un passage, c'est-à-dire lui-même il a choisi un passage sur la vocation prophétique qui l’aurait marqué profondément.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. »
Jésus, nous dit l’évangile, replia et rendit le livre au servant et puis s’assit. Il y a quelque chose d’intéressant sur la quelle je voudrais tirer votre attention. L’évangile note que tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur Jésus. On pourrait penser qu’ils demandaient du moins l’explication pourquoi Jésus a choisi un tel passage. Sa réponse est scandaleuse quand il dit « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture ». Notre lecture s’arrête là, au point le plus scandaleux dans la pensée des proches de Jésus « comment cet homme là se prend pour un prophète », mais une bonne nouvelle pour nous. Jésus est le libérateur, c’est le mystère que nous célébrons aujourd’hui.
Pour le comprendre mieux, faisons attention à ce mouvement de Jésus : « dérouler et replier » le livre que Jésus faisait. Il est simple à comprendre. Dérouler c’est rendre le contenu du livre accessible soit pour le lecteur soit pour l’auditeur. Parce qu’il s’agit de la Parole de Dieu, l’action de dérouler signifie rendre la parole de Dieu accessible.  A mon humble avis, Jésus, ce faisant, délivre Dieu au rendez vous des siens ; donc à notre rendez-vous. Son geste explique davantage qu’il est la Parole de Dieu. Et ce geste se rime avec le passage qu’il a choisi : un passage de libération. C’est en lui que la promesse de libération s’est accomplie. C’est pour cela il a replié. L’évangile ne dit pas « enrouler ». Pourquoi ? Parce que Dieu est déjà avec nous, il ne s’enferme plus dans la Bible. Il est accessible dans la personne de Jésus. C’est pour cela Jésus n’avait pas besoin d’expliquer ce qu’il vient de lire. Tous ceux qui étaient dans la synagogue ne demandaient pas seulement l’explication du choix de passage, mais tout d’abord la prise en responsabilité de ses gestes. Il a répondu « Aujourd’hui s’accompli à vos oreilles ce passage de l’Ecriture ».
Jésus Christ est libérateur parce qu’il est la Parole de Dieu qui libère. Cette libération tient du fait que Dieu est venu à notre rendez vous, il est entré dans notre histoire. Rendez-vous avec la Parole de Dieu est inséparable du rendez-vous avec notre histoire, l’histoire des hommes. Ce qui aurait marqué Jésus, j’imagine, ce sont des gens, des malades, des pauvres, des bidonvillois ainsi que la réalité de pauvreté, de l’injustice. Sur ce dernier, Jésus va nous en rappeler quand il traite Hérode, le gouverneur de Galilée, comme renard (Lc 13,32) : « Allez dire à ce renard… ». Sa relation intime avec Dieu ne pouvait pas le couper de la réalité où il vivait et travaillait. Son rendez-vous avec Dieu au désert et aux synagogues le laissaient découvrir le même Dieu dans les personnes qui attendaient la libération.
Jésus était citoyen de son pays, habitant de sa ville et résidant de son village. Le passage de l’évangile nous montre qu’il confrontait son expérience (ce qu’il voyait, observait, marquait de la vie quotidienne) avec sa rencontre avec Dieu dans et travers sa parole. Une prière qui se coupe de la réalité n’est pas une prière. Jésus est réussi à trouver l’actualité de la parole de Dieu. Face aux problèmes qu’il a observés dans son quartier, dans sa ville dans son pays, la parole de libération prend son actualité. Cette parole engage celui qui la prononce et ceux qui l’écoutent. Jésus permet donc à Dieu de s’installer dans la réalité de l’homme. « Aujourd’hui s’accompli à vos oreilles ». Lui-même, conscient de sa mission, il l’a prise comme engagement. Chaque fois que l’on écoute l’évangile, cela devrait nous engager. On est appelé à faire ce que nous écoutons, à mettre en pratique. 
La ville est marquée souvent par la migration urbaine, par des fortes poussées démographiques. On y trouve souvent « des communaux », des propriétés collectives des terres qui sont envahis par les nouveaux arrivants, souvent en créant des zones illégales :  le bidonville. Dans les bidonvilles comme les nôtres en Afrique, se rassemblent souvent des personnes des mêmes ethnies, des mêmes villages. Des que les bidonvillois trouvent un peu de moyens, généralement ils améliorent leur vie, si avant, quelqu’un n’avait qu’un abri, des tissues tendues entre deux morceaux de bois, maintenant avec l’argent qu’il gagne de son petit boulot, il cimente le sol. Dans la ville, chacun se débrouille. Elle nous apprend à être individu, autonome, on est un peu coupé de la communauté villageoise.  Cette coupure provoque parfois la panique, la solitude, mais elle suscite le désir de rencontrer l’autre, d’être plus proche l’un avec l’autre. La présence croissante des mouvements associatifs de caractère professionnel ou religieux en sont les exemples. Ce qui nous lie ce n’est plus l’appartenance tribale, mais plutôt le bien commun. Le bien commun traduit la convention ou bien le consentement de vivre ensemble dans la ville, garantie par les règlements d’Etat. Toutefois, sa réalisation ne dépende pas d’Etat, tel que certains d’entre nous le pensent, mais dépende de nous tous. On ne peut compter par exemple sur un gouvernement corrompu tel que nous connaissons dans quelques cités africaines. L’inégalité sociale, la violence, l’inondation, la coupure d’eau, l’éparpillement des ordures ce sont des réalités dont nous, les chrétiens, sommes tous au rendez vous.
Croire en Jésus Christ c’est croire en sa Parole de libération qui nous engage d’être aussi libérateurs de notre milieu. Nous sommes appelés à animer notre quartier ou notre ville avec l’esprit de partage, de responsabilité, de travail et de fraternité. C’est ici le rôle important des communautés ecclésiales de base. Elles nous aident à nous intégrer bien dans la société et aussi à aides les nouveaux arrivants à s’intégrer bien étant citadins d’une ville. Implorons le pardon au Seigneur si nous prenons souvent à la légère notre vocation baptismale, une vocation prophétique et une vocation de libération dans le monde, si nous prenons souvent à la légère les activités des communautés ecclésiales de base. Nous lui demandons la grâce d’être son partenaire de libération dans notre milieu de vie, notre lieu de travail et dans notre quartier. (Tardelly,sx 1/26/2013 :11.09 PM)





la joie de l'épouse, la joie du disciple

Ces derniers temps le problème de l'eau  nous éprouve régulièrement. Voir nos voisins ou nos amis parcourir pas mal de distances pour ensuite se ranger autour du puits est déjà presque un spectacle habituel. Peut-être on se souvient de l’adage assez connu à Yaoundé, l’eau c’est la vie, qui date depuis l’époque du Mgr. Zoa. L’eau est un élément important de notre subsistance.  Le manque d’eau nous inquiète, parce qu’il menace notre vie, la vitalité baisse et les maladies sont prêtes à la porte. La subsistance ne sert pas seulement à la survie, elle est élément incontestable de la célébration humaine, parce que la vie n’est pas seulement à vivre mais aussi à célébrer. Cela dit, à travers la fête, les noces par exemple, on donne le sens à la vie.
Dans le pays de Jésus, le vin fait partie de la subsistance importante de la vie des juifs.  Il est partie intégrante aussi de leur festivité. On ne peut pas organiser la fête sans la présence du vin en nombre et en qualité. Aujourd’hui, le passage de l’évangile s’ouvre avec  un problème du manque de vin dans des noces à Cana, à la quelle Marie, mère de Jésus était invitée, ainsi que Jésus et ses disciples. Le fait que le nom de Marie est nommé le premier, montre un cas presque banal : les femmes sont invités parce qu’elles déterminent aussi la réussit d’une fête. Peut-être comme nos mamans aujourd’hui, elle était invitée pour donner un coup de main, soit à la cuisine.  C’est Marie, la première qui a remarqué ce problème. Normalement, dans une fête la solution d’un tel problème relève de la responsabilité du maître de fête. Donc Marie devrait lui en parler. Mais,  l’évangile nous raconte qu’elle est allée en parler à son fils Jésus. « Ils n’ont pas de vin », dit-elle. En fait, chez les juifs,  quand on exprime une demande, on ne fait pas sous forme d’interrogation, mais plutôt d’affirmation. Marie demande à Jésus de réagir ou d’intervenir.
La réponse de Jésus nous semble surprenante « Femme, que me veux-tu ? ». En notre langage on peut exprimer autrement par exemple : « Mais, maman, quel est ton problème ? »  Est-ce une attitude irrespectueuse ? Non, la réaction de Jésus est juste. Je crois, à cette scène là que l’évangéliste nous invite à déplacer notre attention d’une attention fixée au marié et au maitre de la fête à l’attention fixée à Marie et Jésus qui sont devenue maintenant la véritable maîtresse de la fête et le marié. Comment Marie devient-elle la maitresse ? Ella a confiance en Jésus, même si Jésus complétait sa réponse : « mon heure n’est pas encore venu » (dans le langage de l’évangéliste, l’heure c’est la mort de Jésus sur la croix par la quelle il glorifiera l’amour de Dieu pour nous. Marie commandait aux serviteurs « faites tout ce qu’il vous dira » ou bien « quoi qu’il dise, faites le » ! Marie est maitresse de la fête parce qu’elle est le premier des disciples ; elle a mis toute sa foi en Jésus. Elle a dépassé  peut-être la revendication de sa maternité. Elle a choisi d’être le disciple.
Justement l’évangéliste nous dit qu’il y avait là six jarres d’eau. Jésus demandait aux serviteurs à les remplir d’eau, quelque chose qui n’a pas trop de valeur dans la fête, peut-être parce on s’en habitue trop.  Ensuite il leur demandait de puiser et de porter au maître du repas.  Le miracle n’est pas tout de suite remarqué. Le maître et le marié ne savaient pas du tout de ce qui s’est passé. Ce sont des serviteurs qui allaient remarquer le changement de l’eau en vin. Ce miracle a traversé ou est passé par l’expérience des serviteurs qui, comme Marie, ont choisi de croire en Jésus. Cette fois ci, ils se passent de l’habitude, celle de mettre l’eau dans les jars destinée pour le rite de purification des juifs. Ils portaient l’eau fortement contenu de la Parole de Jésus, une parole de vie. Ils sont devenus ainsi les disciples de Jésus. Nous sentons donc jusqu’ici le message central de ce récit : devenir disciple de Jésus. C’est le mystère que nous célébrons aujourd’hui. Devenir disciple c’est comme Marie, sensible aux problèmes de l’autre ; elle et avec les serviteurs choisissent et les serviteurs, choisir à croire en Jésus et à sa Parole. Devenir disciple signifie avant tout  faire tout ce qu’il nous dit, c’est dire mettre en pratique sa parole. Mettre en pratique la parole ne se limite pas à pratiquer les dix commandements.  C’est un acte qui ne se contente ni de l’habitude de ni de la routine, mais qui s’ouvre tout d’abord au combat intérieur : «est-ce que mon acte, ma manière de penser et de sentir se conforment à celle de Jésus ». Il est donc un acte qui interroge l’habitude pour ensuite accueillir la nouveauté. La vie n’est pas une répétition, elle est toujours nouvelle.
Si vous suivez un peu d’actualité, nos frères et sœurs chrétiens en France ont fait récemment la grande manifestation contre le mariage pour tous (le mariage et le statut des parents adoptifs aux couples homosexuels.) On peut se dire, « ah la sorcellerie des blancs là ne nous concerne pas les africains!». Attendez, « le mal n’a pas de couleur ». Dans la société moderne, au nom de la liberté, tout est presque permis. Nos frères chrétiens en France se passent de l’habitude selon laquelle dans une société laïque les hommes sont groupés plus selon leurs tendances politiques que leur religion. Ils ont montré récemment qu’ils sont unis pour protéger la vie qui est en danger et que le christianisme joue toujours son rôle en tant que le spécialiste de l’humanité.  Nous avons de quoi réfléchir sur certains habitudes sur les quelles on ne s’interroge plus, surtout dans un pays comme le nôtre qui a adopté des lois civiles françaises.
La première lecture renforce davantage l’image d’un disciple. Le prophète Isaïe rappelle à Israël de sa relation avec Dieu, celle d’un marié et d’une épouse :
« On ne t’appellera plus : “Rejetée !”
On ne dira plus de ta terre : “L’abandonnée.”
Mais on t’appellera : “Mon-plaisir-est-en-elle”
et de ta terre on dira : “L’épousée”,
car Yahvé trouvera son plaisir en toi,
et ta terre aura un époux.
Celui qui te rebâtit t’épousera
comme un garçon épouse une vierge ;
(Is 62, 1-5)
On peut dire dans les noces de Cana,  chaque serviteur, grâce à leur foi est devenu vraiment le nouvel Israël, l’épouse.  Devenir disciple est donc témoigner de l’amour de Dieu.  Chaque véritable relation d’amour est une relation de type tripartite et non seulement bipartite. Une relation bipartite est limitée à deux personnes, entre deux sujets qui s’aiment et c’est tout. Or il y a quand même quelque chose d’objectif. Il faut accepter que notre relation s’inscrive dans une alliance dont nous ne sommes pas à l’origine. Cette alliance c’est l’amour de Dieu. La deuxième lecture nous rappelle : « chacun reçoit de l’Esprit un don de charisme » (1 Co 12, 4-11). Notre vie, n’est-elle pas fruit d’un amour de nos parents ? Il y va de même avec notre relation. La relation d’amour considère toujours le rôle d’un autre tiers. Il peut prendre plusieurs visages : il peut être Dieu, les enfants.  Il y a la dimension d’extériorité. Homme et femme aiment Dieu tout d’abord en s’aimant. Devenir les disciples témoigne donc de l’amour de Dieu qui s’extériorise et porte toujours de fruits. Que nous prenions plus de courage de prendre le même chemin que Marie et les serviteurs des noces : croire en Jésus pour pouvoir être porteur de l’amour infini du Père.  (Tardelly,sx)




la fécondité de l'amour
On peut probablement se demander pourquoi, après la fête de l’Epiphanie, qui nous situe encore dans le cadre de l’enfance de Jésus, est entré subitement l’épisode du baptême de Jésus ? Pourquoi avec cette fête du baptême du Seigneur, l’Eglise commence le temps ordinaire, comme si elle voulait nous fait déplacer d’une ambiance festive à une ambiance ennuyante de la vie quotidienne ? Après la fête c’est la duré qu’il faut affronter. C’est dans la durée que notre amour à Dieu est défié. Célébrer la fête du baptême du Seigneur c’est célébrer la fécondité de l’amour de Dieu. Voila le mystère que nous célébrons aujourd’hui.

Le passage de l’évangile, à mon avis, compose de deux parties. La première partie est d’un caractère introductif, nous informe l’attitude de Jean Baptise face à l’embarras de la foule concernant son identité, s’il était le Messie ou non. Jean Baptiste répondait à la foule qu’il interrogeait : « Pour moi, je vous baptise avec de l’eau, mais vient le plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu …». (Lc 3, 15-16.21-22). Cette réponse manifeste d’une côté son retrait discret de la scène publique (parce qu’il a accomplis sa tâche) et l’entrée en scène de Jésus de l’autre côté. Je voudrais tirer votre attention sur la deuxième partie du passage, c'est-à-dire la scène du baptême de Jésus. Il s’agit de trois détails successif : Jésus, à peine être baptisé se trouvait en prière, le ciel s’ouvrit, et l’Esprit est descendu ». Comme dans l’évangile Matthieu ou Marc, Jésus était baptisé après tous le peuple. On peut imaginer qu’il faisait queue ou se rangeait le dernier. On a l’habitude de voir ce genre de spectacle au quartier surtout lorsque on paie les factures d’eau ou d’électricité, ou lorsque on cherche de l’eau à la pompe lors de la coupure habituelle. Imaginez, si Jésus était parmi nous se ranger le dernier !
La raison pour la quelle je voudrais m’insister sur la deuxième partie de ce passage c’est une expérience que j’ai vécu le dimanche dernier. Après la messe, est venu un homme me demander la bénédiction de son chapelet. Je lui posais la question s’il comprenait ce qu’il allait faire avec ce chapelet. Sa réponse était négative. D’ailleurs, il n’est pas baptisé, même s’il désire au baptême. Avec sa permission j’ai du fait une catéchèse, avant de bénir son chapelet pour le préparer au chemin du catéchuménat. Il n’est pas interdire de déduire que cet homme remarquerait chez quelques chrétiens la pratique quasi magique de la prière, ce qui lui permettait d’utiliser le rosaire sans qu’il connaisse ce à quoi il sert. Sans doute, chez quelques chrétiens, la prière est presque comme une machine de la grâce. Il suffit d’appuyer sur un bouton et la grâce demandée en sort. Qu’est-ce que c’est la prière ?
Revenons au texte, et regardons les trois détails évoqués plus haut « Jésus se trouvait en prière, le ciel s’ouvre et l’esprit descende ». Le ciel désigne les demeures de Dieu, tel que nous avons vu dans le psaume d’aujourd’hui. Donc le ciel représente Dieu. Le ciel s’ouvre, c'est-à-dire Dieu se révélait, se présentait lorsque Jésus priait. La prière ou l’acte de prier exprime alors une relation, un rapport personnel entre deux partenaires. Dans une relation vraie, deux partenaires se révèlent à l’un et à l’autre. Il n’y a pas de mensonge, ni d’intérêt.  C’est une telle relation qu’on appelle amour. N’aimons-nous pas passer plus de temps de parler avec celui ou celle que nous aimons ? Prier signifie donc aimer. Nous voulons passer notre temps de parler avec celui qui nous aime et que nous aimons. Prier n’est pas un acte de réciter un mantra, une formule, un texte, mais entrer dans cet esprit d’amour et de confiance que Dieu nous écoute, qu’il prend soin de nous, qu’il ne nous laisse pas souffrir, etc.
L’Esprit Saint, dit l’évangile, est descendu à la suite du ciel qui s’ouvrait. Du ciel une voix se crie «  Tu es mon fils, moi, aujourd’hui je t’ai engendré ». Cette relation filiale se fait écho dans la prière de notre père, souvent on prononce sans tenir compte de son sens. Pape Benoit XVI, dit ceci sur la prière « Un chrétien, même s’il se trouve seul, ne prie jamais seul, parce qu’il appelle Dieu, notre père. Donc il prie toujours avec et aux noms de ses frères dans cette même Eglise ». La prière nous met en relation pas seulement avec Dieu, mais avec toute l’humanité.
Si vous vous souvenez de votre catéchèse, l’Eglise nous enseigne souvent, que l’Esprit est l’amour entre Dieu le Père et Jésus Christ son Fils. Cette scène nous montre donc que l’Esprit est le fruit par excellence d’une relation d’amour entre le Père et le Fils, d’une relation sans condition et sans intérêt. La conséquence est claire. Chaque relation qu’on cultive d’un amour sans condition, porte toujours le fruit. Je suis toujours ému de voir et de découvrir parmi les chrétiens de notre paroisse ceux qui soignent bien leur foyer, qui sont responsables de l’éducation de leurs enfants ; ils ne se contentent pas seulement d’envoyer les enfants à l’école, mais ils trouvent toujours des moments chers chaque jour de rester ensemble et de se parler.
Le baptême de Jésus dont nous célébrons la fête aujourd’hui, nous rappelle la fécondité de l’amour de Dieu. C’est le sens de notre profession de foi que nous exprimons chaque dimanche : nous croyons à Dieu Trinitaire. Chaque baptisé est appelé à vivre une relation d’amour, témoigner de sa fécondité ? Chaque fois que l’argent, les achats, les nourritures font contenu de vos échanges à la maison, cela signifie que votre relation n’est pas féconde. Cela doit affecter évidement votre manière de prière.  Pourtant, le baptême de Jésus nous enseigne que la prière nous aide à mettre la personne à la primauté de notre relation. On ne parle pas à une chose, mais on parle à quelqu’un. Telle est la prière. Prier c’est aimer. Aimer aussi c’est prier. J’aime l’expression de politesse en français quand on demande quelque chose à quelqu’un « priez de… », C’est une expression de politesse parce que on met l’importance à la personne à qui cette demande est adressée. Le baptême du Seigneur, inaugure le temps ordinaire, c’est parce que l’amour doit être féconde dans la vie quotidienne et que cette fécondité doit être éprouvée dans les vicissitudes de la vie quotidienne. Ce n’est pas seulement au jour de fête de mariage on se dit «  je t’aime », mais surtout dans votre vie de chaque jour. Quand ce « je t’aime » s’incarne chaque jour dans votre attention à la personne plus que la chose, croyez-moi, votre prière sera aussi féconde. Que Dieu soit loué ! (tardelly,sx)




Une manifestation affectueuse de Dieu

l'épiphanie de la joie
Chaque dimanche j’observe dans notre quartier, à part de ceux qui fréquentent des églises, ceux qui fréquentent la loterie. Je me demande, sont-il inspirés souvent de leur rêves ou de leur cauchemars pour déchiffrer l’énigme qui cache souvent la fortune. Personne ne refuse la fortune, à plus fort raison celle qui nous rend riche immédiatement.  Peut-être les sorciers ou les devins sont fréquentés pour les aider à occuper toute suite la fortune révélée par le rêve. Dans la situation où le problème de chômage nous étrangle, se réfugier à une telle pratique manifeste au fond la situation de désespoir.
En suite on peut se demander, quelle est la place de songes, de rêves dans notre foi ? Notre foi, ne s’incarne-t-elle pas dans la réalité humaine, avec toutes les vicissitudes de la vie ? Mais comment ? se demande-t-on. Devons-nous croire à ce que les songes nous révèlent ? Si vous remarquez, les songes jouent un rôle important dans les récits de l’enfance de Jésus, dans l’histoire de sa naissance. Les anges ou les messagers de Dieu apparaissaient à Joseph deux fois dans les rêves. La première lorsqu’il voulait divorcer Marie sa fiancée discrètement, et la deuxième c’est dont vient de nous parler l’Evangile d’aujourd’hui.
On rattache la fête de l’Epiphanie à l’histoire des trois mages. Et voici que trois mages (en latin, majus, trois grandes) aux quels la tradition donne les noms : Gaspar, le Noir, Balthazar, et Melkior, sont en visite à Jérusalem pour reconnaître le nouveau roi récemment né en terre de Juda. Une telle visite était jugée normale dans un contexte de reconnaissance politique. On se rendait visite en même temps pour se reconnaître l’existence, ainsi que ses limites territoriales. Ils venaient de l’Orient, poussé par l’astre. Qu’ils soient des astrologues, comme disent certains, des adeptes de Zoroastre, peu nous importe pour le moment. Ce qui est évident, ces trois mages ne sont rien d’autres que nous, aujourd’hui, avec la science, on est curieux et on essaie de comprendre ou scruter le mystère de notre vie. Croire à une réalité qui nous transcende, est déjà un premier pas à la foi, si fragile soit-il. Les trois mages, étaient disposés à la foi ; du fait qu’ils étaient attirés par deux choses: l’étoile et le nouveau roi. L’une annonce l’autre, qui leur reste mystère. Ils étaient attirés par le mystère. Ce le même mystère qui les a poussés à la rencontre de l’inconnue Jésus. Ils ont décidé de rencontrer, pas de rester chez eux et déchiffrer avec leur science ce que cela voulait leur révéler exactement.
Ils sont passés par Jérusalem pour se renseigner de ce nouveau roi. Hérode, le juif converti à la religion romaine était surpris parce que jusqu’alors il était le seul pouvoir en place bien qu’il fût instauré par les romaines. Il recourait à son tour à la science, à l’astrologie et la Bible, pas pour rencontrer le nouveau né,  mais pour le vaincre, avoir pris sur lui. Après s’être renseigné ils se mirent en route. L’Evangile a bien noté : « Sur ces paroles du Roi »…Donc ici, leur désir est gouverné par l’intérêt du roi. De telle manière que notre désir de rencontrer Dieu est pervertie par le souci de ce monde : la richesse, le pouvoir, le plaisir, l’argent, etc…
Les mages, sont-ils réussis avec leur science de trouver le nouveau né? Non. Au moment où ils croyaient qu’avec leur science et leur propre force, ils pouvaient rencontrer Dieu, l’astre s’arrêtait  comme si le bébé Jésus qui le commandait de s’arrêter, parce que lui-même qui voulait se montrer maintenant. Jésus dans sa simplicité les désarmait, il les dénudait de leurs désirs pervertis et mensongères. Ce qui s’est produit ensuite c’est la joie. En voyant, l’astre disparu, ils se réjouirent d’une très grande joie. C’est justement ici que leur motivation est purifiée, ils sont libérés de l’intérêt d’Hérode, du pouvoir ; ils retournent à la joie initiale. Quand on est libéré de tout intérêt, notre amour, notre offrande à Dieu est vraiment gratuit telle qu’il nous a aimés gratuitement. Dieu n’est pas à acheter. Si on pense encore comme tel, on est encore homme de religion, pas homme de foi. Homme de religion pense toujours qu’avec sa propre effort, avec sa piété, etc..il peut acheter la grâce de Dieu, alors qu’elle est totalement gratuite.
La rencontre avec Jésus les a transformés : «Entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant et Marie, sa mère ». Le mot clé de ce verset c’est le verbe « voir ». Leur « voir » initiale, centré sur l’étoile, cette fois-ci se transforme en « voir » centré sur la personne de« Dieu » en l’homme Jésus. C’est ce petit enfant, dans sa simplicité, qui a provoqué cette « conversion » du regard. L’évangile a bien dit qu’ils voient l’enfant avec sa Mère. Donc ils ont découvert Dieu tel qu’il est, dépourvu de tous les attributs sociaux. Dieu s’est manifesté en enfant Jésus, dans une mangeoire, dans un lieu où les bétails se nourrissaient. A Bethlehem (en hébreu signifie la maison du pain), Jésus n’est pas devenu seulement le pain pour les hommes, mais aussi la nourriture pour toute la création.  Ensuite le geste des mages, de rendre hommage à cet enfant, anticipe, d’après moi le mystère pascal : ils rendaient hommage à Dieu qui s’est fait nourriture, repas de l’alliance nouvelle pour l’humanité par sa mort sur la croix.
Jusqu’à quel point cette rencontre les a transformés ? En songe, ils étaient avertis de ne plus retourner chez Hérode, mais plutôt de prendre une autre route. Cette fin du récit nous aide alors à répondre alors à la question initiale de savoir la place du songe dans notre foi. Remarquons bien, qu’au départ, les mages se servent de la science pour rencontrer Jésus. A la fin, après avoir rencontré et contemplé Jésus, ils se servent du songe pour rentrer chez eux.
Le songe ou le rêve, est un phénomène psychologique. Il est lié à toutes affections humaines. Quand on est affecté par l’amour ou la passion à quelqu’un, on le rencontre dans le songe ; quand on est affecté par la peur, l’angoisse, on voit des choses ou des êtres effrayants dans nos rêves. Quand on est trop fatigue, on se sent étouffer dans nos rêves. Le songe est une partie inconsciente de l’homme qui se révèle en surface lorsqu’on dort. Les mages étaient tellement affectés par leur rencontre avec Jésus qu’ils étaient avertis en songe de rentrer par un autre chemin. C’est cette rencontre, c’est cette foi en Jésus qui aurait provoqué le songe. On peut dire, l’effet de conversion se trouve dans le fait que la foi qui gouvernait désormais leur vie, leur manière de comprendre leurs expériences, les plus simples, banales et subtiles soient-elles. Ce n’est pas le songe, en tant qu’expérience la plus banale de la vie, qui gouverne leur foi. Par contre c’est leur foi qui gouverne le songe. Le songe a sa place dans notre foi en tant qu’il fait partie de la réalité de notre vie. Tout ce qui se rapporte avec notre vie est en rapport avec notre foi. Le songe désigne donc toutes les expériences humaines qui ne peuvent pas s’échapper à la foi.  Qu’est-ce que cela signifie  pour nous ? Il nous faut laisser la foi gouverner notre vie : notre rapport avec Dieu doit être le paramètre d’agir et de réagir face aux situations de difficulté ou de souffrances qui nous affectent. Si vous fait des mauvais rêves, ou vous aves des songes effrayant, cela signifie que votre vie est encore gouvernée par la peur, par le souci, et non par la foi et la confiance à la bonté et à l’amour de Dieu. Si vous vous laissez gouvernés par la croyance en la sorcellerie, votre fréquentation aux Marabouts, cela signifie que vous n’avez pas vraiment rencontré Dieu. Dans mes rêves, je vois souvent un ou quelques membres de ma familles ou des mes amis. Deux ou trois fois, je les vois mourir. Chaque fois que je téléphone à ma famille, j’ai appris  qu’un tel oncle ou un tel membre de la grande famille vient de décéder. Pour moi il n’y a pas la coïncidence. Ce qui est clair c’est que parce que je suis toujours en rapport avec ma famille avec mes amis, qu’ils sont toujours présents. Chaque fois que j’ai un tel rêve, ce que je fais c’est de prier pour ma famille, pour mes amis. La foi me permet de voir dans cette expérience le besoin des autres de mon humble prière, et je suis content de ma vocation comme missionnaire. St. Paul nous rappel dans l’épître aux romains 8,35 « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive? Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. » La fête de l’Epiphanie vous invite donc à contempler ce Dieu qui s’est fait nourriture dans l’eucharistie. Il est devenu tel pourquoi à notre tour, nous pouvons aussi le découvrir notre expérience la plus banale, dans la personne moins aimé de ce monde autour de nous. Plus on est affecté par une relation gratuite, sans condition avec son prochain, plus on est proche de Dieu, et plus on est affecté par notre rapport avec Dieu, plus on est proche de son prochain, et plus on l’aime gratuitement. Une manifestation affectueuse de Dieu est une révélation affectueuse de la dignité de l’homme en tant qu’aimé de Dieu, voilà le mystère que nous célébrons en cette fête de l’Epiphanie.(Tardelly,sx)

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