Une manifestation affectueuse de Dieu

l'épiphanie de la joie
Chaque dimanche j’observe dans notre quartier, à part de ceux qui fréquentent des églises, ceux qui fréquentent la loterie. Je me demande, sont-il inspirés souvent de leur rêves ou de leur cauchemars pour déchiffrer l’énigme qui cache souvent la fortune. Personne ne refuse la fortune, à plus fort raison celle qui nous rend riche immédiatement.  Peut-être les sorciers ou les devins sont fréquentés pour les aider à occuper toute suite la fortune révélée par le rêve. Dans la situation où le problème de chômage nous étrangle, se réfugier à une telle pratique manifeste au fond la situation de désespoir.
En suite on peut se demander, quelle est la place de songes, de rêves dans notre foi ? Notre foi, ne s’incarne-t-elle pas dans la réalité humaine, avec toutes les vicissitudes de la vie ? Mais comment ? se demande-t-on. Devons-nous croire à ce que les songes nous révèlent ? Si vous remarquez, les songes jouent un rôle important dans les récits de l’enfance de Jésus, dans l’histoire de sa naissance. Les anges ou les messagers de Dieu apparaissaient à Joseph deux fois dans les rêves. La première lorsqu’il voulait divorcer Marie sa fiancée discrètement, et la deuxième c’est dont vient de nous parler l’Evangile d’aujourd’hui.
On rattache la fête de l’Epiphanie à l’histoire des trois mages. Et voici que trois mages (en latin, majus, trois grandes) aux quels la tradition donne les noms : Gaspar, le Noir, Balthazar, et Melkior, sont en visite à Jérusalem pour reconnaître le nouveau roi récemment né en terre de Juda. Une telle visite était jugée normale dans un contexte de reconnaissance politique. On se rendait visite en même temps pour se reconnaître l’existence, ainsi que ses limites territoriales. Ils venaient de l’Orient, poussé par l’astre. Qu’ils soient des astrologues, comme disent certains, des adeptes de Zoroastre, peu nous importe pour le moment. Ce qui est évident, ces trois mages ne sont rien d’autres que nous, aujourd’hui, avec la science, on est curieux et on essaie de comprendre ou scruter le mystère de notre vie. Croire à une réalité qui nous transcende, est déjà un premier pas à la foi, si fragile soit-il. Les trois mages, étaient disposés à la foi ; du fait qu’ils étaient attirés par deux choses: l’étoile et le nouveau roi. L’une annonce l’autre, qui leur reste mystère. Ils étaient attirés par le mystère. Ce le même mystère qui les a poussés à la rencontre de l’inconnue Jésus. Ils ont décidé de rencontrer, pas de rester chez eux et déchiffrer avec leur science ce que cela voulait leur révéler exactement.
Ils sont passés par Jérusalem pour se renseigner de ce nouveau roi. Hérode, le juif converti à la religion romaine était surpris parce que jusqu’alors il était le seul pouvoir en place bien qu’il fût instauré par les romaines. Il recourait à son tour à la science, à l’astrologie et la Bible, pas pour rencontrer le nouveau né,  mais pour le vaincre, avoir pris sur lui. Après s’être renseigné ils se mirent en route. L’Evangile a bien noté : « Sur ces paroles du Roi »…Donc ici, leur désir est gouverné par l’intérêt du roi. De telle manière que notre désir de rencontrer Dieu est pervertie par le souci de ce monde : la richesse, le pouvoir, le plaisir, l’argent, etc…
Les mages, sont-ils réussis avec leur science de trouver le nouveau né? Non. Au moment où ils croyaient qu’avec leur science et leur propre force, ils pouvaient rencontrer Dieu, l’astre s’arrêtait  comme si le bébé Jésus qui le commandait de s’arrêter, parce que lui-même qui voulait se montrer maintenant. Jésus dans sa simplicité les désarmait, il les dénudait de leurs désirs pervertis et mensongères. Ce qui s’est produit ensuite c’est la joie. En voyant, l’astre disparu, ils se réjouirent d’une très grande joie. C’est justement ici que leur motivation est purifiée, ils sont libérés de l’intérêt d’Hérode, du pouvoir ; ils retournent à la joie initiale. Quand on est libéré de tout intérêt, notre amour, notre offrande à Dieu est vraiment gratuit telle qu’il nous a aimés gratuitement. Dieu n’est pas à acheter. Si on pense encore comme tel, on est encore homme de religion, pas homme de foi. Homme de religion pense toujours qu’avec sa propre effort, avec sa piété, etc..il peut acheter la grâce de Dieu, alors qu’elle est totalement gratuite.
La rencontre avec Jésus les a transformés : «Entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant et Marie, sa mère ». Le mot clé de ce verset c’est le verbe « voir ». Leur « voir » initiale, centré sur l’étoile, cette fois-ci se transforme en « voir » centré sur la personne de« Dieu » en l’homme Jésus. C’est ce petit enfant, dans sa simplicité, qui a provoqué cette « conversion » du regard. L’évangile a bien dit qu’ils voient l’enfant avec sa Mère. Donc ils ont découvert Dieu tel qu’il est, dépourvu de tous les attributs sociaux. Dieu s’est manifesté en enfant Jésus, dans une mangeoire, dans un lieu où les bétails se nourrissaient. A Bethlehem (en hébreu signifie la maison du pain), Jésus n’est pas devenu seulement le pain pour les hommes, mais aussi la nourriture pour toute la création.  Ensuite le geste des mages, de rendre hommage à cet enfant, anticipe, d’après moi le mystère pascal : ils rendaient hommage à Dieu qui s’est fait nourriture, repas de l’alliance nouvelle pour l’humanité par sa mort sur la croix.
Jusqu’à quel point cette rencontre les a transformés ? En songe, ils étaient avertis de ne plus retourner chez Hérode, mais plutôt de prendre une autre route. Cette fin du récit nous aide alors à répondre alors à la question initiale de savoir la place du songe dans notre foi. Remarquons bien, qu’au départ, les mages se servent de la science pour rencontrer Jésus. A la fin, après avoir rencontré et contemplé Jésus, ils se servent du songe pour rentrer chez eux.
Le songe ou le rêve, est un phénomène psychologique. Il est lié à toutes affections humaines. Quand on est affecté par l’amour ou la passion à quelqu’un, on le rencontre dans le songe ; quand on est affecté par la peur, l’angoisse, on voit des choses ou des êtres effrayants dans nos rêves. Quand on est trop fatigue, on se sent étouffer dans nos rêves. Le songe est une partie inconsciente de l’homme qui se révèle en surface lorsqu’on dort. Les mages étaient tellement affectés par leur rencontre avec Jésus qu’ils étaient avertis en songe de rentrer par un autre chemin. C’est cette rencontre, c’est cette foi en Jésus qui aurait provoqué le songe. On peut dire, l’effet de conversion se trouve dans le fait que la foi qui gouvernait désormais leur vie, leur manière de comprendre leurs expériences, les plus simples, banales et subtiles soient-elles. Ce n’est pas le songe, en tant qu’expérience la plus banale de la vie, qui gouverne leur foi. Par contre c’est leur foi qui gouverne le songe. Le songe a sa place dans notre foi en tant qu’il fait partie de la réalité de notre vie. Tout ce qui se rapporte avec notre vie est en rapport avec notre foi. Le songe désigne donc toutes les expériences humaines qui ne peuvent pas s’échapper à la foi.  Qu’est-ce que cela signifie  pour nous ? Il nous faut laisser la foi gouverner notre vie : notre rapport avec Dieu doit être le paramètre d’agir et de réagir face aux situations de difficulté ou de souffrances qui nous affectent. Si vous fait des mauvais rêves, ou vous aves des songes effrayant, cela signifie que votre vie est encore gouvernée par la peur, par le souci, et non par la foi et la confiance à la bonté et à l’amour de Dieu. Si vous vous laissez gouvernés par la croyance en la sorcellerie, votre fréquentation aux Marabouts, cela signifie que vous n’avez pas vraiment rencontré Dieu. Dans mes rêves, je vois souvent un ou quelques membres de ma familles ou des mes amis. Deux ou trois fois, je les vois mourir. Chaque fois que je téléphone à ma famille, j’ai appris  qu’un tel oncle ou un tel membre de la grande famille vient de décéder. Pour moi il n’y a pas la coïncidence. Ce qui est clair c’est que parce que je suis toujours en rapport avec ma famille avec mes amis, qu’ils sont toujours présents. Chaque fois que j’ai un tel rêve, ce que je fais c’est de prier pour ma famille, pour mes amis. La foi me permet de voir dans cette expérience le besoin des autres de mon humble prière, et je suis content de ma vocation comme missionnaire. St. Paul nous rappel dans l’épître aux romains 8,35 « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive? Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. » La fête de l’Epiphanie vous invite donc à contempler ce Dieu qui s’est fait nourriture dans l’eucharistie. Il est devenu tel pourquoi à notre tour, nous pouvons aussi le découvrir notre expérience la plus banale, dans la personne moins aimé de ce monde autour de nous. Plus on est affecté par une relation gratuite, sans condition avec son prochain, plus on est proche de Dieu, et plus on est affecté par notre rapport avec Dieu, plus on est proche de son prochain, et plus on l’aime gratuitement. Une manifestation affectueuse de Dieu est une révélation affectueuse de la dignité de l’homme en tant qu’aimé de Dieu, voilà le mystère que nous célébrons en cette fête de l’Epiphanie.(Tardelly,sx)

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