Vers une vie plus solide

Marc 1,21-28

Il y a quelques semaines, on est surpris du suicide de la femme d’un des hautes autorités françaises. Sans se soucier de ce qui est vraiment arrivé, cette incidence révèle à la fois l’ambigüité et l’enjeu d’une autorité. D’une part elle doit être exemplaire, et d’autre part par conséquence elle est objet d’un regard public qui détermine et même garantit la légitimité de son autorité. C’est pourquoi une autorité ou un personnage publique a de la valeur informatique, en ce sens ce qu’il est et ce qu’il fait suscite l’attention publique. Même si on doit séparer ce qui relève de la vie privée et ce qui de la vie publique ; en réalité la vie d’une autorité est désormais l’objet de curiosité publique. On comprend pourquoi sont nés de cette ambigüité des paparazzis.

Après l’appel des premiers disciples, l’évangile de ce dimanche nous présente Jésus dont l’enseignement fait objet d’une grande attention publique lorsqu’il enseignait dans la synagogue. L’évangéliste Marc nous raconte que les foules en étaient émerveillées parce qu’il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes. C’est bien clair que ce qui fonde son autorité c’est que Jésus parle de ce qu’il vit et fait. La cohérence qu’il s’agisse.

Ensuite, dans la même synagogue et devant les mêmes foules cette autorité est mise à l’épreuve. L’auteur raconte un homme possédé d’un esprit impur, c'est-à-dire démons dans la conscience de ses contemporains. La Bible personnifie la réalité du mal avec cet appellatif. Elle le désigne souvent avec d’autres mots comme tels serpent, Satan, Adversaire, etc. au plus tard nous verrons que Jésus sera jugé par les scribes comme possédé de Béelzéboul (Mc 3, 22-30), c'est-à-dire celui qui divise. Revenons à ce récit, Jésus affronte tout de suite ce qui en est le contraire, c’est Satan dont la vocation est de diviser l’homme de soi même et de Dieu. Les esprits impurs connaissent Jésus et sa mission. Celui-ci les déloge et expulse de l’homme possédé. Just à ce titre, Marc introduit l’intrique important de ses récit c’est le secret messianique. Il s’agit du fait que Jésus leur demande de se taire. On n’arrive pas à comprendre Jésus et sa mission sans le suivre de plus près, sans passer par les épreuves, la souffrance et la croix. Le secret messianique consiste à garder la véritable identité de Jésus jusqu’à ce que nous les lecteurs la trouvions sur la croix lorsque nous contemplerons en son corps pendu et percé d’une épée la parole du soldat romain voyant que Jésus est mort de cette manière là: « Vraiment tu es fils de Dieu » (Mc 1(,39).

« Tais-toi », est un coup de foudre de Jésus pour toute sorte de religiosité pharisaïque qui loue Dieu par les bouches sans vraiment laisser Dieu changer sa vie. Il condamne l’attitude de se compromettre avec le mal, tel que lorsque de manière prosaïque, Marc décrit le combat spirituel de l’homme possédé « que nous veux-tu, Jésus le Nazaréenne ? Es-tu venu pour nous perdre ? ». On ne peut pas se contenter des actes religieux extérieurs. Cela représente déjà notre condition de possession, que nous sommes divisés par le mal.

En réalité, le mal est la conséquence de notre liberté. La Bible le décrit de façon littéraire pour que nous puissions l’affronter. Il relève de notre choix. La présence comme toute présence nait de notre choix libre. On peut choisir être absent même si physiquement on est présent, de mêle le contraire. On peut choisir Dieu ou contrer Dieu grâce à notre liberté. Quand on choisit Dieu on le rencontre ; quand on choisit le mal, c’est Satan qui se présent et qui nous possède. Il nous faut donc se secouer chaque jour notre vie, discerner et évaluer notre choix et nos agir. Délivre-nous du mal, c’est ce que nous devons demander à travers la prière que Jésus nous a apprise. Le demandant, nous construisons une vie plus solide et d’une même autorité que la sienne.


Vous entendez parler sûrement du fleuve Ganga en Inde, fameux comme lieu sacré où beaucoup des indiens en particulier les hindous se baignent pour avoir la purification de leurs péchés. La dispersion des cendres dans le fleuve permet aux croyants d’avoir une bonne vie dans le futur et même d’acquérir l’état de délivrance, moksha, c'est-à-dire nirwana. Il est capable de libérer l’âme des défunts. Cette réalité, si présente dans mon enfance lorsque je suivais fidèlement l’épopée Mahabrata télévisé en Indonésie, m’est venue à l’esprit quand je lis et médite le récit sur le baptême de Jésus au fleuve de Jourdain (Mc 9-11).

Jésus aurait été au courant du baptême et de l’activité prophétique de Jean appelé le Baptiste parce que celui-ci proclama un baptême pour la rémission des péchés. Comme nous rapporte l’évangéliste Marc, les habitants de tout le pays de Judée se faisaient baptiser par lui. Et voici Jésus, était le dernier de tous, fait la queue avec ces gens. C’est choquant de contempler Dieu qui se fait pécheur comme nous. Il est derrière nous, comme celui qui veut débarrasser tous le reste. Contemplons comment il s’avance, pas à pas ; traverse les mêmes parcours que les nôtres ; il entre dans le fleuve, ses pieds, il le les mouiller, et enfin une fois arrivé chez Jean, il descende tous son corps dans l’eau déjà coloré de notre saleté sans en oublier les mauvaise odeurs. C’est ici on comprend bien ce que signifie la descente aux enfers du Christ dans notre credo. D’abord cette décente annonce la mort de Jésus, lui qui ayant pris notre condition humain, va subir aussi notre limite humaine dont le sommet est la mort. Il est allé jusqu’à l’enfer de notre liberté humaine : qui nie Dieu et épouse le mal. Hans urs von Balthasar parle de l’action du Christ qui vide l’enfer. Cette descente est donc un acte d’amour de Dieu le Père qui ne veut jamais notre perte.

Après cela, la scène qui devrait nous frapper c’est sa monté de l’eau. Lorsqu’il remontait de l’eau, il voit les cieux se déchirer et l’Esprit comme une colombe descendre vers lui. Ce geste de monté et ces dernières images nous annoncent la nouvelle révélation de Dieu en Jésus. Les cieux se déchirent signifie que désormais Dieu entre dans notre histoire. Il n’est pas inaccessible, il entre dans la communion avec nous tel que le ciel et la terre se communient. Sa monté affirme la résurrection comme son avenir et comme la nôtre. La mort n’a aucune emprise sur lui. Il sera ressuscité des morts et c’est avec Lui que Dieu va nous ressusciter.

La colombe exprime en effet tout ce qui est non-violence, douceur, amour, pardon et tendresse. Elle est la seule parmi tous les oiseaux que l’on juge digne d’être offert en sacrifice, surtout dans le monde juif. Elle nous rappelle donc la mission d’amour, de faiblesse et de sacrifice. Elle manifeste un acte non violence de Dieu. Le royaume de Dieu que Jésus nous instaure loin du projet d’occupation Israël à la terre promise sous la conduite de Josué. Le fleuve Jourdain était la seule étape à franchir pour pouvoir arriver à Jéricho perçu déjà par le peuple. En Jésus, c’est le monde à conquérir par l’amour et le pardon.

Et finalement des cieux déchirés une voix proclame : « C’est toi mon fils, en toi j’ai mis tout mon amour ». C’est une phrase d’intronisation royale, cité par Marc pour affirmer la mission de Jésus qui instaura le Royaume de Dieu parce que lui-même est le Roi. Elle affirme ensuite à la fois l’identité et la vocation de tous les baptisés : c’est de collaborer dans la mise en place du royaume étant fils du même Père. Si nous creusons encore de manière plus profonde cette phrase, nous nous rendons compte que c’est à nous que cette phrase est destinée, à tous ceux qui lisent l’Evangile. Jésus se fait comme nous, nous donne sa vie jusqu’à la mort parce que lui, il est aimé de Dieu et parce que il est capable d’aimer. Suivre Jésus est une vocation de don et d’abandon. Nous sommes appelés d’être comme lui, d’être un don au monde, comme témoins de tendresse, d’amour, de pardon, d’accueil, de non violence. Devenir un don nous demande une attitude d’abandon. Comme Jésus qui abandon son rang qui est égal à Dieu pour être comme nous, notre baptême nous demande d’abandonner notre égoïsme, d’abandonner notre autonomie et autosuffisance, et surtout notre mal pour pouvoir accueillir nos frères et nos sœurs de manière authentique. Le baptême de Jésus nous fait assumer le monde où nous habitons comme un lieu de fraternité où l’amour doit régner. Notre abandon n’est possible qu’à grâce à l’abandon de Jésus. Donc nous sommes capables d’aimer parce tout d’abord nous sommes déjà aimés par Dieu en Jésus. Parce que nous sommes capables d’aimer et d’être aimés, donc nous sommes capables aussi de nous abandonner. C’est la primauté de la vocation baptismale.


Quel est cet amoureux d’étrangers !

Bethlehem me révèle toujours quelque chose de surprenante et même inédite .Comme nom d’une ville, forte toujours de son actualité internationale jusqu’aux nos jours, elle signifie en hébreu, maison du pain. Pourquoi pain ? En quoi il est si important à rappeler.

Ce n’est pas au hasard que les évangélistes ont installé ce mot dans leurs récits de naissance de Jésus. Le fait qu’ils l’ont mis affirme déjà l’historicité de l’événement raconté, que Jésus y est né. C’est peu import de savoir à quel niveau précis elle se situa du point de vu géographique au temps de Jésus. Cela ne veut pas dire qu’on mette à côté ce que la méthode historico-critique nous dit. Celle-ci met en doute que Jésus y fût né. Il serait né dans un autre lieu. On lui attribua plutôt cette vile pour garantir la légitimité de son identité messianique. L’archéologie biblique se prononce davantage pour donner plus d’assis à cette argumentation. Toutefois, d’après moi, tous les deux nous restent comme hypothèses. D’ailleurs, le monde de la bible n’est pas si facile à creuser. Il est un monde du récit, qui fut une manière de raconter l’histoire, de nous transmettre ce qui s’est passé. J’ose dire qu’il est métahistoire.

Je suis très ému d’avoir découvert le lien auquel fait allusion ce nom Bethlehem. Il s’agit du récit de Noémie et Ruth. Le mouvement de va et vient, de partir et de retour de Noémie et au plus tarde avec Ruth sa belle-fille à Bethlehem a été poussé du fait que Bethlehem était en abondance de blés malgré la famine qu’elle avait connu la quelle poussait Noémie, son marie et ses deux fils s’immigrer aux pays de Moabites. Elle reste la maison du pain qui accueil la pauvre veuve Noémie et sa belle-fille Ruth après la mort de siens.

Et voici l’Evangile de la fête de l’Epiphanie nous présente encore ce petit Jésus à Bethlehem dans une mangeoire d’animaux visité par trois mages d’Orient au moyen de l’astre. Dans ce petit homme-dieu, Dieu s’est manifesté. Le fait qu’on le trouve dans cette mangeoire annule déjà l’importance géographique du mot Bethlehem comme ville attribué au Messie. Ce n’est pas le lieu qui est important, c’est plutôt comment on doit l’accepter et l’accueillir. Sa manière d’exister et de se révéler sanctifie déjà le lieu où il est né. Bethlehem c’est là où il est né ; dans une mangeoire, pas dans une cité peuple des ignorants de Dieu.

Les trois mages qui nous révèlent ce « comment ». S’étant rendu compte qu’ils furent étrangers, ils surent respecter ce petit qui était traité comme étranger chez lui, par les siens. La manifestation de Dieu dont cette fête nous fait mémoire place les plus petits, les pauvres et surtout les étrangers dans une dignité au plus haut niveau, car ils nous font revenir à la source, à ce Dieu qui se fait homme en Jésus Christ que nous accueillons dans le pain eucharistie où nous sommes tous rassasiés parce que ce même pain qui nous rend frère et sœurs. (By Tardelly)

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