la fécondité de l'amour |
On peut probablement se demander
pourquoi, après la fête de l’Epiphanie, qui nous situe encore dans le cadre de
l’enfance de Jésus, est entré subitement l’épisode du baptême de Jésus ?
Pourquoi avec cette fête du baptême du Seigneur, l’Eglise commence le temps
ordinaire, comme si elle voulait nous fait déplacer d’une ambiance festive à
une ambiance ennuyante de la vie quotidienne ? Après la fête c’est la duré
qu’il faut affronter. C’est dans la durée que notre amour à Dieu est défié.
Célébrer la fête du baptême du Seigneur c’est célébrer la fécondité de l’amour
de Dieu. Voila le mystère que nous célébrons aujourd’hui.
Le passage de l’évangile, à mon
avis, compose de deux parties. La première partie est d’un caractère
introductif, nous informe l’attitude de Jean Baptise face à l’embarras de la
foule concernant son identité, s’il était le Messie ou non. Jean Baptiste
répondait à la foule qu’il interrogeait : « Pour moi, je vous baptise
avec de l’eau, mais vient le plus fort que moi, et je ne suis pas digne de
délier la courroie de ses sandales ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint
et le feu …». (Lc 3, 15-16.21-22). Cette réponse manifeste d’une côté son
retrait discret de la scène publique (parce qu’il a accomplis sa tâche) et l’entrée
en scène de Jésus de l’autre côté. Je voudrais tirer votre attention sur la
deuxième partie du passage, c'est-à-dire la scène du baptême de Jésus. Il s’agit
de trois détails successif : Jésus, à peine être baptisé se trouvait en
prière, le ciel s’ouvrit, et l’Esprit est descendu ». Comme dans
l’évangile Matthieu ou Marc, Jésus était baptisé après tous le peuple. On peut
imaginer qu’il faisait queue ou se rangeait le dernier. On a l’habitude de voir
ce genre de spectacle au quartier surtout lorsque on paie les factures d’eau ou
d’électricité, ou lorsque on cherche de l’eau à la pompe lors de la coupure
habituelle. Imaginez, si Jésus était parmi nous se ranger le dernier !
La raison pour la quelle je
voudrais m’insister sur la deuxième partie de ce passage c’est une expérience
que j’ai vécu le dimanche dernier. Après la messe, est venu un homme me
demander la bénédiction de son chapelet. Je lui posais la question s’il
comprenait ce qu’il allait faire avec ce chapelet. Sa réponse était négative.
D’ailleurs, il n’est pas baptisé, même s’il désire au baptême. Avec sa
permission j’ai du fait une catéchèse, avant de bénir son chapelet pour le
préparer au chemin du catéchuménat. Il n’est pas interdire de déduire que cet
homme remarquerait chez quelques chrétiens la pratique quasi magique de la
prière, ce qui lui permettait d’utiliser le rosaire sans qu’il connaisse ce à
quoi il sert. Sans doute, chez quelques chrétiens, la prière est presque comme
une machine de la grâce. Il suffit d’appuyer sur un bouton et la grâce demandée
en sort. Qu’est-ce que c’est la prière ?
Revenons au texte, et regardons
les trois détails évoqués plus haut « Jésus se trouvait en prière, le ciel
s’ouvre et l’esprit descende ». Le ciel désigne les demeures de Dieu, tel
que nous avons vu dans le psaume d’aujourd’hui. Donc le ciel représente Dieu.
Le ciel s’ouvre, c'est-à-dire Dieu se révélait, se présentait lorsque Jésus
priait. La prière ou l’acte de prier exprime alors une relation, un rapport
personnel entre deux partenaires. Dans une relation vraie, deux partenaires se
révèlent à l’un et à l’autre. Il n’y a pas de mensonge, ni d’intérêt. C’est une telle relation qu’on appelle amour. N’aimons-nous
pas passer plus de temps de parler avec celui ou celle que nous aimons ?
Prier signifie donc aimer. Nous voulons passer notre temps de parler avec celui
qui nous aime et que nous aimons. Prier n’est pas un acte de réciter un mantra,
une formule, un texte, mais entrer dans cet esprit d’amour et de confiance que
Dieu nous écoute, qu’il prend soin de nous, qu’il ne nous laisse pas souffrir,
etc.
L’Esprit Saint, dit l’évangile,
est descendu à la suite du ciel qui s’ouvrait. Du ciel une voix se crie «
Tu es mon fils, moi, aujourd’hui je t’ai engendré ». Cette relation
filiale se fait écho dans la prière de notre père, souvent on prononce sans
tenir compte de son sens. Pape Benoit XVI, dit ceci sur la prière « Un
chrétien, même s’il se trouve seul, ne prie jamais seul, parce qu’il appelle
Dieu, notre père. Donc il prie toujours avec et aux noms de ses frères dans
cette même Eglise ». La prière nous met en relation pas seulement avec
Dieu, mais avec toute l’humanité.
Si vous vous souvenez de votre
catéchèse, l’Eglise nous enseigne souvent, que l’Esprit est l’amour entre Dieu
le Père et Jésus Christ son Fils. Cette scène nous montre donc que l’Esprit est
le fruit par excellence d’une relation d’amour entre le Père et le Fils, d’une
relation sans condition et sans intérêt. La conséquence est claire. Chaque
relation qu’on cultive d’un amour sans condition, porte toujours le fruit. Je
suis toujours ému de voir et de découvrir parmi les chrétiens de notre paroisse
ceux qui soignent bien leur foyer, qui sont responsables de l’éducation de
leurs enfants ; ils ne se contentent pas seulement d’envoyer les enfants à
l’école, mais ils trouvent toujours des moments chers chaque jour de rester
ensemble et de se parler.
Le baptême de Jésus dont nous
célébrons la fête aujourd’hui, nous rappelle la fécondité de l’amour de Dieu.
C’est le sens de notre profession de foi que nous exprimons chaque dimanche :
nous croyons à Dieu Trinitaire. Chaque baptisé est appelé à vivre une relation
d’amour, témoigner de sa fécondité ? Chaque fois que l’argent, les achats,
les nourritures font contenu de vos échanges à la maison, cela signifie que
votre relation n’est pas féconde. Cela doit affecter évidement votre manière de
prière. Pourtant, le baptême de Jésus
nous enseigne que la prière nous aide à mettre la personne à la primauté de
notre relation. On ne parle pas à une chose, mais on parle à quelqu’un. Telle
est la prière. Prier c’est aimer. Aimer aussi c’est prier. J’aime l’expression
de politesse en français quand on demande quelque chose à quelqu’un
« priez de… », C’est une expression de politesse parce que on met
l’importance à la personne à qui cette demande est adressée. Le baptême du
Seigneur, inaugure le temps ordinaire, c’est parce que l’amour doit être
féconde dans la vie quotidienne et que cette fécondité doit être éprouvée dans
les vicissitudes de la vie quotidienne. Ce n’est pas seulement au jour de fête
de mariage on se dit « je t’aime », mais surtout dans votre vie de
chaque jour. Quand ce « je t’aime » s’incarne chaque jour dans votre
attention à la personne plus que la chose, croyez-moi, votre prière sera aussi
féconde. Que Dieu soit loué ! (tardelly,sx)
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