Le serpent et la miséricorde,

Au marché de Mokolo, j’ai vu un marchand de médicaments traditionnels qui mettait au milieu de ses bouteilles une partie du corps d’un serpent. La mauvaise odeur s’est très vite répandue. Malgré tout quelques clients continuaient à l’approcher et voulaient savoir la qualité de ce médicament. Le serpent est un des animaux mortels. Beaucoup parmi nous ou bien s’en éloignent ou bien le tuent. Cet animal a été tardivement mis au même niveau que le mal, le tentateur, le traitre, l’infidèle, le péché, dans la tradition monothéiste.

La lecture d’évangile qui nous accompagne pendant la quatrième semaine du carême, même si elle ne parle pas du serpent, rend présente une réalité différente du serpent. Même alors Jésus l’utilise comme une importante métaphore pour expliquer le mystère de la miséricorde de Dieu « de même que le serpent de bronze fut élevé par Moise dans le désert ainsi faut-il que le fils de l’homme soit élevé ». Si vous avez lu le récit de l’exode, vous vous rappelez que beaucoup d’Israélites sont morts piqués par les serpents après avoir perdu la foi en Dieu parce qu’ils ne pouvaient plus supporter le long exode dans le désert. Dieu les leur envoya parce qu’ils n’étaient pas fidèles. Il leur était devenu maudit. Cependant, dans ce récit, on trouve la fidélité du Seigneur qui entendit la demande de pardon des Israélites et demanda à Moise de ramasser un serpent pour qu’il soit pendu sur le bois. En voyant le serpent pendu en croix, ceux qui avaient été piqués guérissaient. Dieu manifesta sa miséricorde et redonna sa grâce au maudit.

Il est raisonnable qu’il soit élevé comme le serpent fut élevé dans le désert afin que tout homme qui croirait en lui obtienne par lui la vie éternelle. En disant cela, Jésus prévoyait sa mort. Il savait que ses actes lui faisaient courir le risque d’être persécuté, mis à mort comme l’homme le plus maudit. A l’époque des Romains, la croix était une punition pour les bandits et les criminels. Et pour les Israélites ceux qui mouraient pendus sur la croix étaient maudits.

En général, la damnation est une punition impardonnable. Rendre honneur à nos parents va nous éviter la damnation. Ceux qui se révoltent contre leurs parents ou les tuent, seront maudits. La damnation manifeste par elle-même l’assurance qu’il est impossible que tel grave péché soit pardonnée. Autrement dit, il ne tolère pas de pardon, il devrait être limité. C’est la règle de nos relations.

L’évangile de cette semaine met devant nous le beau mystère de la croix, c’est la miséricorde de Dieu. Dieu voudrait montrer que ce Jésus pendu sur la croix, celui qui est considéré comme maudit, est devenu une grâce abondante pour les hommes. Cette grâce-là ne pourra être ni annulée ni supprimée. Voici la miséricorde de Dieu, il est riche en miséricorde à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ (Ep 2:4-5). Grâce à sa mort sur la croix, Dieu a transformé ce que les Israélites considéraient comme une damnation en une grâce abondante pour ceux qui croyaient en Jésus.
Ce mystère de la miséricorde que nous devrions méditer pendant ce temps liturgique. Le même mystère qui devrait devenir le moteur pour célébrer le sacrement de la pénitence, en imitant la conscience de l’enfant prodigue (Luc 15), qui est rentré chez son père parce qu’il avait cru en sa miséricorde. Il n’y a aucune damnation sur la croix, mais la vie. Cela est la victoire du Christianisme, que nous allons célébrer pendant la veillée pascale. De même que Dieu nous a aimés jusqu’au bout, il faudra que nous puissions, par sa miséricorde, transformer l’hostilité et la guerre en paix.


R.F.Tardelly,SX


Cameroun

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