Ce cœur toujours amoureux de toi

Presque partout dans les villes modernes, l’existence de la communauté urbaine se fonde sur le souci de mettre en garde le bon fonctionnement de la ville et sans oublier. On cependant se sent gêné lorsqu’elle entreprend l’opération de casse sans pitié au marché, à la gare et dans bien d’autres lieux publics. Des marchandises renversées par terre, des boutiques sauvages détruites et la fuite des marchands ambulantes sont des spectacles quotidiens des nouvelles villes qui se trouvent ici par exemple en Afrique, et très particulièrement au Cameroun. Parfois je me trouve fondé de dire que, quand-même, ces petites gens qui contribuent à l’économie des pays. Ce fait m’aide à comprendre l’histoire de Jésus qui, arrivant à Jérusalem, chassa les vendeurs de bœufs, de brebis, et de colombes, ainsi que les changeurs après avoir renversé tous leurs marchandises et monnaies. Quel scandale ! Oublie-t-il que des marchandises sont des valeurs sacrificielles dont tout le monde se sert pour rendre culte à Dieu. Lui-même quand il était petit, n’a-t-il pas été amené pour être présenté avec deux pigeons de sacrifices ?

Si nous lisons mieux ce passage, nous jugerons juste ce que fit Jésus. La chose était vraiment grave. Jésus trouva « dans » le Temple les vendeurs et les changeurs assis. Ils franchirent les limites, pénétrèrent et occupèrent les places qui ne sont pas les leurs. Je dirais, qu’ils voulaient avoir pris sur Dieu qui est le propriétaire de la maison. Ils voulaient fonder les valeurs du sacrifice selon la logique du marché : qui paie beaucoup, gagne aussi beaucoup ; donc l’argent et sa quantité qui déterminent la qualité et l’efficacité du sacrifice. Les animaux d’un prix plus cher auraient plus d’efficacité sacrificielle par rapport à ceux d’un prix moins cher. La parole de Jésus tombe comme un coup de tonnerre : « Ne faites pas de la maison de mon père, une maison de commerce !». Ça c’est très fort ! Disant ainsi, finalement il fixait l’objectif de son acte. Il voulait en réalité viser notre cœur et notre mentalité vis-à-vis Dieu. Quelque part notre cœur est habité par la logique pareille, celle du marché. Nous pensons que nous pouvons « acheter » la bienveillance, la bonté et la grâce de Dieu par nos offrandes, et pire encore par nos actes et nos bonnes attitudes religieuses et morales. C’est en effet de la magie, de la sorcellerie. Pourquoi ? Nous croyons que nous pouvons séduire et apprivoiser Dieu avec tout cela tel que jadis on traites des dieux dans les grottes et les arbres sacrées.

L’acte de Jésus donc est bien significatif, c’est de vouloir purifier le Temple qui est d’abord notre cœur comme lieu primordial de la rencontre avec Dieu. Il nous invite à nous libérer de la mentale magique du commerce religieux tel que à nos jours abondement représenté par plusieurs nouveaux mouvement religieux et les sectes. Puisque l’économie se joue sur les zones de nos émotions et sensations, ces mouvements se contentent d’une quête spirituelle qui peut rassasier et combler leur soif spirituelle. Dieu donc est traité comme drogue. On se drogue quoi !

La première demande dans la prière notre père nous met en la même ligne avec l’acte de Jésus qui purifier le Temple. « Que ton nom soit sanctifié », ainsi demandons nous dans cette prière. De même que la véritable relation ne commence qu’à partir du moment où je reconnais la différence de l’autre, de même notre relation avec Dieu n’est que vrai dans la reconnaissance qu’Il est Dieu, qu’Il n’est pas comme nous. Nous demandons qu’il se fasse connaitre à tous qu’Il est. Donc on laisse Dieu agir librement. D’ailleurs nous l’appelons Père, et cela veut dire que nous sommes devant l’absence de conditionnements, nous sommes dans l’ordre de la gratuité. Nos offrandes et nos attitudes religieuses finalement ne sont que des expressions de nos gratitudes et nos remerciements à l’égard de son amour sans condition.

Contre la logique du commerce, Jésus nous révèle cette belle parole du psaume : « L’amour de ta maison me dévorera, me consommera ». C’est nous en réalité qui devons nous laisser consommer par l’amour. Nous ne sommes pas de consommateurs de grâce qu’on pense pouvoir acheter par nos attitudes pharisaïques. Jésus inaugura son arrivée à Jérusalem différemment avec d’autres pèlerins, avec son option et décision finale d’aimer Dieu jusqu’au bout. Il consiste à réaliser la volonté de son Père, à lui obéir. Sur cet amour que se construira le véritable Temple dans lequel nous rencontrons Dieu face à face ; c’est dans notre cœur toujours amoureux de Dieu. Le corps de Jésus, crucifié le vendredi Saint est la matérialisation de la vie qui s’abandonne par amour pour Dieu et pour l’humanité ; il est détruit par sa mort, mais reconstruit par sa victorieuse résurrection. C’est ici se dévoile l’espérance Chrétienne ; mise en épreuve par l’angoisse et la souffrance de la vie quotidienne, elle devient le signe du nouveau culte rendu à Dieu et du nouveau Temple. (Tardelly, Yaoundé, 11/03/012)

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