porteuse de la joie


En cette année de la foi, les lectures que nous venons d’entendre nous disposent à bien comprendre et vivre notre foi chrétienne. Qu’est-ce que c’est la foi ? Les lectures s’enchainent pour nous expliquer. Même, cet enchainement n’est possible qu’à grâce à la foi de l’Églises qui est capable de trouver le lien entre la promesse de l’ancien Testament et son accomplissement dans le nouveau Testament, qui est capable de faire parler l’une avec l’autre. Ce qui fut prédit, prophétisé se trouve accompli dans l’événement de Jésus : sa vie, sa mort et sa résurrection.
La phrase introductive du récit de la visitation fait  écho à l’idée clé de l’idée centrale de notre liturgie de ce dimanche.  « En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda ».  De cette phrase on trouve trois éléments : la figure de Marie portant la semence du Verbe incarnée, son voyage en hâte, et la destination de ce voyage qui est la ville de Juda.
Pour le premier élément, la figure de Marie portant Jésus, peut-être les femmes qui sont plus à la mesure de le comprendre. L’enfant même s’il dépend de sa mère, n’est pas identique de sa mère. Le fait qu’il bouge dans le ventre, réagit constamment à la situation physique et psychique de sa mère, explique qu’il a une autonomie, même si cette autonomie est trop faible. Toute l’émotion de Marie d’avoir été choisi comme mère se rencontre avec le désir de Dieu d’être et naître comme nous.  Je crois bien, chez les femmes,  la joie de concevoir un enfant, n’est pas seulement sa propre joie, mais aussi celle de l’enfant, qui veut naître. Cette joie s’explique par le fait qu’il frappe, et frappe. Certaines disent qu’il joue le ballon. Il y va de même, Dieu en petit Jésus a la joie de nous voir bientôt. Et cette joie, unie avec celle de Marie qui explique ce voyage. Le premier élément explique le premier composant de la foi : la joie d’une rencontre entre Dieu et l’homme.
Le deuxième élément,  il s’agit d’un adverbe, « en hâte ». Ce mot explique que l’on est pressé pour arriver à une destination, qu’on n’est plus patient d’achever à l’objectif visé ou à quelque chose désirée. Dieu est en hâte en Jésus porté par Marie, pour nous sauver. Marie, pour sa part, est une porteuse de la joie. Le deuxième élément explique le deuxième composant de la foi, le désire impatient de rencontre l’autre. C’est un mouvement vers l’autre.
Le troisième élément, la ville de Juda comme destination.  Dans l’Ancien Testament, la ville de Juda est revendiquée comme la ville d’origine du roi David. Les auteurs bibliques aiment rattacher l’origine du Messie à cette ville situe au royaume du sud. Nous savons, qu’après la mort du roi Salomon, le royaume de David s’est divisé en deux, celui du nord composé de  dix tribus, et celui du nord composé de deux tribus. Parler de cette, c’est parler de David, donc parler de l’unité idéale du royaume d’Israël. Cette ville fait allusion à la fidélité d’Israël sous la gouvernance de David à l’alliance.  Le troisième élément explique à son tour la fidélité comme le troisième composant de la foi.
Notre foi part d’un appel. Elle est un désir joyeux, un mouvement vers l’autre dans la fidélité. L’appel est un choix, un don vient de Dieu. «Et toi, Bethlehem – Ephrata »,  petite parmi les clans de Juda, c’est de toi que sort pour moi, celui qui doit gouverner Israël ».C’est une déclaration de l’amour.  L’appel de Dieu est tout d’abord son déclaration d’amour pour nous. Dieu a choisi de nous aimer. Quand on dit, « Je t’aime », cela signifie « je choisis de t’aimer ». Donc cet appel est gratuit. On peut dire que Dieu lui-même il a la foi, en tant qu’elle est un désir joyeux, un mouvement vers nous qu’il a choisi pour être sauvé.  Ce n’est pas parce que on a beaucoup ou on n’a moins qu’il nous a choisi, mais tout simplement parce qu’il est un Dieu d’amour, parce qu’Il est bon. Donc n’a rien à revendiquer là dessous. Il nous aime tel que nous sommes. Ce qui détermine alors notre valeur ou notre qualité comme personne ce n’est pas ce que nous possédons ou ce que nous ne possédons pas, soit les cicatrices sur les fronts, le nez pointu ou le nez court, les critères de beauté que nos célébrités établissent, etc.., mais le fait que nous sommes choisis d’être aimé de Dieu, malgré notre faiblesse humaine et nos péchés.  
Ce qui est plus important pour Dieu c’est la réponse à l’appel.  L’épître aux hébreux donne l’éclairage. « Tu n’as voulu ni sacrifice, ni oblation, mais tu m’as façonné un corps ». A quoi sert notre corps sinon à se disposer à une rencontre face à face, cœur à cœur avec Dieu. Déjà morphologiquement notre corps est destiné à une relation : la position et l’orientation des mains et des bras, le regard des yeux, etc…Notre corps a son propre langage.  Quand on est triste, on est content, on est malade, etc., nos corps communiquent aux autres ce que nous sommes en train de vivre.  Dieu nous a façonné un corps signifie qu’il a mis à notre disposition la capacité d’entrer en relation avec lui ; il nous a donné la potentialité d’aimer. Entrer en relation avec lui, c’est qu’on appelle la foi. Croire en Dieu c’est entrer en relation avec lui. A ce niveau, seul Jésus qui est modèle. Sa manière de croire en Dieu, d’entrer en relation avec  Dieu qui est le plus parfait.  Par le baptême, nous sommes configuré au Christ, en ce sens que nous a pour tâche de nous configurer au Christ. Sa manière de croire c’est de faire la volonté de son Père. Faire la volonté de quelqu’un n’est pas nécessairement un acte servile. Par contre, il est un acte d’amour qui choisit d’aimer l’autre, donc de chercher son bien. Faire la volonté c’est un acte de se dessaisir, de se relativiser dans le sens positif. C'est-à-dire on ne cherche pas d’être le centre absolu de notre relation. La réponse à l’appel en faisant la volonté de Dieu c’est le dernier élément composant de notre foi.
Les figures de Marie et d’Élisabeth sont des exemples idéals d’une réponse à l’appel de la foi. On sent chez celles, la joie de rencontrer Dieu, le désir ardent de partager cette même joie dans leur mouvement vers l’autre. Toutes les deux s’encourageaient l’une et l’autre du don que chacun d’elles avait reçu. On sent aussi la fidélité à faire la volonté de Dieu en se laissant pousser, frappé par le désir de l’enfant que chacune portait dans ses entrailles.  Une véritable relation porte toujours des fruits. Qu’est-ce qu’est le fruit de la foi, de ce « entre en relation avec Dieu » ? C’est le bonheur. Il est bien vrai donc quand Élisabeth dit à Marie : « Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ». N’ayez pas peur de vivre votre foi ! Soyez le porteur et la porteuse de Dieu pour l’autre ». 
Tardelly, sx
23 décembre 2012

celui que son coeur aime

Désirer Dieu, désirer l'autre

A nos yeux les chrétiens, le temps n’est pas une réalité dépourvue du sens, ou comme quelque chose d’arbitraire se glissant dans notre parcours humain. Par contre, il est doté du sens profond, c’est que le temps est sanctifié par Dieu qui fait partie de notre existence. On existe dans le temps. Notre existence est située dans le temps. Il forme ensemble avec l’espace la stature de notre identité humaine. Le temps, c’est Dieu qui l’a créé. Il va du commencement à sa fin. Donc il a des limites ou des contours. En amont, il y a le commencement et en aval la fin. Pourquoi ses limites ? C’est pour notre croissance : pour que nous soyons saints.  Dieu, lui, il n’a pas seulement créé le temps, il y est entré, s’y est incarné devenir notre semblable en son Fils Jésus Christ.  Son incarnation est soumise à la facticité de notre existence, dans sa faiblesse et dans ses limites. Toute fois, il souffle dans notre temps, c'est-à-dire dans notre histoire, son Esprit, qui est devenu l’âme de notre histoire.
Les discours de Jésus sur la fin des temps sont souvent lus au terme de l’année liturgique (Luc 21,25-28.34-38) même au début de l’année liturgique dont  le temps de l’avent. Il parle d’un langage apocalyptique qui fait souvent peur. Pourtant, c’est une façon de parler, et même dans la plume des évangélistes il est un genre littéraire, mais qui inspiré par la situation qui les a affectés. L’évocation du nom d’une certaines nombres de choses comme le soleil, la lune et les étoiles, nous rappelle la création. Elle projette aussi à la création nouvelle.  Jésus aurait été bien affecté par la situation que connaissaient ses contemporaines en Palestine. Elle pourrait se traduire dans l’angoisse face à la présence des occupants romains et à l’instabilité politique orchestrée quelque part par le system religieux sur place. Jésus par ses discours voulait avertir ses disciples des risques ou des conséquences d’être ses  disciples. Pourquoi ?  Il a entrepris  un projet de mettre en ordre le véritable rapport entre Dieu et les hommes : par ses prédications et par ses actes.  L’épisode où Jésus chassait les marchands au temple montre clairement qu’il est un nouveau temple. Le temple n’est plus un édifice mais la personne de Dieu lui-même. En disant « détruisez ce temple et en trois jours je le construirai » (Jn 2,19), Jésus déclare le nouvel ordre, la nouvelle création. Eh bien, il sera mis à mort. Les disciples vont comprendre plus tard le sens de cette mort. Elle est à la fois l’inauguration de la fin des temps et la déclaration de la nouvelle création.
Les discours apocalyptiques invitent tous les disciples à se laisser affecter ou concerner par les situations qui les entourent. Devenir chrétien ne peut pas ne pas être affecté par l’injustice, l’oppression, l’absence de la paix. Cette préoccupation a un double tranchant. D’une part, elle signale la maturité d’un chrétien en ce sens qu’il contribue à instaurer la paix, la justice et la dignité de l’homme. D’autre part, cette préoccupation l’amène au martyr parce qu’il met en question le mal.  Jésus nous invite à ne pas passer notre temps pour rien, sans lui donner un sens. Il nous invite à sanctifier notre temps par notre témoignage de foi jusqu’à martyre. Il nous encourage de ne pas avoir peur de situations que nous connaissons aujourd’hui : la souffrance, la menace à la paix, l’injustice. Il nous demande de nous dresser la tête, c'est-à-dire de les vivre dans la foi et l’espérance. Cette même foi et espérance qui nous poussent plutôt à agir et à contribuer à trouver les résolutions. Nous n’affrontons pas des telles situations à la manière des sectes millénaristes. Ces derniers au lieu de les affronter, les évitent dans la croyance aveugle de la fin des temps dont ils ont mal compris le sens.  Le temps de l’avent est un temps de désirer Dieu comme un amoureux désirant de rencontrer celle que son cœur aime. Désirer Dieu c’est désirer  de rencontrer les frères parce que nous découvrons Dieu en eux. La méditation sur la fin des temps nous dispose à vivre la maturité chrétienne dans l’amour sans condition à Dieu et à nos frères et sœurs. Accueillir la fin des temps c’est dénoncer le mal qui empêche une fin heureuse. Vivre le temps de l’avent comme l’attente de la venue du Sauveur c’est capable de découvrir sa présence dans les plus petits de frères, les rejetés de nos sociétés. (Tardelly,sx)


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