porteuse de la joie


En cette année de la foi, les lectures que nous venons d’entendre nous disposent à bien comprendre et vivre notre foi chrétienne. Qu’est-ce que c’est la foi ? Les lectures s’enchainent pour nous expliquer. Même, cet enchainement n’est possible qu’à grâce à la foi de l’Églises qui est capable de trouver le lien entre la promesse de l’ancien Testament et son accomplissement dans le nouveau Testament, qui est capable de faire parler l’une avec l’autre. Ce qui fut prédit, prophétisé se trouve accompli dans l’événement de Jésus : sa vie, sa mort et sa résurrection.
La phrase introductive du récit de la visitation fait  écho à l’idée clé de l’idée centrale de notre liturgie de ce dimanche.  « En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda ».  De cette phrase on trouve trois éléments : la figure de Marie portant la semence du Verbe incarnée, son voyage en hâte, et la destination de ce voyage qui est la ville de Juda.
Pour le premier élément, la figure de Marie portant Jésus, peut-être les femmes qui sont plus à la mesure de le comprendre. L’enfant même s’il dépend de sa mère, n’est pas identique de sa mère. Le fait qu’il bouge dans le ventre, réagit constamment à la situation physique et psychique de sa mère, explique qu’il a une autonomie, même si cette autonomie est trop faible. Toute l’émotion de Marie d’avoir été choisi comme mère se rencontre avec le désir de Dieu d’être et naître comme nous.  Je crois bien, chez les femmes,  la joie de concevoir un enfant, n’est pas seulement sa propre joie, mais aussi celle de l’enfant, qui veut naître. Cette joie s’explique par le fait qu’il frappe, et frappe. Certaines disent qu’il joue le ballon. Il y va de même, Dieu en petit Jésus a la joie de nous voir bientôt. Et cette joie, unie avec celle de Marie qui explique ce voyage. Le premier élément explique le premier composant de la foi : la joie d’une rencontre entre Dieu et l’homme.
Le deuxième élément,  il s’agit d’un adverbe, « en hâte ». Ce mot explique que l’on est pressé pour arriver à une destination, qu’on n’est plus patient d’achever à l’objectif visé ou à quelque chose désirée. Dieu est en hâte en Jésus porté par Marie, pour nous sauver. Marie, pour sa part, est une porteuse de la joie. Le deuxième élément explique le deuxième composant de la foi, le désire impatient de rencontre l’autre. C’est un mouvement vers l’autre.
Le troisième élément, la ville de Juda comme destination.  Dans l’Ancien Testament, la ville de Juda est revendiquée comme la ville d’origine du roi David. Les auteurs bibliques aiment rattacher l’origine du Messie à cette ville situe au royaume du sud. Nous savons, qu’après la mort du roi Salomon, le royaume de David s’est divisé en deux, celui du nord composé de  dix tribus, et celui du nord composé de deux tribus. Parler de cette, c’est parler de David, donc parler de l’unité idéale du royaume d’Israël. Cette ville fait allusion à la fidélité d’Israël sous la gouvernance de David à l’alliance.  Le troisième élément explique à son tour la fidélité comme le troisième composant de la foi.
Notre foi part d’un appel. Elle est un désir joyeux, un mouvement vers l’autre dans la fidélité. L’appel est un choix, un don vient de Dieu. «Et toi, Bethlehem – Ephrata »,  petite parmi les clans de Juda, c’est de toi que sort pour moi, celui qui doit gouverner Israël ».C’est une déclaration de l’amour.  L’appel de Dieu est tout d’abord son déclaration d’amour pour nous. Dieu a choisi de nous aimer. Quand on dit, « Je t’aime », cela signifie « je choisis de t’aimer ». Donc cet appel est gratuit. On peut dire que Dieu lui-même il a la foi, en tant qu’elle est un désir joyeux, un mouvement vers nous qu’il a choisi pour être sauvé.  Ce n’est pas parce que on a beaucoup ou on n’a moins qu’il nous a choisi, mais tout simplement parce qu’il est un Dieu d’amour, parce qu’Il est bon. Donc n’a rien à revendiquer là dessous. Il nous aime tel que nous sommes. Ce qui détermine alors notre valeur ou notre qualité comme personne ce n’est pas ce que nous possédons ou ce que nous ne possédons pas, soit les cicatrices sur les fronts, le nez pointu ou le nez court, les critères de beauté que nos célébrités établissent, etc.., mais le fait que nous sommes choisis d’être aimé de Dieu, malgré notre faiblesse humaine et nos péchés.  
Ce qui est plus important pour Dieu c’est la réponse à l’appel.  L’épître aux hébreux donne l’éclairage. « Tu n’as voulu ni sacrifice, ni oblation, mais tu m’as façonné un corps ». A quoi sert notre corps sinon à se disposer à une rencontre face à face, cœur à cœur avec Dieu. Déjà morphologiquement notre corps est destiné à une relation : la position et l’orientation des mains et des bras, le regard des yeux, etc…Notre corps a son propre langage.  Quand on est triste, on est content, on est malade, etc., nos corps communiquent aux autres ce que nous sommes en train de vivre.  Dieu nous a façonné un corps signifie qu’il a mis à notre disposition la capacité d’entrer en relation avec lui ; il nous a donné la potentialité d’aimer. Entrer en relation avec lui, c’est qu’on appelle la foi. Croire en Dieu c’est entrer en relation avec lui. A ce niveau, seul Jésus qui est modèle. Sa manière de croire en Dieu, d’entrer en relation avec  Dieu qui est le plus parfait.  Par le baptême, nous sommes configuré au Christ, en ce sens que nous a pour tâche de nous configurer au Christ. Sa manière de croire c’est de faire la volonté de son Père. Faire la volonté de quelqu’un n’est pas nécessairement un acte servile. Par contre, il est un acte d’amour qui choisit d’aimer l’autre, donc de chercher son bien. Faire la volonté c’est un acte de se dessaisir, de se relativiser dans le sens positif. C'est-à-dire on ne cherche pas d’être le centre absolu de notre relation. La réponse à l’appel en faisant la volonté de Dieu c’est le dernier élément composant de notre foi.
Les figures de Marie et d’Élisabeth sont des exemples idéals d’une réponse à l’appel de la foi. On sent chez celles, la joie de rencontrer Dieu, le désir ardent de partager cette même joie dans leur mouvement vers l’autre. Toutes les deux s’encourageaient l’une et l’autre du don que chacun d’elles avait reçu. On sent aussi la fidélité à faire la volonté de Dieu en se laissant pousser, frappé par le désir de l’enfant que chacune portait dans ses entrailles.  Une véritable relation porte toujours des fruits. Qu’est-ce qu’est le fruit de la foi, de ce « entre en relation avec Dieu » ? C’est le bonheur. Il est bien vrai donc quand Élisabeth dit à Marie : « Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ». N’ayez pas peur de vivre votre foi ! Soyez le porteur et la porteuse de Dieu pour l’autre ». 
Tardelly, sx
23 décembre 2012

celui que son coeur aime

Désirer Dieu, désirer l'autre

A nos yeux les chrétiens, le temps n’est pas une réalité dépourvue du sens, ou comme quelque chose d’arbitraire se glissant dans notre parcours humain. Par contre, il est doté du sens profond, c’est que le temps est sanctifié par Dieu qui fait partie de notre existence. On existe dans le temps. Notre existence est située dans le temps. Il forme ensemble avec l’espace la stature de notre identité humaine. Le temps, c’est Dieu qui l’a créé. Il va du commencement à sa fin. Donc il a des limites ou des contours. En amont, il y a le commencement et en aval la fin. Pourquoi ses limites ? C’est pour notre croissance : pour que nous soyons saints.  Dieu, lui, il n’a pas seulement créé le temps, il y est entré, s’y est incarné devenir notre semblable en son Fils Jésus Christ.  Son incarnation est soumise à la facticité de notre existence, dans sa faiblesse et dans ses limites. Toute fois, il souffle dans notre temps, c'est-à-dire dans notre histoire, son Esprit, qui est devenu l’âme de notre histoire.
Les discours de Jésus sur la fin des temps sont souvent lus au terme de l’année liturgique (Luc 21,25-28.34-38) même au début de l’année liturgique dont  le temps de l’avent. Il parle d’un langage apocalyptique qui fait souvent peur. Pourtant, c’est une façon de parler, et même dans la plume des évangélistes il est un genre littéraire, mais qui inspiré par la situation qui les a affectés. L’évocation du nom d’une certaines nombres de choses comme le soleil, la lune et les étoiles, nous rappelle la création. Elle projette aussi à la création nouvelle.  Jésus aurait été bien affecté par la situation que connaissaient ses contemporaines en Palestine. Elle pourrait se traduire dans l’angoisse face à la présence des occupants romains et à l’instabilité politique orchestrée quelque part par le system religieux sur place. Jésus par ses discours voulait avertir ses disciples des risques ou des conséquences d’être ses  disciples. Pourquoi ?  Il a entrepris  un projet de mettre en ordre le véritable rapport entre Dieu et les hommes : par ses prédications et par ses actes.  L’épisode où Jésus chassait les marchands au temple montre clairement qu’il est un nouveau temple. Le temple n’est plus un édifice mais la personne de Dieu lui-même. En disant « détruisez ce temple et en trois jours je le construirai » (Jn 2,19), Jésus déclare le nouvel ordre, la nouvelle création. Eh bien, il sera mis à mort. Les disciples vont comprendre plus tard le sens de cette mort. Elle est à la fois l’inauguration de la fin des temps et la déclaration de la nouvelle création.
Les discours apocalyptiques invitent tous les disciples à se laisser affecter ou concerner par les situations qui les entourent. Devenir chrétien ne peut pas ne pas être affecté par l’injustice, l’oppression, l’absence de la paix. Cette préoccupation a un double tranchant. D’une part, elle signale la maturité d’un chrétien en ce sens qu’il contribue à instaurer la paix, la justice et la dignité de l’homme. D’autre part, cette préoccupation l’amène au martyr parce qu’il met en question le mal.  Jésus nous invite à ne pas passer notre temps pour rien, sans lui donner un sens. Il nous invite à sanctifier notre temps par notre témoignage de foi jusqu’à martyre. Il nous encourage de ne pas avoir peur de situations que nous connaissons aujourd’hui : la souffrance, la menace à la paix, l’injustice. Il nous demande de nous dresser la tête, c'est-à-dire de les vivre dans la foi et l’espérance. Cette même foi et espérance qui nous poussent plutôt à agir et à contribuer à trouver les résolutions. Nous n’affrontons pas des telles situations à la manière des sectes millénaristes. Ces derniers au lieu de les affronter, les évitent dans la croyance aveugle de la fin des temps dont ils ont mal compris le sens.  Le temps de l’avent est un temps de désirer Dieu comme un amoureux désirant de rencontrer celle que son cœur aime. Désirer Dieu c’est désirer  de rencontrer les frères parce que nous découvrons Dieu en eux. La méditation sur la fin des temps nous dispose à vivre la maturité chrétienne dans l’amour sans condition à Dieu et à nos frères et sœurs. Accueillir la fin des temps c’est dénoncer le mal qui empêche une fin heureuse. Vivre le temps de l’avent comme l’attente de la venue du Sauveur c’est capable de découvrir sa présence dans les plus petits de frères, les rejetés de nos sociétés. (Tardelly,sx)




La Beauté d’une fin

s'ouvrir à la rencontre
Aux pays du nord, on sait que lorsque les arbres à feuilles caduques passent en dormance sous le ciel sombre caressé par le vent et la pluie, c’est l’automne qui s’annonce. Tout semble mourir, partir sans plus revenir.  Aux pays du Sahel ou ceux du climat désertique, pendant la saison sèche tout est sec : la terre brisée, les herbes disparaissent, les animaux maigrissent et même meurent assoiffés, les gens mangent peu pour ne pas mourir affamés parce que rien ne pousse. La condition climatique de ces deux milieux influence sans doute la manière de vivre de ceux qui s’y trouvent pour pouvoir survivre. Ce qui est commun c’est la présence de la réalité de la finitude. La fin est inscrite dans notre histoire justement pour caractériser sa caractéristique progressive. Notre histoire marche ou s’orient en progrès, c'est-à-dire vers l’accomplissement. Elle n’est pas statique, ni circulaire ou rotatoire telle qu’on trouve chez les bouddhistes. Cette vision de l’histoire doit ou prend son origine de la révélation chrétienne selon la quelle Dieu s’est incarné dans l’histoire pour l’’amener à l’accomplissement à travers la vie, la mort et la résurrection du Jésus Christ.  Dieu des Chrétiens n’est pas dieu ex machina (hors de l’histoire) ou le spectateur après son ouvre créatrice.
La fin est terrifiante, effrayante, et angoissante parce qu’elle nous arrache souvent de la trajectoire que  l’on n’a pas encore achevée. Que l’on veule ou non, elle est indissociable de notre histoire.  Au terme de chaque année liturgique, l’Eglise nous propose des lectures relatives à la fin du temps. Aujourd’hui dans l’évangile selon st. Marc (13, 24-32), Jésus en parle moyennant deux illustrations. La première nous fait horreur. Il est vrai pour ses auditoires ou ses contemporaines les images dont il se servait pour parler de la fin du temps sont des images familières pour les juifs. Il s’agit en effet d’un langage eschatologique, un procédé littéraire plein d’images cosmiques, d’énigmes et d’épreuves souvent inattendues et dramatiques. Attention ! Il ne faut pas prendre son signification au pied de la lettre. Le contexte dans le quel ce discours a été écrit est important à connaître. Marc adresse son évangile à l’Eglise de Rome persécutée après la destruction du temple de Jérusalem qu’il considérait comme étant révélatrice du signe de la fin des temps. Il voulait encourager les chrétiens de pouvoir découvrir la gloire et la victoire du Christ après la tribulation et de se garder des faux Messies.
La fin des temps a un double sens. Le premier est l’accomplissement, le deuxième le commencement nouveau. Les paysans se donnent d’abord le temps et la peine pour labourer, cultiver la terre avant de moissonner ou récolter les fruits de ce qu’ils y sèment. La peine ou la souffrance s’inscrit dans notre vie quotidienne, faisant partie de la trajectoire vers le bonheur ou le réussit. Le progrès du monde que nous connaissons maintenant, n’est-il passé par les moments difficiles de notre histoire : les conflits et les guerres ; les révolutions industrielles, politiques et économiques. Pour Marc la venue victorieuse du Christ est précédée d’abord par la tribulation. Cette dernière commence par la mort du Christ comme étant marque initiale du nouveau commencement. L’évangéliste invite ses lecteurs à mettre plus d’importance à la venue du Christ qu’à la souffrance qui la précède.
Peut être on se demande pourquoi la guerre ne finit jamais et la violence continue. Voir ce qui s’est passé au Japon lors du tsunami, en Syrie avec la guerre infinie et actuellement le nouveau conflit arabo-Israël fait penser certains d’entre nous d’accepter la soi-disant la fin des temps en 2012 telle que les sectes millénaristes annoncent. D’ailleurs il en est sorti un film du même titre. Pour ceux qui l’ont déjà vu des films de tel genre, il est évident qu’il s’agit de la plaisanterie bonne marché dû à la lecture fondamentaliste et fragmentaire de la bible. L’unité du message n’a pas été découverte. Ils se concentrent tellement sur des images terrifiantes, comprises à la lettre, qu’ils oublient le reste. L’image du soleil et des anges soulignent la nouveauté de l’histoire. Ces images interviennent après la tribulation pour nous présenter la nouveauté qui dépasse même l’histoire : parce que nul ne connaît quant au jour et à l’heure sinon le Père.  L’évocation de la venue du Fils de l’homme, inspirée de la vision apocalyptique de Daniel (7, 13-14) met en évidence la maitrise de l’histoire qui appartient à Dieu.
La fin des temps ne nous appartient pas. C’est un don qu’il faut demander à Dieu, le maitre de l’histoire. Nous sommes inquiètes et préoccupés des situations de crises, de guerres et de conflits dans notre monde aujourd’hui. Nous sommes invités à participer à leur solution. Nous ne pouvons croiser les bras, ni seulement prier sans faire des efforts de sauvegarder la paix et la réconciliation dans notre propre milieu. Il faut aider nos prochains, nos voisins ou nos amies de différentes ethniques et religieuses à ne pas être prises de toute sorte de provocations derrières ces conflits. Si l’accomplissement de l’histoire doit être d’abord précédé par la douleur et la souffrance, cela signifie que Dieu veut que tout d’abord on sanctifie et sauve cette histoire, que l’on soit prêt de l’accueillir pas seulement dans un cœur pur et saint mais dans nos sociétés de paix et de véritable fraternité. Si on n’est pas encore prêt intégralement,  Dieu ne peux pas venir accomplir l’histoire. Attention ! Autre chose dire Dieu ne peut pas venir quand on n’est pas prêt, autre chose dire Dieu ne peut pas venir quand on ne veut pas être prêt. Le premier met en accent sur la participation, la responsabilité de l’homme. Le deuxième n’est pas une opposition au caractère inattendu et immaitrisable de cet événement. Il souligne plutôt l’irresponsabilité et le rejet de l’homme au don gratuit du salut.
La beauté de la fin des temps se trouvent dans le fait que la fin donne des limites qui ordonnent à leur tour la forme de la réalité de l’histoire. Sans  la limite ou sans la fin, la vie n’est pas complète. Accepter la fin c’est s’ouvrir à la rencontre véritable avec Dieu, le maître du temps. Il en va de même lorsque on accepte ses limites, on s’ouvre à la maturité parce que ses limites-là nous amènent à la rencontre et à la relation avec autrui qui comble nos limites avec ses richesses. Parce que la vie comme un don ne nous appartient pas, mais appartient à Dieu, nous sommes appelés à donner la vie pour les autres parce qu’ils ont le droit de rencontrer Dieu et de posséder l’avenir.




RIRE AU JOUR A VENIR

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Entre le présent et le futur, l’aujourd’hui et demain, s’installe dans notre existence, une sorte de trou noir qui absorbe toute notre énergie.  Ce trou noir est en fait notre inquiétude. L’avenir nous préoccupe et c’est clair. Parce que nous ne vivons pas seulement pour aujourd’hui à la manière épicurienne, que l’on cherche à tout prix à prédominer l’angoisse de l’avenir. Le travail y trouve sa place.  Le mot travailler (en latin laborarer) au début s’associe plus au mot labourer dans milieu agriculture. On laboure la terre en espérant qu’elle puisse faire produire en abondance ce qu’on va y planter. La richesse se décline donc normalement du travail, elle a la raison d’être en tant que fruits de nos peines de travail.
Jésus dans le passage de l’évangile de ce dimanche ne critique pas la richesse, ni les riches, ni non plus la pratique de don ou de quêtes dans le culte. Il veut remettre le sens de la richesse à sa place. Où est-elle ? Pour nous y amener, Jésus profitait des  habitudes que tout le monde de son temps pouvait observer dans le temple. C’est vraiment normal de voir les scribes se promener en longues robes, recevoir les salutations sur les places publiques et occuper les premières places publiques dans le festin et dans les synagogues. Ces habitudes sont normales parce que dans une société quelconque chacun a son rôle social à jouer. Jésus ne le conteste point, mais ce qui n’est pas normal de ce rôle qui fait objet de sa critique virulente. Dans son observation ce rôle a été instrumentalisé pour l’intérêt des scribes. Il frappe dur alors lorsqu’il disait qu’il fallait se garder  de scribes qui, ayant leur  rôle, dévorent les biens des veuves (cf. Mc 12, 38-40). Il y a le détournement, brève la corruption. Jésus dévoile justement ce qui est caché.
Sa diagnostique se poursuit avec une autre observation, celle de la fréquentation de la foule au tronc du Trésor. Dans l’enceinte du Temple juif jadis, se trouvait la salle du Trésor équipée d’un tronc extérieur pour recevoir les offrandes. Ils avaient beau voir des gens mettre les offrandes, il y a une personne qui échappait à leurs yeux. C’était une veuve pauvre, peut-être faisant partie des pauvres, ils n’étaient plus à l’affut de sa présence dans le temple. Elle est survenue discrètement mettre ses deux piécettes d’argent. Cette discrétion attirait l’attention de Jésus au moment où son discours précédent aboutissait à la découverte du criminel et de la victime de l’injustice des scribes. La victime est la veuve. Elle devient maintenant le centre d’attention et le point de repère : voyant la veuve, Jésus dit « En vérité, en vérité, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous ceux qui avaient mis dans le Trésor ». Quantitativement, ça ne va pas. Jésus explique le pourquoi. « Elle don de son indigence, de ce qu’elle avait pour vivre, alors que les autres mettent de leur superflu » ( Mc 12,43-44).
Jésus, je le crois bien, renverse discrètement le sens du Trésor. Ce dernier n’est pas une boîte, ni une caisse, ni un édifice de don ou de richesse Le Trésor cette fois ci est Dieu lui-même. Pour Jésus, ce qui compte le plus c’est le cœur de celui qui donne et non pas la quantité. Il corrige l’attitude qui consiste à se faire remarquer. La veuve a montré comment on doit entretenir une relation véritable avec Dieu, c’est de se confier totalement en Lui, de lui donner tout ce que l’on a pour vivre.  C'est-à-dire tout ce qui nous  est chère. Cela dit que l’on doit dépasser nos angoisses ou nos inquiétudes de l’avenir en se jetant dans les bras de Dieu, comme Abraham lors du sacrifice d’Isaac : Dieu pourvoit tout ! Il faut nous dessaisir de nous-mêmes. Le trou noir doit  être recouvert par notre foi en Lui.
Pour moi, la veuve met en scène la figure de la femme maitresse dont parle le livre de proverbes. « Force et dignité forment son vêtement, elle rit au jour à venir » (Pr 31,25). La veuve n’est pas vêtue de la belle ou de la longue robe, mais de la dignité et de la force grâce à sa foi en Dieu. Rire est un acte de foi. Dans le monde marqué par la prédominance de la quête de la richesse et du pouvoir, la foi coûte chère ; comme si l’avenir était conquise par l’intelligence de l’homme. L’avenir ne nous appartient pas. Il appartient à Dieu d’abord. La foi nous fait peiner aujourd’hui, mais elle nous fait rire au jour à venir. L’avenir est un don qu’il faut demander avec la foi. (Tardelly,sx)





se mettre en route
La route, quelle que soit la condition, est accessible pour celui qui peut voir. L’homme,  dit-on, est un pèlerin, homme viator, parce qu’il se met en route. Il ne trouve le sens de sa vie qu’en se mettant en route, qu’en allant et découvrir le monde et autre, et qu’en se dépassant de soi-même. Il  est un être transcendent parce qu’il est capable de se transcender, c’est-à dire de se mettre en route.
L’évangile de ce dimanche nous fait face à un Barthimée, un mendiant aveugle qui était assis au bord de la route. Il n’a pas d’accès à la route parce qu’il était aveugle. Sa vie dépende des autres,  et c’est pour cela qu’il mendiait. Rester au bord du chemin nous informe un fait. C’est celui de l’exclusion et du rejet. Il n’a d’accès que lorsque quelqu’un vient le conduire sur la route.  C’est un autre qui peut le relever de l’exclusion.  Cette dépendance se montre claire lorsque Jésus y passait. Barthimée, ayant appris que c’était Jésus – on suppose qu’il aurait entendu parlé de lui - criait et appellait Jésus. Son crie heurte l’exclusion de la masse de foule qui suivait Jésus. Elle voulait le faire taire. Toutefois, il continue à crier de plus belle « Jésus, Fils de David, prends pitié de moi ».
La réaction de Jésus est impressionnante.  Il entend le crie de l’aveugle, et il s’arrête. Il s’arrête pour changer la direction de la masse et même pour ouvrir la nouvelle route, c’est celle d’une attention passionnante de Dieu à l’égard des rejetés et des opprimés comme Barthimée. Le dialogue qui se poursuite n’est pas moins intéressant. Jésus lui pose cette question « qu’est-ce que tu veux que je fasse » ? Barthimée lui répond « Rabouni, que je recouvre la vue ». D’un seul instant il paraît qu’il s’agit d’une seule demande et que l’on trouve normal. Mais,  regardons bien la teneur de sa demande. Il appelle Jésus Rabouni, c'est-à-dire maître. Ceci dit qu’il souhait d’abord d’être le disciple de Jésus. Il veut suivre Jésus. Et après vient la demande de pouvoir recouvrir sa vue. Jésus répond et confirme tout de suite cette demande : « Va, ta foi t’a sauvé ».
Il est bien clair donc que l’on ne peut pas être sauvé et guéri sans tout d’abord être le disciple de Jésus, c'est-à-dire de l’imiter. Imiter Jésus signifie d’accepter la souffrance et d’y persévérer parce que Jésus lui-même a souffert jusqu’au bout. Avoir foi en lui signifie avoir la même espérance que Jésus que la main puissante de Dieu ne nous abandonne jamais. La foi en lui c’est une foi qui nous rende disciple, qui nous pousse toujours à nous mettre en route de l’amour. (Tardelly,sx) 



Le semeur c'est la parole semée

 Une pédagogie du coeur

Depuis des siècles, les relations humaines deviennent la source d’inspiration de l’art : de la poésie, de la pensée, de la réflexion, de chants et bien d’autres choses. Ceux-là, en fait, sont des mesures qui à la fois encadrent et délimitent jusqu’à quel point ces relation humaines sont exprimables. Le langage verbal, artistique ou musical sert à mesurer la qualité. De plus la qualité de relation est bonne, de plus son langage est beau ; de plus une relation révèle une vérité, de plus elle est attirante.
Jésus se servait des paraboles pour encadrer et mesurer la qualité de la relation qu’il entretenait avec ses auditeurs.  Elles sont des raccourcies cognitives et affectives pour arriver au sens profond de l’enseignement de Jésus. On se laisse mesurer lorsque l’on les écoute, en déchiffre le message, on se laisse interrogé par ce dernier.
La parabole du semeur dont nous parle l’évangile selon St. Marc vient après le discours sur la parenté de Jésus. Ce dernier a surpris la foule, ses auditeurs, spécifiquement ses familles proches. Pour Jésus, ne sont que ses frères et sa mère ceux qui font la volonté de Dieu son Père.
Cette parenté est expliquée davantage dans la parabole du semeur (Marc 4,1-9) dont l’explication est choisie dans la liturgie de ce dimanche. Jésus parle et enseigne la foule en parabole. C’est un procédé discursif très simple et familière à ses contemporains. La vérité est présentée et transmise moyennant des personnages ou des images connues de la quotidienne qui leur permettent à songer à la nature de cette vérité. Il ne s’agit pas d’établir ni délivrer une définition toute faite de la vérité, mais de la déchiffrer ou de la démonter  en pièces facile et accessible pour que à leur tour, les audiences peuvent la reconstituer.
Pour ses disciples, il y a un privilège. Jésus leur expliquait le sens de la parabole.  Le semeur (dans la Bible de Jérusalem) c’est toute une proposition : la parole qu’il (le semeur) sème. Autrement dit, le semeur est égal de la Parole semée. On peut en comprendre que la parenté est comme quelque chose à semer dans la terre. Ce qui est étonnant, la Parole n’est d’autre que sa vie toute entière donnée et plantée dans notre cœur. Le semeur, c’est Dieu qui s’est donné la vie pour nous. La Parole semée est tombée. Cela explique la gratuité du don de Dieu. Jésus prend contact avec tous les hommes et la leur donne sans aucune condition. Ce don suppose une attitude d’accueil de notre part, sans doute dans la liberté. Et voici Jésus déploie plus au moins quatre catégories des personnes qui expriment leur attitude de réception de manière différente.
D’abord, ceux qui rencontrent Dieu dans leur vie, mais ils ne l’écoutent pas. La parole de Dieu qu’ils écoutent, ils ne veulent pas entendre. Il est clair que cette présence divine s’efface rapidement vis-à-vis le pouvoir du mal. Ceux-là sont décrits comme le bord d’un chemin. Ensuite, il y a ceux qui sont comme le sol pierreux. Bien qu’ils accueillent Dieu, mais ils ne sont pas capables de faire de lui leur soutien vis-à-vis la souffrance et la persécution. Leur foi ne dure pas parce qu’ils ne préservent pas. Par conséquent,  la parole n’a pas de racine. Et puis, il existe ceux qui ont entendu la parole et se sont laissés planté par Dieu de la parole. Toutefois, à cause de la richesse du monde et des convoitises de tout genre, leur cœur est partagé et y est soumis. C’est pourquoi la parole de Dieu est étouffée et ne donne pas de fruit. Ceux-là sont comme la terre épineuse. Et enfin, il y a ceux qui sont une bonne terre qui accueillent la Parole, l’écoutent, la mettent en pratique et veulent pousser dans la souffrance, la tentation, et la persécution avec persévérance ; ils sont piqués et blessés même par la séduction de ce monde, mais ils ne sont pas affectés et restent fidèle à Dieu.
Il nous reste de nous demander de quelle catégorie nous faisons partie ? Ces quatre catégories sont d’une portée pédagogique. Elles désignent quelque part notre parcours à la suite du Christ. Puisque nous ne sommes pas parfaits, la plus part d’entre nous commencent peut-être de la première catégorie, et puis on s’avance à la deuxième, à la troisième et enfin à la quatrième. Ce qui est plus important c’est de ne pas rester dans une des trois premières catégories. Il nous faut nous convertir chaque jour et il nous faut labourer notre cœur chaque jour pour qu’elle devienne bonne et prête à accueillir Dieu dans notre vie. La parabole du semeur enfin de compte nous est une pédagogie de cœur.


Le déracinement

Le désir et la quête du bonheur appartient à tout homme, exprimés de façon différente d’une époque et d’une autre. L’histoire d’un jeune homme racontée dans l’évangile nous les rappelle. Nous sommes en face d’une réalité humaine : la tendance propre à l’homme de ne jamais se satisfaire de quoi que ce soit. L’idéologie du marche en profit et en fonde sa loi. L’homme par sa nature veut toujours quelque chose de plus. La loi ou les normes sont crées pour organiser mieux cette tendance et pour l’élever au niveau plus supérieur à travers le travail afin de l’empêcher d’être une force destructive. Les dix commandements  s’inscrivent dans cette logique, ainsi que d’autres lois humaines. Pourtant le désir ou la tendance humaine va toujours au-delà de ce que les lois prescrivent, voire les transgresser. En effet, la force de la liberté qui pousse cette tendance jusqu’à la transgression des limites normatives. 
se déraciner 
Il est bien vrai que one ne peut pas fonder notre vie  et la quête du bonheur sur la loi humaine parce qu’elle est partout inventée, faite ou existe postérieurement par rapport à l’existence du désir humain. Il faut donc quelque chose plus sûre, qui vient avant ou préexiste avant notre désir  humain. C’est l’amour même de Dieu. La quête du bonheur sans  Dieu est une quête sans avenir et sans repère. 
Jésus admire le bon conduit et mieux encore la perfection du jeune homme. L’évangéliste de Marc nous rapporte ceci « Jésus le regarda et l’aima. ». Ce geste, à mon sens, manifeste le respect du Seigneur à la liberté du jeune homme. De même qu’il  fait attention à l’importance de son désir, de même Jésus respecte notre liberté et notre quête du bonheur. Après le mouvement des Hippies des années 60, on sent le besoin plus fort de comprendre nos jeunes, surtout leurs aspirations, leurs envies, leurs rêves, bref, leur liberté. Les jeunes ont joué beaucoup de rôles importants dans la transformation de nos sociétés modernes. L’attitude accueillante de Jésus met en question la notre.  Il est souvent qu’à cause de notre façon de vivre que nos la vie de nos jeunes fait le naufrage. C’est parce qu’on n’est plus fidèle à notre mariage, que notre foyer perd sa fonction comme lieu d’identification de nos enfants. Le divorce explique souvent la présence de tendances homosexuelles chez nos jeunes. Ils perdent la figure d’un papa et d’une maman, chacun avec son propre et véritable rôle. La cause principale c’est que notre foyer n’est pas vraiment fondé par amour. Souvent dans notre société, c’est le contrat, c’est l’intérêt égoïste de chacun qui fonde nos familles. On cherche à tout prix donc à gagner l’argent, la richesse au détriment  de notre temps pour l’autre, pour nos familles. 
Jésus invite le  jeune homme à vendre ce qu’il possède pour pouvoir acquérir au bonheur véritable. Il le demande, parce que Lui-même il a déjà abandonné les siens pour vivre le véritable amour avec les autres : les pécheurs, les prostitués, les malades, les opprimés. Le partage ou la charité est les mains et les pieds même de l’amour. Dans une famille fondée par le matérialisme et l’égoïsme, les enfants n’arrivent pas à comprendre le sens du partage. Le partage est un langage du bonheur. Il n’est qu’un partage parce qu’il est gratuit et sans condition. Jésus l’a montré jusqu’à la croix. 
Dans notre monde hédonistique et égoïste, c’est très facile de trouver les jeunes qui se plongent dans l’alcoolisme, les drogues, la prostitution et d’autres types de perversions. Certains sont pourtant les victimes d’une société qui ne donne plus la place au partage. Tout est mesuré et acheté. Le problème que nos frères européens affrontent actuellement, celui de la mesure d’austérité ne privilège trop l’importance du partage. C’est plutôt l’équilibre que ce système cherche. Donc on est dans un système, et non dans la logique de l’amour. Parce qu’il n’y a pas de gratuité,  il n’y a plus de justice. Les faibles dans ce combat économique, n’ont d’autres choix que prendre la raccourci : voler, se prostituer, se transexualiser, etc, pour pouvoir avoir le pain quotidien. Notre monde, croyez-moi, ne se tient que par le partage. 
Partager, c’est très dur à faire. C’est comme un arbre déraciné pour pouvoir être planté dans un autre champ afin de donner des nouveaux fruits. Pour terminer, je cite Simone Weil, notre philosophe qui a lutté pour le partage lorsqu’elle parlait du déracinement : « …les arbres, contre toute apparence, plongent leur racines dans le ciel car ils tiennent de la lumière l’énergie dont ils ont besoin pour se foncer dans la terre. Si l’homme est réellement une plante céleste, c’est par sa double appartenance, au ciel et à la terre ». Donc, le bonheur n’est possible par cette double appartenance.  (tardelly)

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