Quand on est petit, son univers d’enfance est quelque part habité aussi par des images fantasmagoriques comme celles de fantômes. Ils sont l’héritage de la croyance traditionnelle aux esprits qui s’exprime d’une manière quasi pédagogique, parfois on en fait composantes des interdits. Mon enfance était marquée aussi par ce genre d’interdit. Les « ineweu », en ma langue (de Flores) sont des fantômes féminins dont les longes seins font peur. Elles sont prêtes à avaler les petits enfants qui osent sortir le soir surtout pour ceux qui sortent lorsqu’il y a le brouillage après la pluie. C’est une manière d’éduquer les enfants que l’espace de jeux s’étend seulement de l’après midi aux couchant du soleil et après cela il leur faut rester à la maison et faire d’autres choses.

Le voici au troisième dimanche de pâque, nous lisons un autre épisode d’apparitions de Jésus aux disciples. Jésus se tient au milieu des disciples qui étaient en train de suivre le témoignage de deux disciples d’Emaus après la rencontre de ces derniers avec Jésus lui-même lors de la fraction du pain précédée d’un parcours inconscient de l’Ecritures. Leur rencontre avec le ressuscité se complètera avec celle de la communauté des disciples.

La reconnaissance de la présence du Ressuscité ne s’arrête pas à une expérience personnelle ou limitée à un petit group sinon dans le partage à l’intérieur de leur communauté. Jésus apparaît de nouveau lorsqu’ils sont en train de raconter leur expérience aux onze apôtres. Le partage de cette rencontre, ainsi que celle de Pierre ou bien celle d’autres disciples devient un nouveau lieu de l’apparition de Jésus.

Apparu de manière surprenante, Jésus leur adresse cette salutation : « Paix à vous ». Ceci leur rappelle la mission de soixante douze (10,45). Encore une fois ils ne reconnaissent pas tout de suite Jésus ressuscité. Pire encore, cette difficulté n’et due qu’à leur doute. Lorsque Jésus leur reproche l’incroyance et leur rappelle les paroles qu’il leur avait dites, ils commencent à saisir sa présence. Ces paroles étaient cachées par leur peur. Elles sont maintenant restituées à la place qu’elles doivent, c’est celle de contenir la présence du Ressuscité. Seul le retour constant aux paroles de Jésus qui rend possible la rencontre avec son corps ressuscité.

« Ils pensaient voir un esprit ». Cette phrase est bien significative. Cela décrit la situation de la première communauté chrétienne qui cherche à actualiser les paroles de l’Evangile dans les différentes situations et des nouveaux défis qu’elle affronte entre outre la résistance de la philosophie grecque contre la foi en la résurrection, des questionnement venant des milieux païens, etc. Ils sont appelés à se référer à Jésus, lorsqu’elle ne voit pas clair sa présence ou qu’elle perd le repère. Cela nous montre aussi son dynamisme. « Ils pensaient voir un esprit » est une symbolique d’un discernement lequel devient le fondement de sa croissance parce que l’Esprit du Ressuscité qui la dispose pour pouvoir être toujours une nouvelle réponse aux questionnements de leurs contemporains.

«Vous en êtes tous témoins ». Comme les disciples, nous sommes tous témoins de la résurrection. Nous sommes témoins de la puissance de la parole du crucifié. « Paix soit avec vous » ; oui…c’est la paix que cette parole nous engendre et que nous devons annoncer. Ce que nous annonçons c’est le fait que nous vivons par la parole. Elle nous devient le critère de lire et d’interpréter notre histoire. C’est Dieu lui-même qui est déjà devenu homme et a pris corps en son fils Jésus et encore ce même Jésus ressuscité qui prend corps en ses paroles. Vivre par la parole c’est devenir le véritable homme. (Tardelly,SX)


La tuerie de Toulouse nous vraiment préoccupe. On s’imagine si l’assassin nous vise comme ses prochains objets de chasse. Quelle horreur ! La mort est un arrêt, pas seulement dans la mesure où ’elle est une coupure de la vie, mais aussi en tant qu’elle se fonctionne comme un appel d’arrêter toute sorte des préoccupations pour se jeter ou se concentrer sur la réalité de la mort avec toutes ses conséquences dans tous les dimensions. Ainsi que les français mettent en pause unanimement toutes les campagnes électorales pour le respect des victimes de la tuerie et pour mettre en terme la menace qui en est produite.

Devant la mort nous sommes toujours angoissés. Personne ne peut la maîtriser. A la limite, les hommes avec toutes leurs institutions s’organisent pour que la mort ne soit pas un meurtre, ni massacre et non plus violence contagieuse et publique. C’est exactement ce qui arrive aux disciples. Après la mort tragique de Jésus, ils s’enferment dans une maison close dont les portes et les fenêtres tout verrouillées. Eux aussi ils craignent que la même mort ou le même meurtre leur attrape. Se trouvant ensemble encore une fois dans le cénacle là où Jésus avait fait son repas d’adieu, les disciples semblent affronter le moment le plus crucial dans leur vie. Il s’agit de continuer la confrérie ou bien de s’en quitter. Les signes en sont significatifs. Les portes et les fenêtres fermées à clé montrent à la fois échec et déception. On peut en penser à une suicidaire existentielle. En occurrence les disciples ne voient plus la raison de maintenir l’héritage qui semble bannie par la tragédie de la croix. Face au refus ou au fait d’être rejeté et abandonné, on a tendance de s’enfermer en soi-même. Le « moi » est le seul lieu où on se réfugie. Or ce dernier est blessé. En fait il n’en est jamais la solution. La maison fermée nous rappelle le tombeau vide. Quelque part chez les disciples, existe ce sentiment de « non plus vouloir exister » ; l’absence de la raison pour vivre en tant que communauté. Leur présence c’est plutôt en vue de mettre en terme leur vie ensemble, de se dire adieu. Quelle tristesse ! Toutefois, le fait de se réunir encore au cénacle leur permet quand même de faire mémoire de ce que Jésus faisait et vivait avec eux jusqu’à ce dernier lieu du quel la plus part d’entre eux l’avaient abandonné. Le cénacle leur est donc un portrait du testament de Jésus, non moins aussi un portrait de leur « mea culpa » qu’ils se sentent coupables de la mort de Jésus.

C’est sur cette mémoire blessée -quelque part par leur propre faute- que Jésus leur est apparu. Il est apparu là où ses paroles sont devenues chaires. Il apparaît là où existe encore la présence d’une mémoire à la quelle se tisse la rencontre même si cette mémoire est bien fragile. L’évangéliste Jean nous montre cette réalité : « Les disciples se réjouirent en voyant le Seigneur ». Le mot voir signifie contempler. Ils ont reconnu le corps ressuscité du Christ qui « vint et se tint au milieu d’eux » différemment de son corps terrestre grâce à cette mémoire guérie par cette salutation : « la paix soit avec vous ». Cette même paix qu’il a transmise lors de son discours d’adieu au lavement de pieds des disciples. Jésus ressuscité n’apparait pas donc dans l’absence de mémoire de la relation que nous entretenons avec lui. Ses paroles nous sont le véritable accès à la reconnaissance de sa présence, certifiée davantage par l’eucharistie que lui-même offre comme testament. Il appartient donc aux disciples de tracer la logique de foi à partir du tombeau vide dans lequel ils ne trouvent que les bandelettes et le linge jusque la présence surprenante de Jésus dans la maison close avec ses marques de la mort. Tous ces donnés leur donnent à croire qu’il est ressuscité et qu’il les fait ressusciter de la peur et de leur incrédulité. C’est pourquoi ensuite Jésus les envoie proclamer ce qu’ils voient. Il y a donc une grande transformation, de la peur à l’audace ; de la maison close à la maison ouverte au monde.

Pour Thomas, il est impossible de croire sans avoir vu. Sa foi n’est pas du tout une fois charbonnière. Cependant, elle annonce une foi qui cherche à comprendre et qui exprime aussi un désir et un vouloir de rencontrer. Il plaide à une continuité entre d’une part Jésus qui est mort et d’autre part Jésus qui est annoncé vivant par la revendication des touches à son côté et à ses mains. Toutefois, cette continuité est problématique parce qu’elle risque de se limiter à ceux qui l’ont vue. Que dira-t-on pour ceux qui ne la voient pas ? L’accès à Jésus, ne risque-t-il pas à se limiter ses contemporains et donc Jésus n’est ressuscité que une génération dans un moment de l’histoire parce que ceux là qui ont la maîtrise de la démonstration? Il n’en reste moins que la curiosité de Thomas appelle déjà à une réponse, à une intervention de Jésus. Chaque réponse par ailleurs nécessite une capacité de l’écoute. Donc s’inscrit dans l’incrédulité de Thomas un désir de rencontre qui ne sort pas sans doute du registre de croire.

Sur ce désir de rencontre que Jésus est apparu de nouveau. Il ne retient pas le refus de croire avec toutes ses motivations. Il parle et il réponde aux inquiétudes de Thomas. Par là on voit un mouvement du côté de Jésus de rencontrer Thomas. Son désir anticipe déjà sa disponibilité d’entendre. La foi commence donc par l’écoute. C’est la parole même de Jésus qui transforme la situation avant que celui-ci ne joue de la démonstration. Son incrédulité tient plus à son refus d’entendre le témoignage des disciples qu’à son absence. Ici, la primauté de la parole de Jésus et son écoute qui sont bien soulignées. De cette parole est née ensuite sa profession de foi. Thomas proclame : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Il attribue à Jésus deux titres, celui de foi et celui de qualité de la relation. Il proclame la seigneurie de Jésus et il affirme la relation qui s’en tisse : c’est la mode de relation je – Tu qui se crée. La rencontre avec le ressuscité n’est possible qu’à partir de la relation avec ses paroles qui nous donnent à voir et à croire parce que ses paroles et son corps ressuscité sont une seule réalité. Nous sommes parlants parce qu’historiques. L’historicité de notre existence humaine tient au fait que nous sommes habités par la parole de l’amour de Dieu de la quelle tout a existé. Croire à la résurrection est en fin de compte de dire oui à la vie. (Tardelly,sx – Yaoundé 15 avril 2012)

Habiter Dieu

Pour une star ou une vedette, ou bien un personnage public et politique, la présence des foules et des fans devient presque une nécessité. Leur présence qui définit ce qu’elle est, et parfois ce qu’elle devrait être. Elle a besoin des foules pour pouvoir affirmer le rôle qu’elle joue et les effets qui en découlent. Le cri, les mains tendues avec la demande de signature, et des blitz de cameras de quatre coins la font penser que le monde peut se réduire seule dans son univers. Tout les détails de sa vie sont l’objet de curiosité parce que sur elle sont projettes des rêves, des imaginaires et parfois des intérêts des foules. Chacun construit en elle sa personne idéalisée et se veut lui semblable. Dans notre culture pop, le pouvoir médiatique stimule et renforce davantage le désir d’être étoile, le centre de tout regard. Le studio, le tapis rouge, le podium, les tribunes peuplées par la foule sont son destin. Tout ce qu’y porte la vedette devient objet de désir et de repère. C’est pourquoi pour généralement, les vedettes sont présentes avec des habilles luxueuses. Elles nous sont étoiles parce que en réalité tous ces objet nous restent « étoiles dans nos imaginaires », parce que la plus part d’entre nous n’arrivent pas à atteindre à leur niveau.

Non sur un tapis rouge, ni avec le char de guerre avec le cortège d’autorité et de sécurité, mais plutôt sur les rameaux, les manteaux des pauvres gens et avec le pauvre ânon que Jésus entre à Jérusalem. Cet accueil chaleureux est surprenant. Jésus n’a désigné à ses deux disciples que pour préparer un ânon, pas pour ressembler la foule, même s’il est conscient du désir de cette dernière de le voir. Mais il ne peut pas empêcher ceux qui ont vu ses disciples détacher l’ânon d’organiser l’accueil.

La foule est un rassemblement sans identité. Il est très difficile de reconnaitre qui est ami et qui est ennemie. Seul l’évangéliste St. Jean qui nous informe l’identité de cette foule. Parmi elle se trouvent ceux qui étaient avec Jésus lorsque celui-ci ressuscitait Lazare à Béthanie (cf. Jn 12, 17). On peut dire que Jésus décide à la fois à se montrer et se cacher. L’ânon lui sert justement à identifier ceux qui vraiment le cherchent et l’aiment de manière sérieuse et sans intérêt. C’est ceux-là qui peuvent identifier et reconnaître l’identité cachée de celui qui monte sur l’ânon. Cependant ceux qui veulent l’arrêter, se privent de cette connaissance. Jésus veut combler ce désir d’une manière extrêmement inattendue tout en sachant l’enjeu de la mission qu’il faut bien accomplir.

En montant sur un anon, Jésus fait rapprocher dans l’imaginaire de cette foule, leur espérance et celle de Jésus. Il fait allusion en même temps dans leur mémoire la fameuse conquête de Jéricho faite par Josué. Son entrée, pour ceux qui comprennent la mission de Jésus, inaugure une nouvelle ère. Si par violence et avec le cortège de guerrière que Josué et les israélites ont réussi à occuper la terre promise, maintenant par la non-violence, la simplicité, l’humilité et par le nom même de Dieu que Jésus amène un nouveau peuple d’alliance à la terre promise, à la nouvelle cité de David. La terre promise reste un don. Elle n’est pas le fruit d’une conquête humaine, ni un terrain à occuper. Elle est le fruit d’un don de soi de Dieu qui nous sera bientôt manifesté sur la croix. Par sa souffrance et sa mort sur la croix, Jésus nous amène tous à une véritable qui sera désormais ni un lieu ni une place paradisiaque, mais plutôt le cœur même de Dieu. Il nous fait habiter la vie de Dieu, dans la communion de son amour souffrant et libérant. La croix est la porte d’entrée à la nouvelle cité de David qui est l’amour sans condition de Dieu. Descendant aux enfers, cet amour nous libère du péché, et nous vide du mal. Habiter Dieu c’est habiter le désir même de Jésus, pas le nôtre, de faire un monde une seule famille où tous deviennent frères et sœurs. (Tardelly, SX – Cameroun 01/04/2012)

Blogger Template by Blogcrowds