la foi, l’œuvre, la raison

 Notre liturgie de ce premier dimanche de carême est marquée par l’appel ou l’élection définitive de nos catéchumènes en vu du baptême qu’ils recevront à la veille pascal. Le temps de carême nous fait revivre les quarante années de l’itinéraire d’Israël à travers le désert. C’est une aventure douloureuse qui nous rappelle la longue marche des hommes en quête de l’avenir, c'est-à-dire le bonheur. Les lectures de 5 dimanches nous mettent au cœur du mystère de ce temps : la rencontre avec Dieu en Jésus notre avenir. Les premières lectures de tous ces dimanches nous rappellent la montée de l’humanité vers cet avenir qui est la Pâques du Christ, en commençant avec l’histoire d’alliance, celle des patriarches et celle des prophètes. On sent que toute l’humanité languit à toucher par la main cet avenir. Les lectures des évangiles se répartissent en deux séries. La première série couvre deux premiers dimanche, mettant en scène les récits du jeûne de Jésus et de la transfiguration. La deuxième série concerne normalement ce que l’on appelle les évangiles des « scrutins » comme préparation du baptême. Les catéchumènes sont invités à s’identifier à la Samaritaine (qui a soif de l’eau vive), à l’aveugle née (qui attend l’illumination) et à Lazare (qui attend la libération de la mort).
Entrons donc le message clé de l’évangile de ce premier dimanche (Lc 4,1-13). Saint Luc nous dit qu’après son baptême, Jésus, poussé par l’Esprit, jeûna pendant quarante jours au désert, et il fut tenté par le démon. Le baptême de Jésus, ne le privait pas des tentations. Son baptême, par contré, l’a mis à la porte des tentations, mais non sans armés. Le baptême lui a permis d’y faire face. Nous avons écouté qu’il y a trois tentations. La première, c’est « vivre aux bras croisés », c'est-à-dire de pas travailler. Satan dit « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir le pain ».  L’acte d’ordonner ou de commander est un acte qui n’engage pas le sujet dans sa réalisation. Ordonner c’est parfois s’assoir aux bras croisés. La deuxième tentation, c’est le pouvoir ou la force à dominer ou avoir pris sur les autres. Pour ce faire, on cherche à justifier tous les moyen possibles même s’ils ne sont pas bon, par exemple, la corruption, la tricherie, le truquage, etc.. Le but ultime de cette quête du pouvoir c’est qu’on soit l’objet d’adoration. « Tout le pouvoir du monde te sera donne, si tu te prosternes devant moi ». C’est presque un culte de célébrité. La troisième tentation c’est « vivre la foi sans raison ou avec une raison manipulatoire ». Notre foi en Dieu ne s’oppose pas à la raison. Dieu nous donne la raison pour pouvoir vivre et survivre. Vivre la foi sans raison c’est croire aveuglement. Il ne suffit pas par exemple, de passer des heures de prier sans faire marcher la raison avec la quelle on devrait bien travailler pour gagner le pain quotidien.
Face à ces trois tentations, les réponses de Jésus sont claires.  A la première tentation, Jésus s’oppose en mettant en valeur la vertu du travail. L’homme doit travailler, mais pas pour travailler, ni seulement pour le pain ou ses besoins physiques, mais aussi pour son bonheur. Or le bonheur nécessite aussi la nourriture spirituelle, qui est celle de l’écoute de la Parole de Dieu. On ne peut pas écouter la voix du Seigneur, si on ne sait pas se calmer ; on ne peut pas non plus comprendre sa Parole si on ne lit jamais la Bible. Le temps de carême nous invite à investir le temps nécessaire pour la prière et la méditation de la parole de Dieu.
A la deuxième tentation, Jésus s’oppose en donnant le vrai sens du pouvoir qui est la responsabilité et le service. On est grand quand on est disponible à servir sans condition et gratuitement. Le carême nous invite à se mettre au service des ceux qui sont dans le besoin, les plus petit de nos frères, les pauvres, les malades, les marginaux de notre milieu. A la troisième tentation, Jésus s’oppose en faisant appel à une foi vécue avec la raison. On ne respect pas Dieu en vivant une foi aveugle. Au contraire, on le respect mieux si on met en œuvre la raison illuminée par la foi. Il ne suffit pas de faire la novene  pour se dégager de la grippe, du mal au ventre, ou du cancer. Il faut les soigner au dispensaire, il faut aller voir les médecins. La prière nous aide à persévérer dans la douleur pour enfin guérir.
On peut résumer les trois oppositions de Jésus aux tentations du démon en trois  mots clés : « la foi, l’ouvre et la raison ». La foi doit être nourrie par la prière et par l’écoute de la parole de Dieu. Cette foi, à son tour va nourrir l’œuvre, c'est-à-dire notre travail. Notre jeûne nous demande à continuer à travailler comme une expression d’amour envers Dieu et envers nous même. La même foi va illuminer la raison pour pouvoir discerner le bien et le mal. Nous savons que le mal ou le démon peut se parer  ou s’orner des couleurs du bien. La confession est le moyen extraordinaire pour dévoiler le mal et les mensonges dans notre vie. Ces trois mots clés sont donc les trois efforts qu’il faut mener dans notre combat contre le mal, le combat qui a lieu surtout dans notre vie intérieur, dans notre cœur. Prière, jeûne et la charité comme doivent être vécu avec ces trois attitudes pour bien célébrer la Pâques.
Pour nous les chrétiens, enfin, le véritable exorcisme c’est notre baptême. Pourquoi ? Parce que Jésus a vaincu le mal en obéissant à Dieu jusqu’à la croix. L’évangile nous dit que le démon s’éloigne, prend fuite jusqu’au moment fixé pour le tenter. On verra dans l’épisode de Gethsémani où Jésus est en peu hésité d’accomplir sa mission. Il sera tenté même jusqu’aux dernières minutes lorsque le soldat lui demandera de descendre de la croix, ce qui lui est très possible. Mais, il a choisi à aimer Dieu jusqu’au bout de feu. C’est la grâce que nous dévons demander : la fidélité de croire en Jésus notre seul avenir dans notre combat contre le mal de chaque jour. N’ayez pas peur du démon, parce que Dieu est avec nous comme nous dit le psaume 90 « Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ; je le défends, car il connaît mon nom. Il m’appelle, et moi, je lui réponds ; je suis avec lui dans son épreuve ». Je vous souhaite une très bonne aventure pour ce temps de carême.  (Tardelly,sx)

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