La tuerie de Toulouse nous vraiment préoccupe. On s’imagine si l’assassin nous vise comme ses prochains objets de chasse. Quelle horreur ! La mort est un arrêt, pas seulement dans la mesure où ’elle est une coupure de la vie, mais aussi en tant qu’elle se fonctionne comme un appel d’arrêter toute sorte des préoccupations pour se jeter ou se concentrer sur la réalité de la mort avec toutes ses conséquences dans tous les dimensions. Ainsi que les français mettent en pause unanimement toutes les campagnes électorales pour le respect des victimes de la tuerie et pour mettre en terme la menace qui en est produite.

Devant la mort nous sommes toujours angoissés. Personne ne peut la maîtriser. A la limite, les hommes avec toutes leurs institutions s’organisent pour que la mort ne soit pas un meurtre, ni massacre et non plus violence contagieuse et publique. C’est exactement ce qui arrive aux disciples. Après la mort tragique de Jésus, ils s’enferment dans une maison close dont les portes et les fenêtres tout verrouillées. Eux aussi ils craignent que la même mort ou le même meurtre leur attrape. Se trouvant ensemble encore une fois dans le cénacle là où Jésus avait fait son repas d’adieu, les disciples semblent affronter le moment le plus crucial dans leur vie. Il s’agit de continuer la confrérie ou bien de s’en quitter. Les signes en sont significatifs. Les portes et les fenêtres fermées à clé montrent à la fois échec et déception. On peut en penser à une suicidaire existentielle. En occurrence les disciples ne voient plus la raison de maintenir l’héritage qui semble bannie par la tragédie de la croix. Face au refus ou au fait d’être rejeté et abandonné, on a tendance de s’enfermer en soi-même. Le « moi » est le seul lieu où on se réfugie. Or ce dernier est blessé. En fait il n’en est jamais la solution. La maison fermée nous rappelle le tombeau vide. Quelque part chez les disciples, existe ce sentiment de « non plus vouloir exister » ; l’absence de la raison pour vivre en tant que communauté. Leur présence c’est plutôt en vue de mettre en terme leur vie ensemble, de se dire adieu. Quelle tristesse ! Toutefois, le fait de se réunir encore au cénacle leur permet quand même de faire mémoire de ce que Jésus faisait et vivait avec eux jusqu’à ce dernier lieu du quel la plus part d’entre eux l’avaient abandonné. Le cénacle leur est donc un portrait du testament de Jésus, non moins aussi un portrait de leur « mea culpa » qu’ils se sentent coupables de la mort de Jésus.

C’est sur cette mémoire blessée -quelque part par leur propre faute- que Jésus leur est apparu. Il est apparu là où ses paroles sont devenues chaires. Il apparaît là où existe encore la présence d’une mémoire à la quelle se tisse la rencontre même si cette mémoire est bien fragile. L’évangéliste Jean nous montre cette réalité : « Les disciples se réjouirent en voyant le Seigneur ». Le mot voir signifie contempler. Ils ont reconnu le corps ressuscité du Christ qui « vint et se tint au milieu d’eux » différemment de son corps terrestre grâce à cette mémoire guérie par cette salutation : « la paix soit avec vous ». Cette même paix qu’il a transmise lors de son discours d’adieu au lavement de pieds des disciples. Jésus ressuscité n’apparait pas donc dans l’absence de mémoire de la relation que nous entretenons avec lui. Ses paroles nous sont le véritable accès à la reconnaissance de sa présence, certifiée davantage par l’eucharistie que lui-même offre comme testament. Il appartient donc aux disciples de tracer la logique de foi à partir du tombeau vide dans lequel ils ne trouvent que les bandelettes et le linge jusque la présence surprenante de Jésus dans la maison close avec ses marques de la mort. Tous ces donnés leur donnent à croire qu’il est ressuscité et qu’il les fait ressusciter de la peur et de leur incrédulité. C’est pourquoi ensuite Jésus les envoie proclamer ce qu’ils voient. Il y a donc une grande transformation, de la peur à l’audace ; de la maison close à la maison ouverte au monde.

Pour Thomas, il est impossible de croire sans avoir vu. Sa foi n’est pas du tout une fois charbonnière. Cependant, elle annonce une foi qui cherche à comprendre et qui exprime aussi un désir et un vouloir de rencontrer. Il plaide à une continuité entre d’une part Jésus qui est mort et d’autre part Jésus qui est annoncé vivant par la revendication des touches à son côté et à ses mains. Toutefois, cette continuité est problématique parce qu’elle risque de se limiter à ceux qui l’ont vue. Que dira-t-on pour ceux qui ne la voient pas ? L’accès à Jésus, ne risque-t-il pas à se limiter ses contemporains et donc Jésus n’est ressuscité que une génération dans un moment de l’histoire parce que ceux là qui ont la maîtrise de la démonstration? Il n’en reste moins que la curiosité de Thomas appelle déjà à une réponse, à une intervention de Jésus. Chaque réponse par ailleurs nécessite une capacité de l’écoute. Donc s’inscrit dans l’incrédulité de Thomas un désir de rencontre qui ne sort pas sans doute du registre de croire.

Sur ce désir de rencontre que Jésus est apparu de nouveau. Il ne retient pas le refus de croire avec toutes ses motivations. Il parle et il réponde aux inquiétudes de Thomas. Par là on voit un mouvement du côté de Jésus de rencontrer Thomas. Son désir anticipe déjà sa disponibilité d’entendre. La foi commence donc par l’écoute. C’est la parole même de Jésus qui transforme la situation avant que celui-ci ne joue de la démonstration. Son incrédulité tient plus à son refus d’entendre le témoignage des disciples qu’à son absence. Ici, la primauté de la parole de Jésus et son écoute qui sont bien soulignées. De cette parole est née ensuite sa profession de foi. Thomas proclame : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Il attribue à Jésus deux titres, celui de foi et celui de qualité de la relation. Il proclame la seigneurie de Jésus et il affirme la relation qui s’en tisse : c’est la mode de relation je – Tu qui se crée. La rencontre avec le ressuscité n’est possible qu’à partir de la relation avec ses paroles qui nous donnent à voir et à croire parce que ses paroles et son corps ressuscité sont une seule réalité. Nous sommes parlants parce qu’historiques. L’historicité de notre existence humaine tient au fait que nous sommes habités par la parole de l’amour de Dieu de la quelle tout a existé. Croire à la résurrection est en fin de compte de dire oui à la vie. (Tardelly,sx – Yaoundé 15 avril 2012)

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