la joie de l'épouse, la joie du disciple

Ces derniers temps le problème de l'eau  nous éprouve régulièrement. Voir nos voisins ou nos amis parcourir pas mal de distances pour ensuite se ranger autour du puits est déjà presque un spectacle habituel. Peut-être on se souvient de l’adage assez connu à Yaoundé, l’eau c’est la vie, qui date depuis l’époque du Mgr. Zoa. L’eau est un élément important de notre subsistance.  Le manque d’eau nous inquiète, parce qu’il menace notre vie, la vitalité baisse et les maladies sont prêtes à la porte. La subsistance ne sert pas seulement à la survie, elle est élément incontestable de la célébration humaine, parce que la vie n’est pas seulement à vivre mais aussi à célébrer. Cela dit, à travers la fête, les noces par exemple, on donne le sens à la vie.
Dans le pays de Jésus, le vin fait partie de la subsistance importante de la vie des juifs.  Il est partie intégrante aussi de leur festivité. On ne peut pas organiser la fête sans la présence du vin en nombre et en qualité. Aujourd’hui, le passage de l’évangile s’ouvre avec  un problème du manque de vin dans des noces à Cana, à la quelle Marie, mère de Jésus était invitée, ainsi que Jésus et ses disciples. Le fait que le nom de Marie est nommé le premier, montre un cas presque banal : les femmes sont invités parce qu’elles déterminent aussi la réussit d’une fête. Peut-être comme nos mamans aujourd’hui, elle était invitée pour donner un coup de main, soit à la cuisine.  C’est Marie, la première qui a remarqué ce problème. Normalement, dans une fête la solution d’un tel problème relève de la responsabilité du maître de fête. Donc Marie devrait lui en parler. Mais,  l’évangile nous raconte qu’elle est allée en parler à son fils Jésus. « Ils n’ont pas de vin », dit-elle. En fait, chez les juifs,  quand on exprime une demande, on ne fait pas sous forme d’interrogation, mais plutôt d’affirmation. Marie demande à Jésus de réagir ou d’intervenir.
La réponse de Jésus nous semble surprenante « Femme, que me veux-tu ? ». En notre langage on peut exprimer autrement par exemple : « Mais, maman, quel est ton problème ? »  Est-ce une attitude irrespectueuse ? Non, la réaction de Jésus est juste. Je crois, à cette scène là que l’évangéliste nous invite à déplacer notre attention d’une attention fixée au marié et au maitre de la fête à l’attention fixée à Marie et Jésus qui sont devenue maintenant la véritable maîtresse de la fête et le marié. Comment Marie devient-elle la maitresse ? Ella a confiance en Jésus, même si Jésus complétait sa réponse : « mon heure n’est pas encore venu » (dans le langage de l’évangéliste, l’heure c’est la mort de Jésus sur la croix par la quelle il glorifiera l’amour de Dieu pour nous. Marie commandait aux serviteurs « faites tout ce qu’il vous dira » ou bien « quoi qu’il dise, faites le » ! Marie est maitresse de la fête parce qu’elle est le premier des disciples ; elle a mis toute sa foi en Jésus. Elle a dépassé  peut-être la revendication de sa maternité. Elle a choisi d’être le disciple.
Justement l’évangéliste nous dit qu’il y avait là six jarres d’eau. Jésus demandait aux serviteurs à les remplir d’eau, quelque chose qui n’a pas trop de valeur dans la fête, peut-être parce on s’en habitue trop.  Ensuite il leur demandait de puiser et de porter au maître du repas.  Le miracle n’est pas tout de suite remarqué. Le maître et le marié ne savaient pas du tout de ce qui s’est passé. Ce sont des serviteurs qui allaient remarquer le changement de l’eau en vin. Ce miracle a traversé ou est passé par l’expérience des serviteurs qui, comme Marie, ont choisi de croire en Jésus. Cette fois ci, ils se passent de l’habitude, celle de mettre l’eau dans les jars destinée pour le rite de purification des juifs. Ils portaient l’eau fortement contenu de la Parole de Jésus, une parole de vie. Ils sont devenus ainsi les disciples de Jésus. Nous sentons donc jusqu’ici le message central de ce récit : devenir disciple de Jésus. C’est le mystère que nous célébrons aujourd’hui. Devenir disciple c’est comme Marie, sensible aux problèmes de l’autre ; elle et avec les serviteurs choisissent et les serviteurs, choisir à croire en Jésus et à sa Parole. Devenir disciple signifie avant tout  faire tout ce qu’il nous dit, c’est dire mettre en pratique sa parole. Mettre en pratique la parole ne se limite pas à pratiquer les dix commandements.  C’est un acte qui ne se contente ni de l’habitude de ni de la routine, mais qui s’ouvre tout d’abord au combat intérieur : «est-ce que mon acte, ma manière de penser et de sentir se conforment à celle de Jésus ». Il est donc un acte qui interroge l’habitude pour ensuite accueillir la nouveauté. La vie n’est pas une répétition, elle est toujours nouvelle.
Si vous suivez un peu d’actualité, nos frères et sœurs chrétiens en France ont fait récemment la grande manifestation contre le mariage pour tous (le mariage et le statut des parents adoptifs aux couples homosexuels.) On peut se dire, « ah la sorcellerie des blancs là ne nous concerne pas les africains!». Attendez, « le mal n’a pas de couleur ». Dans la société moderne, au nom de la liberté, tout est presque permis. Nos frères chrétiens en France se passent de l’habitude selon laquelle dans une société laïque les hommes sont groupés plus selon leurs tendances politiques que leur religion. Ils ont montré récemment qu’ils sont unis pour protéger la vie qui est en danger et que le christianisme joue toujours son rôle en tant que le spécialiste de l’humanité.  Nous avons de quoi réfléchir sur certains habitudes sur les quelles on ne s’interroge plus, surtout dans un pays comme le nôtre qui a adopté des lois civiles françaises.
La première lecture renforce davantage l’image d’un disciple. Le prophète Isaïe rappelle à Israël de sa relation avec Dieu, celle d’un marié et d’une épouse :
« On ne t’appellera plus : “Rejetée !”
On ne dira plus de ta terre : “L’abandonnée.”
Mais on t’appellera : “Mon-plaisir-est-en-elle”
et de ta terre on dira : “L’épousée”,
car Yahvé trouvera son plaisir en toi,
et ta terre aura un époux.
Celui qui te rebâtit t’épousera
comme un garçon épouse une vierge ;
(Is 62, 1-5)
On peut dire dans les noces de Cana,  chaque serviteur, grâce à leur foi est devenu vraiment le nouvel Israël, l’épouse.  Devenir disciple est donc témoigner de l’amour de Dieu.  Chaque véritable relation d’amour est une relation de type tripartite et non seulement bipartite. Une relation bipartite est limitée à deux personnes, entre deux sujets qui s’aiment et c’est tout. Or il y a quand même quelque chose d’objectif. Il faut accepter que notre relation s’inscrive dans une alliance dont nous ne sommes pas à l’origine. Cette alliance c’est l’amour de Dieu. La deuxième lecture nous rappelle : « chacun reçoit de l’Esprit un don de charisme » (1 Co 12, 4-11). Notre vie, n’est-elle pas fruit d’un amour de nos parents ? Il y va de même avec notre relation. La relation d’amour considère toujours le rôle d’un autre tiers. Il peut prendre plusieurs visages : il peut être Dieu, les enfants.  Il y a la dimension d’extériorité. Homme et femme aiment Dieu tout d’abord en s’aimant. Devenir les disciples témoigne donc de l’amour de Dieu qui s’extériorise et porte toujours de fruits. Que nous prenions plus de courage de prendre le même chemin que Marie et les serviteurs des noces : croire en Jésus pour pouvoir être porteur de l’amour infini du Père.  (Tardelly,sx)

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