celui que son coeur aime

Désirer Dieu, désirer l'autre

A nos yeux les chrétiens, le temps n’est pas une réalité dépourvue du sens, ou comme quelque chose d’arbitraire se glissant dans notre parcours humain. Par contre, il est doté du sens profond, c’est que le temps est sanctifié par Dieu qui fait partie de notre existence. On existe dans le temps. Notre existence est située dans le temps. Il forme ensemble avec l’espace la stature de notre identité humaine. Le temps, c’est Dieu qui l’a créé. Il va du commencement à sa fin. Donc il a des limites ou des contours. En amont, il y a le commencement et en aval la fin. Pourquoi ses limites ? C’est pour notre croissance : pour que nous soyons saints.  Dieu, lui, il n’a pas seulement créé le temps, il y est entré, s’y est incarné devenir notre semblable en son Fils Jésus Christ.  Son incarnation est soumise à la facticité de notre existence, dans sa faiblesse et dans ses limites. Toute fois, il souffle dans notre temps, c'est-à-dire dans notre histoire, son Esprit, qui est devenu l’âme de notre histoire.
Les discours de Jésus sur la fin des temps sont souvent lus au terme de l’année liturgique (Luc 21,25-28.34-38) même au début de l’année liturgique dont  le temps de l’avent. Il parle d’un langage apocalyptique qui fait souvent peur. Pourtant, c’est une façon de parler, et même dans la plume des évangélistes il est un genre littéraire, mais qui inspiré par la situation qui les a affectés. L’évocation du nom d’une certaines nombres de choses comme le soleil, la lune et les étoiles, nous rappelle la création. Elle projette aussi à la création nouvelle.  Jésus aurait été bien affecté par la situation que connaissaient ses contemporaines en Palestine. Elle pourrait se traduire dans l’angoisse face à la présence des occupants romains et à l’instabilité politique orchestrée quelque part par le system religieux sur place. Jésus par ses discours voulait avertir ses disciples des risques ou des conséquences d’être ses  disciples. Pourquoi ?  Il a entrepris  un projet de mettre en ordre le véritable rapport entre Dieu et les hommes : par ses prédications et par ses actes.  L’épisode où Jésus chassait les marchands au temple montre clairement qu’il est un nouveau temple. Le temple n’est plus un édifice mais la personne de Dieu lui-même. En disant « détruisez ce temple et en trois jours je le construirai » (Jn 2,19), Jésus déclare le nouvel ordre, la nouvelle création. Eh bien, il sera mis à mort. Les disciples vont comprendre plus tard le sens de cette mort. Elle est à la fois l’inauguration de la fin des temps et la déclaration de la nouvelle création.
Les discours apocalyptiques invitent tous les disciples à se laisser affecter ou concerner par les situations qui les entourent. Devenir chrétien ne peut pas ne pas être affecté par l’injustice, l’oppression, l’absence de la paix. Cette préoccupation a un double tranchant. D’une part, elle signale la maturité d’un chrétien en ce sens qu’il contribue à instaurer la paix, la justice et la dignité de l’homme. D’autre part, cette préoccupation l’amène au martyr parce qu’il met en question le mal.  Jésus nous invite à ne pas passer notre temps pour rien, sans lui donner un sens. Il nous invite à sanctifier notre temps par notre témoignage de foi jusqu’à martyre. Il nous encourage de ne pas avoir peur de situations que nous connaissons aujourd’hui : la souffrance, la menace à la paix, l’injustice. Il nous demande de nous dresser la tête, c'est-à-dire de les vivre dans la foi et l’espérance. Cette même foi et espérance qui nous poussent plutôt à agir et à contribuer à trouver les résolutions. Nous n’affrontons pas des telles situations à la manière des sectes millénaristes. Ces derniers au lieu de les affronter, les évitent dans la croyance aveugle de la fin des temps dont ils ont mal compris le sens.  Le temps de l’avent est un temps de désirer Dieu comme un amoureux désirant de rencontrer celle que son cœur aime. Désirer Dieu c’est désirer  de rencontrer les frères parce que nous découvrons Dieu en eux. La méditation sur la fin des temps nous dispose à vivre la maturité chrétienne dans l’amour sans condition à Dieu et à nos frères et sœurs. Accueillir la fin des temps c’est dénoncer le mal qui empêche une fin heureuse. Vivre le temps de l’avent comme l’attente de la venue du Sauveur c’est capable de découvrir sa présence dans les plus petits de frères, les rejetés de nos sociétés. (Tardelly,sx)


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