RIRE AU JOUR A VENIR



RIRE AU JOUR A VENIR

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Entre le présent et le futur, l’aujourd’hui et demain, s’installe dans notre existence, une sorte de trou noir qui absorbe toute notre énergie.  Ce trou noir est en fait notre inquiétude. L’avenir nous préoccupe et c’est clair. Parce que nous ne vivons pas seulement pour aujourd’hui à la manière épicurienne, que l’on cherche à tout prix à prédominer l’angoisse de l’avenir. Le travail y trouve sa place.  Le mot travailler (en latin laborarer) au début s’associe plus au mot labourer dans milieu agriculture. On laboure la terre en espérant qu’elle puisse faire produire en abondance ce qu’on va y planter. La richesse se décline donc normalement du travail, elle a la raison d’être en tant que fruits de nos peines de travail.
Jésus dans le passage de l’évangile de ce dimanche ne critique pas la richesse, ni les riches, ni non plus la pratique de don ou de quêtes dans le culte. Il veut remettre le sens de la richesse à sa place. Où est-elle ? Pour nous y amener, Jésus profitait des  habitudes que tout le monde de son temps pouvait observer dans le temple. C’est vraiment normal de voir les scribes se promener en longues robes, recevoir les salutations sur les places publiques et occuper les premières places publiques dans le festin et dans les synagogues. Ces habitudes sont normales parce que dans une société quelconque chacun a son rôle social à jouer. Jésus ne le conteste point, mais ce qui n’est pas normal de ce rôle qui fait objet de sa critique virulente. Dans son observation ce rôle a été instrumentalisé pour l’intérêt des scribes. Il frappe dur alors lorsqu’il disait qu’il fallait se garder  de scribes qui, ayant leur  rôle, dévorent les biens des veuves (cf. Mc 12, 38-40). Il y a le détournement, brève la corruption. Jésus dévoile justement ce qui est caché.
Sa diagnostique se poursuit avec une autre observation, celle de la fréquentation de la foule au tronc du Trésor. Dans l’enceinte du Temple juif jadis, se trouvait la salle du Trésor équipée d’un tronc extérieur pour recevoir les offrandes. Ils avaient beau voir des gens mettre les offrandes, il y a une personne qui échappait à leurs yeux. C’était une veuve pauvre, peut-être faisant partie des pauvres, ils n’étaient plus à l’affut de sa présence dans le temple. Elle est survenue discrètement mettre ses deux piécettes d’argent. Cette discrétion attirait l’attention de Jésus au moment où son discours précédent aboutissait à la découverte du criminel et de la victime de l’injustice des scribes. La victime est la veuve. Elle devient maintenant le centre d’attention et le point de repère : voyant la veuve, Jésus dit « En vérité, en vérité, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous ceux qui avaient mis dans le Trésor ». Quantitativement, ça ne va pas. Jésus explique le pourquoi. « Elle don de son indigence, de ce qu’elle avait pour vivre, alors que les autres mettent de leur superflu » ( Mc 12,43-44).
Jésus, je le crois bien, renverse discrètement le sens du Trésor. Ce dernier n’est pas une boîte, ni une caisse, ni un édifice de don ou de richesse Le Trésor cette fois ci est Dieu lui-même. Pour Jésus, ce qui compte le plus c’est le cœur de celui qui donne et non pas la quantité. Il corrige l’attitude qui consiste à se faire remarquer. La veuve a montré comment on doit entretenir une relation véritable avec Dieu, c’est de se confier totalement en Lui, de lui donner tout ce que l’on a pour vivre.  C'est-à-dire tout ce qui nous  est chère. Cela dit que l’on doit dépasser nos angoisses ou nos inquiétudes de l’avenir en se jetant dans les bras de Dieu, comme Abraham lors du sacrifice d’Isaac : Dieu pourvoit tout ! Il faut nous dessaisir de nous-mêmes. Le trou noir doit  être recouvert par notre foi en Lui.
Pour moi, la veuve met en scène la figure de la femme maitresse dont parle le livre de proverbes. « Force et dignité forment son vêtement, elle rit au jour à venir » (Pr 31,25). La veuve n’est pas vêtue de la belle ou de la longue robe, mais de la dignité et de la force grâce à sa foi en Dieu. Rire est un acte de foi. Dans le monde marqué par la prédominance de la quête de la richesse et du pouvoir, la foi coûte chère ; comme si l’avenir était conquise par l’intelligence de l’homme. L’avenir ne nous appartient pas. Il appartient à Dieu d’abord. La foi nous fait peiner aujourd’hui, mais elle nous fait rire au jour à venir. L’avenir est un don qu’il faut demander avec la foi. (Tardelly,sx)

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