La gratuité et la magie

Quand on était petit, une partie de notre vie fut peuplée de plusieurs personnages de différentes contes et histoires des héros ainsi que leurs ennemies. Le film français les mots bleues surtout dans la scène où la maman aidait sa fille après que celle-ci avait eu un cauchemar, à identifier fantômes qu’elle aurait vu en lui montrant quelques poupées fantomatiques qui représentent chacune son caractère. Satan, fantômes accompagnent notre pauvre compréhension du mal et se dressent comme une partie intégrante de l’interdit murmurée aux oreilles par nos mamans et papas. La différente manière de les dessiner ou des les décrire manifestent quelque part notre difficulté de comprendre la réalité du mal qui nous dépasse. Sans vouloir nier leur existence, disons que Satan est plus une réalité du mal personnifié qu’un être à notre semblable. Le mal est en fait une conséquence de notre liberté. Ce dernier tend par sa nature vers le bien. Notre refus ne nous affirme pas seulement que nous sommes libres mais aussi nous montre que ce choix voit le jour grâce à nous. La présence du mal c’est nous qui la voulons.

Le récit sur la tentation au désert nous introduit au temps de carême, mais surtout nous initie à la découverte de nous-mêmes. Ici l’évangéliste raconte Jésus poussé par l’Esprit au désert aussitôt après son baptême. Il y restait quarante jours et fut tenté par Satan. Et il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient. Par cette petite introduction au ministère de Jésus, Marc veut nous dire qu’affrontera Jésus pendant toute sa vie et quel sera son destin.

Poussé par l’Esprit signifie que ce que Jésus vient de vivre, c'est-à-dire son baptême, qui le met à la disposition de vivre sa mission. Pour ce faire il faut se préparer. « Tu es mon fils bien aimé, tu as toute ma faveur », c’est l’affirmation solennelle de son identité révélée par son Père. Conscient de la vérité qu’il est aimé et que cet amour qui l’a rendu Fils, il est parti au désert pour prendre un temps de retrait. Ce fut un temps de se retirer de lui-même, de prendre la distance entre ce qu’il désirait, ce que peut-être ses contemporains attendaient de lui et les mettre en question devant le vaste projet de son Père. Le désert, d’après moi manifeste le vaste projet de Dieu et aussi le vaste projet de notre liberté qui se rencontrent dans un combat sans merci. L’Evangile selon St. Luc décrit de manière plus détaillée ce combat.

Quarante jours, la duré de son séjour nous rappelle l’itinéraire historique du peuple Israël pendant laquelle ce peuple faisait preuve à leur choix d’être ce qu’il est ; Israël c’est se battre contre Dieu. Elle est l’histoire de trahison et de fidélité, une tragédie de la révolte et du merci. Et Dieu y reste depuis toujours comme Il reste toujours auprès de nous même lorsque nous le refusons.

Saint Marc par cette brève introduction au ministère de Jésus signale à ses destinataires de voir la présence continue de Satan, c'est-à-dire la présence massive de la tentation pendant toute la vie de Jésus, même jusqu’à la croix lorsque les gens se moquaient de lui en lui demandant de descendre de cette croix. C’est par amour qu’il commence et c’est par amour qu’il va finir. Le temps de carême nous révèle une pédagogie divine. Se renoncer et se priver des mauvaises habitudes ou de notre égoïsme, c’est entrer dans la gratuité de Dieu. C’est cette gratuité qui nous pousse de le faire. L’amour pour Dieu doit être la primauté de nos renoncements sans quoi on ne reste que des consommateurs de la magie. On pense quo on peut acheter cet amour par nos attitudes religieux.

Le destin de la mission de Jésus s’avère d’une grande réussite telle que représentent les bêtes sauvages et les anges. Le fait que Lui peut cohabiter avec les bêtes sauvages signifie que le mal sera banni. Les anges qui le servaient nous montrent combien nous sommes toujours dans la protection de Dieu, dans l’abri de sa gratuité providentielle. Devant cette gratuité, la maxime de Sartre, je suis la liberté, ne compte plus. La liberté de Dieu qui nous possède et qui rend la nôtre libre. Tardelly,sx


La présence d’un lépreux nous paraît gênante ainsi que les personnes avec des maladies contagieuses. Personne n’en veut être contaminé. Imaginons si cette maladie un jour nous attrape ; que sentons-nous ? Nous maudissons-nous nous même ? La question qui pourrait se poser : quelle est notre faute ? Pourquoi devons-nous en souffrir et pourquoi nous et pas les autres ? Tous ces questionnements nous permettent d’entrer dans l’univers du lépreux dont parle l’Evangile venant auprès de Jésus, le supplier en s’agenouillant et demande ceci à Jésus « Si tu veux, tu peux me purifier ». Bien entendu ce souhait est accompagné de douleurs, d’une blessure jamais guérie touchants la terre où il s’agenouillait et d’une blessure sociale parce que telle maladie tel que ses contemporains crurent est du au péché. Donc sa souffrance est double. On peut comprendre finalement le sens de sa demande : Il demande d’être purifié, qui couvre à la fois cette double souffrance.

Partout les lépreux sont marginalisés, on les installe loin de la population. Ils sont en quelque sorte expulsés de la société ambiante. Depuis le temps de Jésus jusqu’à nous jours on les voit tenter de gagner leur vie en mendiant auprès des Eglises ou des temples religieux. Si on leur donne quelque chose on ne la donne jamais aux mains nues ou de manière telle qu’on touche leur corps. Les infirmières dans les léproseries se servent des gants spéciaux pour se protéger lorsqu’ils les soignent. Or l’Evangile nous raconte que Jésus face à la demande du lépreux, étendit la main, le toucha. Ces gestes sont précédés d’une émotion. L’Evangile écrit qu’il est « ému de compassion ». D’autre tradition postérieur traduisit qu’il est « en colère ». C’est difficile d’expliquer pourquoi Jésus se met en colère. On peut dire qu’une chose ou une personne gênante peut créer à la fois ces deux sentiments colère et compassion. Jésus serait en colère parce que comme nous autres on n’aime pas que quelqu’un barre nos routes ou empêche nos pas, nos programmes. Toutefois, en voyant l’état de la personne en question, Jésus est bien ému de compassion. Il s’est laissé d’abord purifié par le regard du lépreux ; par son visage douloureux. C’est ainsi que la pleure des malades coule sur la joue de Dieu. De son cœur purifié qu’il à son tour purifie le lépreux. Il le touche sans rien à craindre, il étend la main pour l’embrasser. Ses gestes d’amour s’affirment par sa réponse : « Oui, je veux que tu sois purifié ». Ce vouloir et ces gestes libèrent et transforment le lépreux. Il n’est plus délaissé, il est revenu à la vie d’une personne humaine. Le « tu » de la parole de Jésus lui est adressée définit sa dignité comme homme et avant tout comme enfant de Dieu, parce qu’il est en même temps libéré de ses péchés.

Il est intéressant de remarquer l’autre effet qui se produit chez le lépreux guéri. Même si Jésus lui demande de ne raconter à personne ce qui lui est arrivé et d’offrir aux prêtres l’offrande nécessaire selon que le prescrit la loi de Moïse, il est allé annoncer aux gens de sa ville tout ce qu’il a vécu. Il n’a pas été décrit qu’il est allé offrir l’offrande d’expiation. L’auteur de cet évangile veut nous dire que la véritable rencontre avec Jésus et la guérison qui provient de lui transforme totalement notre vie. Il nous fait dépasser l’attitude religieuse à une attitude de foi. L’une et l’autre sont bien différentes. La première se caractérise souvent par une logique commerciale : je fais les devoirs ou les obligations religieuses pour avoir la grâce comme récompense comme si ce dernier était quelque chose qu’on peut acheter avec nos bons comportements ou nos observances à la loi. La deuxième attitude bien au contraire est marquée par la gratuité. Etant conscient que Dieu l’aime gratuitement, nul ne l’empêche de parler de Dieu et d’annoncer sa vérité. Nous sommes plongés dans l’adhésion à beaucoup de choses. Un homme de foi dépasse la loi, parce qu’il est poussé par la vérité de l’amour qui ne peut pas nous empêcher être à notre tour le visage visible de Celui qui aime les malades et les faibles avec bonté sans condition. La vérité n’est jamais une chose qu’on peut posséder, mais elle est une personne. Donc laissons-nous possédés par elle qui rien d’autre que Jésus lui-même.

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